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Ligue 1 - PSG: Le chantier d'Emery

Unai Emery a trois semaines pour remettre son équipe dans le sens de la marche avant le match retour contre le Real, le 6 mars au Parc des Princes. Premier épisode, la réception de Strasbourg demain (17h), où les Parisiens auront à cœur de laver l’affront de la défaite du match-aller (2-1, le 2 décembre dernier). Puis deux classicos contre un OM en pleine bourre (le 25 en ligue 1 et le 28 en Coupe de France, à Paris les deux fois). Problème, Unai Emery s’est fragilisé. Par ses choix lors du match contre le Real Madrid, il s’est peut-être mis une partie de son vestiaire à dos.
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L'entraîneur parisien dans la tourmente après ses choix contestés à Madrid mercredi. (ELYXANDRO CEGARRA / CROWDSPARK)

Mercredi soir, à Santiago Bernabéu, Unai Emery a fait des choix forts, avant et pendant le match. Le technicien Catalan a voulu montrer qu’il tenait son vestiaire d’une main de fer. En cas de victoire, ses choix auraient pu le renforcer, mais après le revers (3-1) et le naufrage du PSG en fin de match, c’est tout l’inverse. Ses choix d’avant-match, sur un plan strictement sportif sont (à peu près) cohérents et payants. Ses choix pendant le match, nettement moins.

Thiago Silva a été relégué sur le banc lors du choc contre le Real, coup dur pour le capitaine parisien. (CHRISTOPHE SIMON / AFP)

Les cadres au placard

La surprise de dernière minute du coach, c’est la titularisation du jeune Presnel Kimpembe, en lieu et place du capitaine emblématique du club, Thiago Silva. Kimpembe solide comme un rock, plus rapide, a fait le taff. Choix payant à première vue. Mais en négligeant Thiago Silva, Emery envoie un message clair à son capitaine. Il n’est pas à la hauteur de l’évènement. En ligue des champions, c’est la troisième roue du carrosse. Après cela il serait surprenant de le voir titulaire au match retour. Même problème pour Thiago Motta. Il a travaillé très dur les dernières semaines pour revenir en forme, pour être finalement placardisé. Pas couché sur la feuille de match. Assis chez lui. L’expérience, la science du placement, la lecture de jeu de l’Italien ont cruellement manqués devant la défense. Le talent incontestable de Giovanni Lo Celso ne pouvait suffire à combler son manque d’expérience, dans un match d’une telle intensité, particulièrement au poste de sentinelle et avec le pressing colossal des Madrilènes.

Di Maria condamné à être bon, en ligue 1 seulement

La MCN titulaire ? Le contraire aurait été surprenant de la part d’Emery, même si Di Maria est plus prolifique que Mbappe et Cavani en 2018. Ne pas titulariser l’Argentin en milieu de terrain ? Là encore rien de choquant, il n’a pas été utilisé à ce poste cette saison. C’est plus tard que le bât blesse. Tout le monde s’attend à le voir entrer sur le terrain aux alentours de la 70e minute, dans ce Bernabéu où il a si souvent brillé. Sa fraîcheur combinée à sa vista et sa patte gauche soyeuse auraient fait bien du mal à la défense madrilène. Il y a un an, le 14 février déjà, il avait crucifié à deux reprises le FC Barcelone de deux somptueuses frappes en lucarne de l’extérieur de la surface (dont une sur coup-franc). Les grands rendez-vous, il connaît.

Des changements au mieux surprenants, au pire catastrophiques

Au lieu de ça, le technicien catalan choisit de sortir Cavani (qui ne fait pas un mauvais match, il est juste privé de ballon) pour faire entrer Thomas Meunier, en arrière droit ! Donc trois repositionnements tactiques s’imposent, avec Mbappe dans l’axe, Dani Alves au milieu. Il choisit donc de bétonner la défense, pour essayer de tenir le score. Le défenseur belge prend totalement l’eau dans son couloir, d’où partent les deux actions des buts madrilènes.

Il attend la 84e minute pour le deuxième changement, Julian Draxler à la place de Lo Celso. Encore une fois il préfère un joueur en manque de rythme, peu, voire pas décisif cette année en ligue 1. Il ne l’utilise même pas à son poste de prédilection, il le préfère tout de même à Di Maria. Le troisième changement n’arrivera jamais. Di Maria rongera son frein sur le banc jusqu’à la fin du match, à côté de son compatriote Javier Pastore. Lui aussi, on l’aurait bien vu apporter sa magie en fin de la rencontre.

Di Maria (au centre) à l'échauffement mercredi soir ne rentrera finalement pas en jeu. (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Emery, doit sauver la face, et ce n’est pas gagné !

Thiago Silva sera probablement titulaire et capitaine demain. Mais il sait qu’il est la troisième roue du carrosse en ligue des champions. En désavouant son capitaine, Emery peut s’aliéner la compagnie brésilienne du PSG. Neymar ne le portait déjà pas dans son cœur. Thiago Motta, même s’il est réintégré au groupe, sait que son coach ne compte plus sur lui sur la scène européenne. Angel Di Maria, joueur le plus en vue en ligue 1 depuis janvier, est persona non grata en Champions League. Edinson Cavani, a vécu sa sortie à la soixantième minute comme une humiliation. Giovanni Lo Celso a passé une des pires soirées de sa vie. A lui de faire en sorte que ça ne freine pas sa jeune carrière.

Le travail chaotique du technicien parisien est maintenant de recoller les morceaux, et de conserver la confiance de ses cadres. Il a trois semaines pour justifier ses choix auprès de son vestiaire et recomposer l’équipe la plus performante possible, avec les états d’âmes et les rancœurs de chacun. Le premier élément de réponse c’est demain. Le onze titulaire face à Strasbourg sera une indication, le comportement des joueurs sur le terrain, une affirmation. Mais laquelle ? Une défaite au Parc des Princes contre Strasbourg, et plus encore contre Marseille, serait un véritable séisme. Pendant trois semaines, Emery n’a pas droit à l’erreur.

Des points positifs

Il y a tout de même des signes encourageants. Tout n’est pas à jeter dans ce match contre le Real, que Paris a dominé en partie. D’abord la jeune charnière centrale Marquinhos – Kimpembe, c’est du très solide. Même si le premier n’est pas exempt de tout reproche sur le second but, les deux hommes ont régné en maîtres dans la surface parisienne. Ensuite Yuri Berchiche. L’Espagnol qui a été préféré aux errances défensives de Layvin Kurzawa, n’avait pas d’expériences des grands matchs. Il a répondu présent, en verrouillant son couloir droit et en s’offrant même deux occasions en attaque. Enfin et surtout, Adrien Rabiot, le « Duc », a été rayonnant dans l'entrejeu. Inébranlable physiquement, il a été le seul du trident parisien à répondre à l’impact et au pressing madrilène. Son but a couronné un match de haut vol. Buteur contre Chelsea, Manchester City et le Real, ce n'est pas un hasard. Le titi parisien est devenu un grand.

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