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Atletico Madrid-Bayern Munich : Diego Simeone, Pep Guardiola, duel de cerveaux

Atletico Madrid-Bayern Munich, une opposition de style symbolisée par les deux entraîneurs, Diego Simeone et Pep Guardiola. Si le jeu prôné par les deux hommes diffère, ils partagent quand même quelques points communs. Présentation.
Article rédigé par franceinfo
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Leur profil de joueur : Deux milieux influents

Guardiola et Simeone personnalisent le FC Barcelone et l’Atletico Madrid. Le premier a été le cerveau de la "Dream Team" de Johan Cruyff, le second, le cœur d’un Atletico Madrid qui a réalisé le doublé Coupe-championnat en 1996. Guardiola, appelé par Cruyff chez les pros alors qu’il végétait dans les équipes de jeunes, a été intronisé à 19 ans, plaque tournante des Catalans. Dans ce rôle de sentinelle du milieu de terrain, il était celui qui élaborait le jeu d’une équipe qui a tout gagné. Diego Simeone, lui, a fait ses classes en Argentine où il a appris la "grinta", cette rage qu’il a emportée avec lui sur les pelouses d’Europe. Lui était un numéro 6 défensif, celui qui gratte les ballons, harangue ses troupes, fait le pressing.

Guardiola, en 11 saisons en Catalogne, est devenue une légende, il n’en a fallu que trois à Simeone pour rentrer dans le cœur des Colchoneros – il y retournera deux saisons entre 2003 et 2005. Les deux hommes ont ensuite pris la direction de la Série A, à une époque où l’Italie régnait sur le foot européen. Mais pas pour la même destinée. Guardiola était en fin de carrière quand il a débarqué à Brescia en 2001, avant de jouer les utilités sous Capello à la Roma. Simeone, lui, a connu les grandes heures de l’Inter Milan (période Ronaldo) et de la Lazio Rome de Sven Goran-Eriksson.

Deux hommes qui aiment voyager

Les voyages forment la jeunesse dit-on, ils forment aussi les entraîneurs. Quand il quitte Barcelone, Guardiola sait déjà où il veut aller : il veut devenir entraîneur. Après sa retraite, il file au Mexique apprendre aux côtés de Juan Manuel Lillo dans le club des Dorados de Sinaloa. C’est le début de son voyage initiatique. Il rencontre, dissèque le football, le théorise avec Marcelo Bielsa, Ricardo La Volpe (sélectionneur du Mexique à l’époque), Cesar Luis Menotti. Il va apprendre en discutant avec ses légendes des bancs, avant de débuter officiellement sur celui du Barcelone B. Un an pour se préparer avant son lancement dans le grand bain en 2008. La suite on la connaît. Pour Simeone, le parcours est différent.

L’Argentin est moins théoricien que son homologue catalan. Lui va se former sur le tas. A la fin de sa carrière sur au Racing (Argentine) en 2005, il saute le pas et s’assoit sur le banc de l’équipe dès la saison suivante. Dans le difficile championnat argentin, il va multiplier les expériences (Racing, Estudiantes, River Plate, San Lorenzo) avant de s’envoler vers l’Europe. D’abord en Italie à Catane où il maintient l’équipe en Série A (2011), puis l’Atletico Madrid où il débarque en décembre 2011. Avant son arrivée à Madrid, Simeone ne restait pas plus d’une saison dans un club, parfois quelques mois. Chez les Colchoneros, il a trouvé sa place et construit son mythe au fil de ses succès. Il a rendu leur fierté aux supporters de l’Atletico et n’est pas prêt de partir. Guardiola, lui, croit au cycle des trois ans. S’il a fait quatre ans à Barcelone (une saison de trop selon lui), il s’apprête à quitter le Bayern après trois saisons pour filer à Manchester City.

Leur profil de coach : la possession contre la rigueur

Guardiola a un dogme. Unique. La possession, le contrôle du ballon. Quelque soit le match, quelque soit l’enjeu. "Les gars, tout ce que je veux, c’est qu’à la fin du match, on me dise que le Barça a joué au football. La seule chose que je ne veux pas qu’on perde ce soir, c’est notre identité. Bon match", avait-il déclaré avant la finale de Ligue des champions remportée par le FC Barcelone en 2009. Cette envie de possession lui est venue de son histoire avec Johan Cruyff, mais aussi de ses voyages et de ses rencontres. L’important est dans la maîtrise de tout : du ballon, de l’espace, du rythme du match. Cette maîtrise passe par le milieu de terrain. Elégant et virtuose à Barcelone, il l’a fait plus travailleur au Bayern avec Arturo Vidal, tout en gardant la touche technique avec Tiago Alcantara, Xabi Alonso. Au gré de ses expérimentations tactiques, il maintient ce dogme de la possession.

L’Atletico de Diego Simeone se distingue surtout pour sa culture défensive. Il a rendu ses Colchoneros hermétiques (16 buts encaissés en 35 matches de Liga cette saison). "Quand je suis arrivé dans ce club, je voulais que l'équipe devienne compliquer à jouer pour nos adversaires. On y est parvenu au fil des saisons et on arrive à maintenir ce niveau. L'équipe a conservé sa plus grande qualité : défendre en groupe. Ce n'est pas seulement le travail des défenseurs mais des attaquants aussi", a expliqué le technicien. Défense de fer, mais attaque de feu dans le sillage du Français Antoine Griezmann. Avec ses contre-attaques, l’Atletico possède une arme redoutable qui a déjà fait tomber le Barca en C1 ou le Real en championnat. Ce bloc si compact dans ses trente derniers mètres explose à toute vitesse pour se projeter devant la surface adverse. Et devant les buts, l’équipe sait faire preuve de technique et de talent pour trouver la faille.

Deux meneurs d’hommes

La scène, assez surréaliste, se déroule le 5 mars dernier au coup de sifflet final de la rencontre entre Dortmund et le Bayern Munich (0-0). Les Bavarois ont évité une défaite face à leur rival pour le titre et Guardiola peut être satisfait. Mais le Catalan traverse tout le terrain pour aller discuter avec son joueur, le jeune Joshua Kimmich. Milieu de terrain de formation, il a été aligné en défense centrale pour pallier les absences. Le ton de la discussion est enlevé, Guardiola gesticule, réprimande son joueur. Une mise au point tactique spectaculaire qui témoigne de l’intransigeance et du perfectionnisme du coach catalan. En conférence de presse, Guardiola expliquera son comportement : "J'adore ce mec, il a tout pour réussir. Je donne un conseil aux journalistes: ne dites plus que Kimmich ne peut pas jouer en défense".

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