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Reportage Football : "Tristes et en colère", les supporters de Sochaux, menacé de dépôt de bilan, retiennent leur souffle

Le club, monument du foot français, doit repasser jeudi devant la DNCG. Le gendarme financier du foot français a relégué administrativement le club en troisième division, à cause d'un déficit prévisionnel de 21 millions d'euros. Les supporters craignent désormais de voir leur club disparaître.
Article rédigé par Valentin Dunate
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Les supporters du Football Club de Sochaux-Montbéliard (FCSM) sont venus supporter les joueurs à l'entraînement puis ont défilé au centre-ville de Montbéliard, samedi dernier, pour manifester leur soutien à leur club. (LIONEL VADAM  / MAXPPP)

Toute une région retient son souffle : les supporters du Football Club Sochaux-Montbéliard (ou FCSM) en sauront bientôt plus sur l'avenir de leur club. Le FCSM repasse le jeudi 20 juillet devant la DNCG. Sochaux, 9e de ligue 2 la saison passée, a été rétrogradé administrativement en National 1 (la troisième division) par le gendarme financier du foot français en raison d'un déficit prévisionnel de 21 millions d'euros dans le budget. 

Le propriétaire chinois du club, le groupe immobilier Nenking, est prêt à céder le club pour 12 millions d'euros, rapporte dans un communiqué Nicolas Pacquot, député Renaissance du Doubs. 

"Ça devient intenable"

Les supporters doubistes s'inquiètent pour leur club, deux fois champion de France (1935, 1938). Ils craignent de le voir tout simplement disparaître du monde professionnel. "Ça devient intenable", soufle Pascal, 63 ans, fan des Lionceaux, quand Jean-Charles, son fils de 32 ans glisse : "Tous les quarts d'heure, toutes les vingt minutes, je regarde s'il y a du nouveau". 

Soutenir le FCSM, c'est une passion qui se transmet de génération en génération, avec comme point de départ l'usine Peugeot qui abrite le stade. "Je suis devenu vraiment supporter à l'âge de 13 ans, en 1973 et j'ai travaillé chez Peugeot de 1979 à 2020", raconte Pascal, qui y allait avec son père, et a ensuite ramené son fils "dans le landau". 

Peugeot a cédé le club en 2015. "Trop populaire" pour la marque automobile qui décide de le vendre à des investisseurs chinois. Le premier fait faillite, l'autre gère très mal les finances du club. "Je suis en colère, triste aussi, mais surtout en colère, lance Pascal qui rappelle "qu'on est le club qui a lancé le professionnalisme, et on va disparaître ! On n'a pas le droit, on n'a pas le droit !". Son fils Jean-Charles n'est pas très optimiste."Je pense qu'on commence gentiment à se faire à l'idée, avoue ce fan, mais on ne veut pas y croire encore".

12 millions d'euros pour sauver le FCSM

Désormais, le temps presse : les supporters, les habitants et les élus tentent donc par tous les moyens de trouver un repreneur qui voudra bien débourser 12 millions d'euros. Nicolas Pacquot, député Renaissance du Doubs, espère qu'une solution sera trouvée.

"Au-delà de toute la partie affective et émotionnelle autour d'un club de foot, c'est aussi une entreprise qui risque de licencier demain et ça, ce n'est jamais une bonne nouvelle pour un territoire".

Nicolas Pacquot, député Renaissance du Doubs

à franceinfo

"On est en résistance"

150 salariés travaillent pour le club, et le centre de formation, très réputé, risque également de disparaître, ce qui inquiète les jeunes, les parents, et les éducateurs. Le député Nicolas Pacquot a donc sollicité Olivier Becht, le ministre chargé du commerce extérieur "pour sauver de l'emploi, un club historique, je pense qu'un ministre n'est pas de trop", sauf que désormais, de nombreux supporters veulent avoir leur mot à dire. Cédric Lagler en fait partie.

Devant le stade Bonal, l'enceinte des Lionceaux, il montre le portrait d'Auguste Bonal, "symbole de la Résistance, malheureusement la résistance, on y est depuis quelques années maintenant", souffle ce fan. L’association "Sociochaux" dont il fait partie propose de faire du club une société coopérative, ou les "socios", les supporters, auraient des parts dans le club et pourraient "siéger au CA en apportant cet ancrage régional et ce dialogue qui ont manqué".

Preuve que les supporters ne lâchent pas leur club dans la tempête, ils étaient près de 3 000 le 14 juillet dans les tribunes de Bonal, mobilisés pour éviter que le FCSM ne coule définitivement. "Sochaux, c'est nous", rappelle une inscription sur les murs du stade.

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