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Liverpool-Real Madrid : d'un titre attendu à la déception d'une saison difficile, plongée dans l'union sacrée des fans de Liverpool

Liverpool ne pourra pas compter sur ses supporters à Anfield pour renverser le Real Madrid, mercredi soir en quart de finale retour de la Ligue des champions.
Article rédigé par Célia Sommer
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 8min

En ce moment, ils marchent seuls. Dans un stade d'Anfield désert en raison des restrictions sanitaires, les Reds affrontent le Real Madrid, mercredi 14 avril, lors du quart de finale retour de Ligue des champions. Dominés 3-1 en Espagne à l'aller la semaine passée, les joueurs de Jürgen Klopp auraient pourtant bien besoin du soutien de leur public.

Devant leur écran, les amoureux des Reds restent nombreux à pousser leur équipe malgré une saison difficile. C'est le cas de John Gibbons. Lorsque cet Anglais a gravi les marches d’Anfield pour la première fois, il avait à peine 8 ans. Aujourd’hui, il en a 39 et vit toujours à Liverpool. "Vous savez, ici on ne choisit pas vraiment l’équipe qu’on va supporter. Mon père était un grand fan des Reds, il m’a tout raconté sur le club", se remémore celui qui a créé un podcast sur son équipe préférée (The Anfield Wrap). Même s'il concède : "Cette année, nous espérions mieux après avoir remporté le titre en Premier League."

Comme tous les amoureux de Liverpool, John Gibbons attendait ce sacre en championnat depuis plus de trente ans. Il se demandait même si cela allait finir par arriver un jour. "Ça a été un vrai soulagement. La situation sanitaire nous a malheureusement empêchés de le fêter comme nous aurions dû, mais nous avons fait du mieux que nous pouvions", raconte-t-il. "À ce moment-là, nous espérions que ce serait la continuité d’une période en or pour le club. Malheureusement, beaucoup de choses ont empêché cela."

"Liverpool était programmé pour prendre la tête du championnat."

Maxime Demaux, 30 ans, supporte Liverpool depuis une vingtaine d’années. Ce jeune papa est tombé amoureux des Reds lorsque les matches étaient encore retransmis sur la chaîne TPS. Avec deux amis, il a, lui aussi, créé un podcast sur la vie du club (Kopains). Pour lui aussi, la déception est grande face à cette saison difficile : "Après deux exploits en l’espace de deux ans [le titre en Ligue des champions en 2019 et le titre en Premier League en 2020], Liverpool était programmé pour prendre la tête du championnat une deuxième fois. Avec toutes les cartes en main, cette équipe est intouchable. Mais les blessures se sont enchaînées [Van Dijk, Henderson, Jota, Gomez], le manque de leadership et d’inspiration sur le terrain s’est particulièrement fait ressentir. Le trio offensif – Salah, Mané, Firmino – a été contraint d’assurer tous les matches. Il s’est épuisé physiquement et s’est montré moins efficace". 

Le lien indéfectible entre les joueurs et leurs supporters

Outre cet enchaînement d'événements malheureux, il y a aussi la question des supporters. La communion fabuleuse entre les joueurs et leur public fait partie de la légende de ce club. Preuve en est : Liverpool compte 314 branches officielles d’associations de supporters (OLSC), étalées sur plus de 100 pays. Mais cette saison, à l’image d’autres grands clubs anglais et européens, les Reds sont contraints de disputer leurs matches à huis clos. Contraintes sanitaires obligent, Anfield n’a plus entendu son public communier sur les paroles de "You’ll never walk alone" depuis plusieurs mois.

Pour John Gibbons, l’absence des fans n’est pas étrangère au niveau de jeu des Reds : "À Liverpool, il y a depuis toujours un lien très fort entre les supporters et les joueurs. C’est un bénéfice réciproque : nous les encourageons et en échange ils nous procurent de la joie". 

Un constat partagé par Hadrien François, 27 ans, fan de Liverpool depuis sa naissance. Ce francilien au ton enjoué possède une cinquantaine de maillots de son équipe favorite. Dans sa famille, être supporter des Reds est une véritable tradition.  "Beaucoup d’équipes adverses sont intimidées par l’atmosphère qui règne habituellement à Anfield. Mais aujourd’hui, jouer à Liverpool n’a plus la même saveur", reconnait avec amertume le membre de l’association officielle des supporters français de Liverpool, Official Liverpool Supporters Clubs (OLSC). "Jürgen Klopp est un entraîneur qui fonctionne à 'l’affect' : le fait d’inclure dans son discours aux joueurs les milliers de supporters qui sont derrière eux au stade fait partie des choses qui pouvaient contribuer à les réveiller. Il y a un vrai problème de mental dans l’équipe, avec des joueurs qui ne sont plus au même niveau que les années précédentes."

Toutefois, il n’est pas question pour les supporters d’attribuer la responsabilité des mauvais résultats des Reds à Jürgen Klopp. Camélia Abdennbi Bohills, 34 ans, est fan de Liverpool depuis 1998 et la période Michael Owen. Originaire de Paris, la supportrice des Reds vit en Angleterre depuis huit ans avec son mari, un Anglais qui partage la même passion qu'elle. "Le deuxième amour de sa vie", s'amuse-t-elle à le surnommer. Elle est par ailleurs responsable communication de la branche française des supporters de Liverpool. Pour elle, cette communauté représente une seconde famille. "Les valeurs humaines que représente Jürgen Klopp sont extraordinaires. Il a tellement fait pour le club", insiste la jeune maman aux cheveux bruns. "Nous croyons toujours en lui et il a encore énormément à apporter."

Hadrien François accorde lui aussi une grande confiance au tacticien allemand : "Il est difficile de tirer un bilan sur une saison où la plupart des meilleurs joueurs ont été blessés. Klopp a toujours su trouver des solutions. N’oublions pas que Liverpool est éternel, il y aura un retour du club au meilleur niveau". 

"La crise sanitaire m’a fait réaliser à quel point ce club occupait une place importante dans ma vie"

Bien que déçus par cette saison, les fans n’ont pas encore complètement tiré un trait sur la Ligue des champions. Malgré la défaite de leur équipe 3-1 au match aller à Madrid, l’espoir d’une qualification en demi-finale mercredi 14 avril vit toujours. "Nous avons déjà battu de grandes équipes à Anfield. Il y a deux ans, il paraissait impossible de se qualifier contre Barcelone après la lourde défaite concédée au match aller. Mais on l’a fait. Cette équipe nous surprend sans cesse", espère Maxime Demaux, d’un naturel optimiste. "Si nos joueurs jouaient dans un stade plein, ils seraient portés par leurs supporters. Dans un stade vide, on peut espérer mais on est conscient que cela va être compliqué. Après, on y croit toujours en tant que supporter", nuance, légèrement rêveuse, Camélia Abdennbi Bohills. 

En attendant, John Gibbons espère pouvoir rapidement retourner à Anfield. Pourquoi pas, même, d’ici la fin de la saison. "La crise sanitaire m’a fait réaliser à quel point ce club occupait une place importante dans ma vie. Ne plus aller voir les matches en vrai, partager des émotions avec ses amis, crier, chanter sont des choses qui me manquent beaucoup. Il n’y a pas un jour où je n’y pense pas. À l’avenir, je me sentirai extrêmement chanceux quand je franchirai les portes du stade", conclut-il, nostalgique.

Camélia Abdennbi Bohills, quant à elle, vit à deux heures de Liverpool. Elle aussi, n’a qu’une seule hâte : retourner au stade et chanter avec les joueurs. "La saison est peut-être compliquée, mais la période que nous vivons est difficile pour tout le monde. Ce sont des êtres humains eux aussi, et malheureusement nous ne pouvons pas être présents pour eux", regrette-t-elle, d'un ton sincère. "Ils nous ont apporté tellement de bonheur ces dernières années. À l’heure actuelle, nous n’avons qu’une envie : leur dire un grand merci pour tout ce qu’ils ont fait."

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