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Football : relégué en National 1 et menacé de dépôt de bilan, Sochaux ne répond plus

Le club doubiste, deux fois champion de France, a vu sa relégation en N1 confirmée par la DNCG, mardi. Il se dirige inéluctablement vers un dépôt de bilan.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La détresse des joueurs sochaliens après une défaite contre Dijon, le 1er mai 2023. (JEAN-BAPTISTE BORNIER  / MAXPPP)

Un club historique au bord du gouffre. Rétrogradé en National 1 par la Direction nationale de contrôle de gestion (DNCG) le 28 juin dernier, le FC Sochaux-Montbéliard a vu cette sanction confirmée en appel, mardi 11 juillet. En cause, un trou de plusieurs millions d'euros dans les caisses du club, d'après les informations de France 3 Bourgogne-Franche-Comté

Sochaux avait encore un ultime recours pour sauver sa peau en Ligue 2, puisque le club pouvait saisir le CNOSF. L'instance était intervenue pour repêcher, l'été dernier, les Girondins de Bordeaux, eux aussi relégués en National. Mais les dirigeants sochaliens n'ont pas pu présenter la somme manquante, conditionnée à l'apport de nouveaux fonds par l'actionnaire majoritaire chinois Neking, devant la DNCG.

Comme le regrette le club sochalien dans son communiqué, le propriétaire, victime de l'affaissement du marché immobilier chinois, n'a pas apporté ces garanties. Le FCSM a certes comblé une partie de sa dette – initialement de 22 millions d'euros – en se séparant de 19 joueurs, mais cela n'a pas suffi à équilibrer ses comptes et à empêcher sa chute.

Vers les abysses du foot français

9e de la dernière Ligue 2 après avoir longtemps été en lice pour une montée dans l'élite, le club doubiste est passé de tout à rien. Deux fois champion de France (1935, 1938) et vainqueur de deux Coupes de France (1937, 2007), il a longtemps détenu le record de saisons disputées en Ligue 1 (66). Ce club formateur (les internationaux Ibrahima Konaté ou Marcus Thuram pour les plus récents), en L2 depuis 2014, est en passe de quitter le monde professionnel pour la première fois de son histoire.

L'avenir pourrait en effet s'inscrire bien plus bas pour Sochaux, sérieusement menacé de dépôt de bilan. Sans l'arrivée d'un repreneur fortuné prompt à remplir les caisses, le club ne pourra pas survivre en troisième division. "Le modèle de National 1 est un modèle sans recettes", expliquait à franceinfo: sport l'économiste Jean-Pascal Gayant, lorsque Bordeaux encourait un tel péril à l'été 2022.

Officiellement non-professionnelle, cette division n'offre que de très faibles droits télévisés, tout en faisant subir aux clubs des coûts, notamment salariaux, très importants. Même si l'agglomération de Montbéliard a accepté un report de loyer du stade Bonal, le coût des infrastructures paraît, en outre, difficilement supportable en N1.

Strasbourg et Bastia, exemples à suivre

De fait, si le FCSM met la clé sous la porte, il repartira certainement au plus bas niveau national, en National 3 (5e division), comme ce fut le cas pour Strasbourg en 2011 ou Bastia en 2017. Ces deux exemples représentent pourtant, paradoxalement, de sérieux motifs d'espoir pour les supporters sochaliens, réunis en nombre dans les rues de Montbéliard samedi, dans un baroud d'honneur vain.

Le Racing et le Sporting sont rapidement sortis des méandres du foot amateur (Strasbourg a retrouvé la L2 en six ans, Bastia en quatre ans) dans des situations financières saines. Ces deux clubs, historiques comme Sochaux (Strasbourg a gagné un titre, Bastia a joué une finale de Coupe de l'UEFA), ont "profité" de ces déboires pour renouer avec une fibre locale, matérialisée par le soutien populaire et l'arrivée d'investisseurs locaux.

Il n'était ainsi pas rare de croiser plusieurs milliers de supporters en National 2 à la Meinau ou à Furiani, et il est aisé d'imaginer pareille fréquentation à Bonal, l'antre des Lionceaux, où 12 000 spectateurs se sont massés en moyenne cette année. Une possible reprise en main par des actionnaires locaux peut permettre au club de renouer avec son histoire, comme lorsque le club était sous la propriété de Peugeot, mais piloté depuis 2015 par des investisseurs basés en Chine et déconnectés des problématiques courantes franc-comtoises.

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