Leipzig-PSG : entre équilibre et talent, le drôle de tango de Pochettino
Si le bilan comptable du Paris Saint-Germain est positif depuis le début de saison, son fond de jeu pose toujours question avant le déplacement à Leipzig mercredi.
Dix mois de mandat se sont écoulés mais son empreinte n'est toujours pas identifiable. À la veille d'un déplacement crucial à Leipzig, mercredi 3 novembre (21 heures), en phase de groupes de Ligue des champions, Mauricio Pochettino a encore dû répondre à des questions sur son projet de jeu en conférence de presse. Son Paris Saint-Germain a beau être confortablement installé en tête de la Ligue 1 et de son groupe de C1, il ne rassure pas à cause de ses victoires à l'arrachée, des absences fréquentes de ses cadres et de son manque de cohérence tactique sur le pré.
"Chaque match a sa complexité. Comme tout entraîneur je ne veux évidemment qu'améliorer les choses. Nous sommes toujours dans cette phase de progression. Il faut toujours une période d'adaptation pour que tout le monde fasse connaissance après l'arrivée des nouveaux joueurs cet été", a tempéré l'entraîneur argentin. Le 19 octobre, l'entraîneur argentin avait reconnu pour la première fois des "difficultés" pour son équipe, malgré la victoire renversante pour son premier face-à-face avec Leipzig (3-2).
L'art de ne pas trancher
Malmenée par le pressing des Allemands, elle s'en était miraculeusement sortie grâce aux fulgurances de Lionel Messi et de Kylian Mbappé. Pour le match retour, Paris ne pourra pas compter sur le premier, blessé, et n'aura pas l'excuse de la surprise face à un adversaire fraîchement affronté. En revanche, le club de la capitale pourra se servir de ce qui l'avait sauvé lors de ce fameux match, qui lui a de nouveau permis de gagner vendredi dernier contre Lille en Ligue 1 (2-1).
Lors de ces deux rencontres, Pochettino avait consenti à un changement de dispositif tactique pour trouver le remède aux maux de son équipe. Menés, les Parisiens étaient parvenus à deux reprises à renverser une situation compromise pour deux succès ô combien importants. En évoluant dans un système avec trois défenseurs centraux et deux joueurs de couloir en pistons, à la place d'une défense à quatre, le finaliste de la C1 2020 s'est donné de l'air et du liant pour mieux porter le danger. La tentation d'en faire une solution pérenne n'en est que plus grande au moment de retrouver la formation allemande, mercredi. Mais elle n'est pas sans risque.
Le 3-5-2 vu en fin de rencontre face au Losc a certes permis de libérer les ailes avec les entrées de Nuno Mendes et Colin Dagba pour porter le danger le long de la craie. En déplaçant le danger, Mauro Icardi, lui aussi entré en deuxième période, a pu profiter des espaces dans le cœur de la surface nordiste. Neymar, lui, est apparu transfiguré dans un jeu enfin ouvert, qui lui a permis d'exprimer sa créativité dans le bon tempo. Le Brésilien a sans doute livré ses meilleures minutes de l'exercice.
"4-3-3 ou 3-5-2 ? C'est bien d'avoir différentes options même pendant le match"
Ander Herreraen conférence de presse, après PSG - Leipzig (3-2)
Face à Leipzig au match aller, ce système avait permis de desserrer un peu l'étau du pressing allemand en offrant plus de possibilités de contre-attaque. "4-3-3 ou 3-5-2 ? C'est bien d'avoir différentes options même pendant le match", a expliqué le milieu de terrain espagnol Ander Herrera en conférence de presse. Il est dans l'air du temps de ne jamais trancher chez ce PSG. À l'image des interventions médiatiques de Pochettino, tout est calculé pour éviter les remous, quitte à installer un brouillard déplaisant.
"Je pense que les schémas tactiques ne sont que des points de référence, des dessins figés. Quand vous voyez la composition d'équipe, c'est statique. C'est pour ça que je n'aime pas trop en parler. Dans l'animation nous avons déjà joué plusieurs fois avec une ligne à trois. Mais il y a beaucoup de rotations dans le jeu et le football est complexe. On peut très bien décider d'aligner une défense à trois défenseurs centraux en début de match, mais ça dépend souvent de l'équipe et de la défense adverse. Nous voulons surtout beaucoup de flexibilité", a longuement développé l'entraîneur parisien, mardi, en prenant soin de ne surtout pas choisir.
"Le projet nous l'avons. Les idées, également."
De quoi entrer en résonance avec le style de son équipe, fuyant. Le technicien argentin a beau avoir dirigé 50 matchs officiels depuis son arrivée le 1er janvier, il n'a toujours pas réussi à donner un style identifiable à son équipe. Tous les trois jours, la même question lui est posée. Les réponses ne tombent pas malgré les reformulations. Le parterre de journalistes essaie d'utiliser d'autres mots pour enfin obtenir une réponse, mais Pochettino ne bouge pas d'une ligne.
À la veille de ce déplacement à Leipzig, il n'a tout simplement pas compris le sens de la question tellement elle était déguisée. "Je n'ai pas compris, j'ai besoin de toi mec", a-t-il lâché en regardant son adjoint et traducteur Miguel d'Agostino. Le journaliste a alors reposé la question. "Le projet nous l'avons. Les idées, également. On sait comment mettre tout ça en place. Construire une équipe ça demande plusieurs étapes et je ne veux pas entrer dans le détail de chacune des phases par lesquelles on doit passer. Nous travaillons et tout est clair, la philosophie et l'identité. Les résultats sont bons malgré les circonstances et on va s'améliorer", a rétorqué l'Argentin avec sa tiédeur caractéristique, serein parce qu'il sait que les résultats lui donnent raison. Mais jusqu'à quand ?
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