À Sochaux, les supporters écœurés préfèrent les U19 à la Ligue 2
Les 20 000 sièges du Stade Bonal désertés pour la modeste pelouse du stade René Blum de Montbéliard. C’est la triste réalité qui frappe actuellement le FC Sochaux, englué à la 18ème place de Ligue 2 et tout juste relégué en National à titre conservatoire par la DNCG. Lassés, épuisés, écœurés par la gestion actuelle du club deux fois champion de France, les supporters du FCSM ont décidé de boycotter les matches de leur équipe depuis le début de saison. Ils préfèrent désormais se rendre aux matches des U19.
Ils étaient environ 500 ce week-end face à Troyes, et plus de 700 le 11 novembre dernier, rassemblés dans les gradins du stade de Montbéliard, pour encourager les jeunes sochaliens entraînés par Pierre-Alain Frau, figure emblématique du club doubiste. Une initiative orchestrée conjointement par les groupes de supporters "Planète Sochaux" et "Tribune Nord", ainsi que le mouvement "Sociochaux", créé en mars dernier pour essayer de "sauver le club" de la descente aux enfers. Leurs revendications ? Ils demandent la vente pure et simple du FCSM, racheté en juillet 2015 par l’actionnaire Chinois Wing Sang Li, dirigeant du groupe Ledus. "Nous avons décidé de boycotter Bonal en signe de lutte contre la direction et son partenaire Baskonia, qui n’est qu’un prestataire de service engagé par Ledus afin de gérer administrativement et sportivement le club", explique Enzo G., porte-parole de la Tribune Nord.
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"Retrouver une ambiance digne de ce nom"
Sans garanties financières, Sochaux est en effet parvenu à sauver sa peau en Ligue 2 la saison dernière en présentant à la DNCG un accord de gestion avec le groupe espagnol Baskonia, qui possède notamment le Deportivo Alavés, actuel 4ème de Liga. Une échappatoire bien insuffisante qui pollue l’identité du club et ne convient pas du tout aux supporters. Après plusieurs actions initiées contre la direction, ces derniers ont décidé de se réunir lors des matches de l’équipe U19, afin de retrouver un semblant d’engouement et de chaleur humaine, tout en manifestant leur colère. "L’idée est apparue en septembre. Nous avions déjà décidé de boycotter Bonal mais l’objectif était de défendre le centre de formation, encore peu impacté par la politique du Baskonia, et de permettre aux supporters Sochaliens de se retrouver autour d’un match du club et d’une ambiance digne de ce nom", poursuit Enzo G.
L’initiative est une réussite, quoique pas vraiment soutenue par les instances régionales. Couleurs jaune et bleu, fumigènes, chants … Jamais le stade René Blum n’avait connu pareille ambiance. À l’inverse, Bonal sonne creux les soirs de Ligue 2. Et pour ne rien arranger, le FC Sochaux coule sportivement. Barragistes après 15 journées et balayés à domicile par l’AJ Auxerre ce week-end (1-4), les doubistes viennent de limoger leur entraîneur José Manuel Aira, soigneusement choisi par le Baskonia lors de l’arrivée des Basques en mai dernier. C’est une ancienne figure du club qui a repris les rênes, l’ex-défenseur sochalien Omar Daf, qui avait déjà assuré l’intérim à deux reprises, avant la prise de fonction d’Hervé Renard en 2013 et celle d’Olivier Echouafni en 2015.
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"Notre FCSM est malade"
Mais ce choix ne satisfait guère les supporters des jaune et bleu, qui voient en cette décision un simple moyen de faire revenir le public à Bonal, sans véritablement changer la politique actuelle du club. "Que l’entraîneur du club soit Aira, Daf, ou Zidane le problème de fond reste le même, tant que les dirigeants chinois et les prestataires basques traîneront leur misère aux abords de Bonal (…) Le problème n’est pas sportif, il se situe un cran au-dessus. Il est de l’ordre de la gestion, de l’ordre politique et de l’ordre vital. Notre FCSM est malade", peut-on lire dans un communiqué publié par la Tribune Nord Sochaux ce mercredi. Le message est clair, les supporters ne reviendront pas à Bonal : "Nous ne reviendrons pas encourager cette équipe le mardi 4 décembre face à Ajaccio", précise explicitement le communiqué.
Le premier club professionnel en France se meurt. Après 66 saisons passées dans l’élite, le FC Sochaux Montbéliard sombre lentement, mais sûrement. Un constat alarmant pour la région Franche-Comté, et pour le football français en général. Las, désabusés par la tournure des événements, les supporters sochaliens sont face à une impasse, mais n’abdiquent pas. Ils entendent bien poursuivre leur action afin de sauver ce qui peut encore l’être : "Nous continuerons à boycotter Bonal tant que nos revendications ne seront pas entendues, à savoir le départ du Baskonia et la vente du club par Ledus", prévient Enzo G., qui invite les supporters du FCSM à poursuivre leurs rassemblements, au stade René Blum, pour encourager les U19. Prochain rendez-vous, face à Dijon, le 9 décembre prochain.
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