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Ligue des champions : l'odyssée parisienne des supporters de Liverpool, débutée dans la joie et terminée dans le chaos

Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - Au stade de France
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Les supporters de Liverpool lors de la finale de la Ligue des champions contre le Real Madrid, le 28 mai 2022, au Stade de France (Seine-Saint-Denis). (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Les supporters de Liverpool étaient arrivés en nombre ces derniers jours à Paris pour assister à la finale de la C1. Ils ont vécu une longue soirée samedi, du fait notamment de gros problèmes d'accès au stade de France.

La désillusion est totale pour les supporters de Liverpool, samedi 28 mai. Battus en finale de la Ligue des champions par le Real Madrid au stade de France (0-1), les Reds viennent de passer à côté de la septième C1 de leur histoire. Déçus, les joueurs de Jürgen Klopp, déjà battus par le Real en 2018 à Kiev en finale de la compétition, quittent rapidement la pelouse. Abattus, les supporters anglais en font de même en désertant la plaine Saint-Denis, une conclusion amère d'une odyssée parisienne de plusieurs jours

Retour en arrière. Le périple en question démarre jeudi : une partie des 60 000 supporters anglais arrivent en avance, prêts à profiter de la nuit parisienne. Dès le vendredi matin, un internaute anglais s'inquiète sur les réseaux sociaux d'avoir perdu son père dans la soirée. Ce dernier, la soixantaine passée, s'est égaré dans les rues de la capitale. Après de nombreux appels à témoin, le supporter des Reds est retrouvé le vendredi après-midi… au bar "The Kop", dans le 18e arrondissement de Paris, au milieu de centaines de Scousers (supporters de Liverpool). Ils font de ce bar aux couleurs de Liverpool l'un de leurs points de ralliement dans la capitale.

A quelques heures de la finale, samedi, ils y sont encore nombreux. "Je n'ai pas dormi depuis trois jours", explique Amar, le gérant du bar, fervent supporter des Reds, impressionné par le nombre de Scousers présents dans les rues de la capitale et dans son établissement. "Vendredi, j'ai dû fermer à 17 heures parce qu'il y avait trop de gens sur les voies de tramway. Pour la finale, j'ai dû communiquer qu'on sera fermé, sinon il y aura trop de monde."

Une belle fête place de la Nation

La majorité des supporters des Reds se retrouvent plutôt, samedi après-midi, à l'autre bout de Paris, place de la Nation, pour accéder au cours de Vincennes. La municipalité y a installé la fan zone qui accueille la marée rouge et les 40 000 supporters ne possédant pas de places pour la finale. C'est le cas de Morgan, qui arrive avec ses amis de Birmingham, à 150 kilomètres de Liverpool : "On n'a pas réussi à acheter de places, il y avait trop de monde et c'était trop cher." Un de ses amis, une bière à la main et un coup dans le nez, n'en démord pas : "On va faire la fête ce soir place de la Bastille après la victoire de Liverpool !"

D'autres ont réussi à décrocher le fameux sésame, mais rejoignent leurs amis avant de prendre la route du stade de France. Alan, torse nu, profite du soleil et de la fête au pied du Triomphe de la République, une sculpture à proximité de la fan zone. "On vient de perdre la Premier League, mais on a déjà remporté deux trophées, donc pas de souci. Je pense qu'on va l'emporter ce soir, 4-2. Vous pouvez le noter, vous verrez", assure-t-il. Sur le parvis du Stade de France, Elliott, supporter de Liverpool d'une vingtaine d'années, optimiste, précise qu'en cas de succès, lui et sa petite amie Rebecca iront "fêter ça en boîte jusqu'à la fin de la nuit". Les supporters anglais ne se doutent pas encore de ce qu'ils vont vivre aux abords du stade de France.

Une organisation express insuffisante

La logistique, déjà complexe pour l'installation de la fan zone dans l'Est parisien, s'avère aussi problématique aux abords du Stade de France. Généralement, une ville a dix-huit mois pour organiser une finale de Ligue des champions. Après la décision de l'UEFA de retirer la finale à Saint-Pétersbourg à la suite de l'invasion russe en Ukraine, Paris n'en a eu que trois. Au moment de faire rentrer les fans dans l'enceinte de Saint-Denis, cela se ressent.

Le début de la finale doit même être repoussé de 36 minutes en raison de mouvements de foule autour du stade. Encore bloqués à 21 heures alors que la rencontre doit débuter, des centaines de supporters de Liverpool n'accèdent aux tribunes qu'à quelques minutes du coup d'envoi. Certains sont même visés par des gaz lacrymogènes. D'autres ont patienté deux heures devant la porte Z, fermée pendant un certain temps, avant de rejoindre les tribunes à la mi-temps. 

Enfin, des supporters de Liverpool sans billet, ainsi que des jeunes Franciliens forcent le filtrage des forces de l'ordre et escaladent les grilles du stade pour assister au match. Des réponses seront attendues sur ces manquements, alors que l'UEFA a dénoncé l'existence de faux billets.

La soirée tourne au vinaigre lorsque des affrontements épars éclatent. Un journaliste de L'Equipe explique sur le site du quotidien avoir été pris pour cible par "trois supporters" de Liverpool. Malgré la présence de plusieurs légendes des Reds dans le stade, comme Steven Gerrard, Michael Owen, Ian Rush, ou Kenny Dalglish, l'ambiance, saluée toute la journée par les supporters anglais, en prend un coup. 

Une fin de soirée plus calme

Les Reds s'inclinent ensuite sur le terrain, mais pas dans les tribunes. En dépit de la soirée difficile autour du stade de France comme sur la pelouse, les supporters anglais ont fait entendre leur voix. A cinq minutes de la fin du match, ils ont entamé leur mythique "You'll Never Walk Alone" ("Vous ne marcherez jamais seul"), pour soutenir leurs joueurs dans la défaite. 

La déception des supporters de Liverpool dans la fanzone cour de Vincennes à Paris, le 28 mai (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Après le match, des Scousers souhaitent marquer la fin de leur aventure parisienne par une soirée inoubliable passée dans les rues de la capitale. Finalement, entre les problèmes de transport, la défaite sur le terrain et les débordements avant et pendant la rencontre, la déception prend le dessus. Aux abords du bar "The Kop", vers deux heures du matin, l'ambiance est considérablement descendue. La fête devait se poursuivre toute la nuit. Elle est finalement gâchée.

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