Olympique Lyonnais : folie des grandeurs ou grande vadrouille ?
De simples béquilles appuyées sur un mur symbolisent les difficultés de Lyon depuis le début de saison. Après la claque reçue samedi dernier, pour la der à Gerland en Ligue 1, contre Angers SCO (0-2), Nabil Fekir a rejoint ses coéquipiers pour les soutenir dans l'adversité. Mais, depuis sa rupture des ligaments croisés du genou en septembre, le tout jeune international français fait banquette. Et devra patienter jusqu'au printemps prochain pour trottiner de nouveau sur un terrain de Tola-Vologe, le centre d'entraînement proche de Gerland. L'absence d'un seul homme peut-elle expliquer à elle seule toutes les difficultés rencontrées par une équipe qui enchaîne les contre-performances ? Malgré tout le talent du Villeurbannais, son absence prolongée n'explique pas la situation de crise que traverse en ce moment cet OL sans aile.
Au-delà des problèmes d'ego dans le vestiaire ; du charisme chancelant d'un entraîneur, Hubert Fournier, en pleine tourmente et loin de faire l'unanimité dans l'effectif ; d'un recrutement à côté de la plaque ; sans oublier cette élimination prématurée sur la scène européenne, assaisonnée d'une vinaigrette amère en championnat, c'est bien le leadership du président Aulas qui, au bout de la lorgnette, paraît écorné. Surprenant pour un dirigeant de sa trempe, dont l'expérience dans le football de près de trente ans est un acquis non négligeable. "JMA" a-t-il perdu son flair légendaire ? Généralement droit dans ses bottes, le patron lyonnais n'a même plus son aplomb habituel pour répondre aux questions sur le gril médiatique.
Un recrutement sans rendement
Lui qui, depuis 1987 et son arrivée à la présidence de l'OL, n'a éjecté un entraîneur qu'à une seule reprise (Guy Stéphan en octobre 1996), a lancé un ultimatum à peine voilé à son coach actuel. "On va se réunir, parler, faire en sorte de faire jouer la réflexion et ne pas s'emballer, a déclaré le président lyonnais au micro de BeIn Sports. On a un match pour l'honneur en Ligue des Champions mercredi à Valence, puis à Paris dimanche. On est dans un planning qui mérite la réflexion, on ne prendra pas de décision à chaud. On va réfléchir de manière à essayer d'apporter des réponses." Seulement, le temps presse : l'inauguration du tout nouveau, tout beau Stade des Lumières, à Décines, est prévu début 2016. Demain, quoi ! Un démarrage en toc dans le nouvel écrin serait évidemment un mauvais message envoyé aux supporters, mais surtout aux investisseurs, présents et futurs.
Là où Jean-Michel Aulas a clairement perdu la main - les bilans sportifs sont implacables -, c'est dans la gestion du recrutement. La cellule confiée à Florian Maurice est loin de porter ses fruits. L'arrivée de l'Espagnol Sergi Darder en est symptomatique : l'ancien milieu relayeur de Malaga n'a pas du tout le profil pour s'intégrer dans le groupe. Claudio Beauvue et Mapou Yanga-Mbiwa marchent à côté de leurs crampons. Rafael est transparent sur son flanc. Et, si la venue de Mathieu Valbuena aurait pu être le bon coup de l'été, l'affaire qui le concerne lui a coupé tout élan depuis plusieurs semaines. D'autant plus injuste que l'OL n'a, cette fois-ci, rien à voir avec ce dossier explosif. A se mettre la sextape contre les murs ! Les 30 millions d'euros dépensés à l'intersaison - de l'inédit depuis cinq ans ! - pour ces transferts ont déjà des airs de pertes sèches.
Juninho et Houllier à la rescousse ?
Alors que tout paraissait carré à Lyon, avec un organigramme rondement ficelé et une répartition des tâches en coulisses en relative harmonie, le bel équilibre semble partir à vau-l'eau. Obnubilé par son nouveau stade, le président Aulas a-t-il relâché, même inconsciemment, son autorité dans tous les rouages du club ? Possible. Pour la première fois, l'aura d'Aulas n'est plus aussi clinquante. Conscient d'un évident flottement et d'une situation de crise qu'il a rarement traversée, le patron de l'OL serait sur le point de faire appel à quelques symboles forts pour redresser la maison gone. Histoire de l'épauler. Notamment en réunissant au plus vite autour de lui Juninho et Gérard Houllier, capables d'amener par leur caution morale une légitimité retrouvée à l'ensemble. Pour le redressement sur le terrain, la balle est dans le camp des joueurs. En Ligue 1, Lyon, cinquième au classement, est loin d'être décroché, si l'on excepte l'hégémonie du PSG. Tout est encore jouable, dans la course à l'Europe, lors de la seconde partie de saison. Enfin une bonne nouvelle pour "JMA"...
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