Violences dans le football : les mesures vont "dans le bon sens", mais ce ne "sera pas suffisant" pour Bixente Lizarazu
Après les mesures dévoilées ce jeudi par le gouvernement pour renforcer la sécurité pendant les matchs de Ligue 1, le consultant football de franceinfo Bixente Lizarazu a réagi, estimant qu'elles sont "le début de quelque chose".
Le gouvernement a dévoilé jeudi 16 décembre des mesures de sécurité renforcées face aux incidents à répétition dans les stades de Ligue 1, dont l'interruption définitive d'un match si un joueur ou l'arbitre est agressé ou encore l'interdiction des bouteilles en plastique. Ces mesures vont "dans le bon sens", a réagi sur franceinfo Bixente Lizarazu, champion du monde 1998 et consultant football de franceinfo.
franceinfo : Les mesures annoncées vous paraissent-elles suffisantes ?
Bixente Lizarazu : Cela va dans le bon sens, même si je ne crois pas que ce sera suffisant. Mais c'est le début de quelque chose. Je pense qu'il était important de marquer le territoire et d'expliquer à certains supporters qui se comportent mal, qui sont extrêmement agressifs, qui se permettent de rentrer dans le stade, de balancer des trucs sur les joueurs, qu'ils n'ont rien à faire dans un stade de foot. Venir à un match de foot, c'est un spectacle, c'est un plaisir. On vient supporter son équipe et on ne vient pas agresser les joueurs adverses ou les supporters adverses. On s'est habitué à de plus en plus de violence. Il y a de moins en moins de limites. Je crois beaucoup aussi aux sanctions individuelles. Parce que, si on a un stade de 40 000 personnes, il ne faut pas pénaliser 38 000 personnes qui se comportent bien pour 2 000 qui se comportent mal. Donc, il faut cibler individuellement, il y a la vidéo pour ça. Et il faut des sanctions radicales, c'est-à-dire qu'on les vire des stades définitivement. Parce que, quand on pénètre dans un stade pour aller frapper un joueur ou qu'on balance un truc sur un joueur en prenant le risque de le blesser gravement, c'est qu'on n'aime pas le foot et que l'on n'a aucune notion du respect que l'on doit avoir vis-à-vis des joueurs qui, eux, produisent un spectacle. Eux, ils ont besoin de sérénité. C'est inacceptable que notre terrain ne soit pas protégé, ne soit pas sanctuarisé. C'est le minimum que l'on doit demander à nos dirigeants, que l'on puisse proposer un spectacle avec toute la sérénité qu'il faut. Et cette sérénité-là, malheureusement, elle est en train de disparaître
Quelles mesures supplémentaires auriez-vous souhaité ?
Quand on démarre un process, on ne peut pas avoir les réponses à tout. C'est assez complexe d'arriver à régler tout ça. Par exemple, mettre des grilles pour séparer le terrain des tribunes, c'est horrible de repartir à ça. On a tout fait pour éliminer les grilles ou les filets. On n'a pas envie de ça. On n'a pas envie que les supporteurs soient dans des cages. Il y a des gens qui viennent voir des matchs de foot avec d'autres intentions que d'apprécier un spectacle et qui se mettent dans des états d'agressivité et de haine qui n'ont rien à faire dans un stade. Je n'ai pas les réponses à tout. Si j'étais à la place des gens qui décident, je pense que ça ne serait pas simple non plus. On a par exemple le cas de Dimitri Payet. Un gars lui a balancé quelque chose. Lui, tu le chopes et tu le sors du stade à vie. Cela ne doit même pas passer dans la tête d'un supporter la possibilité de rentrer sur un terrain. C'est interdit.
Avez-vous noté un changement de comportement dans les stades, par rapport à l'époque où vous étiez sur le terrain ?
Cela fait 20 ans que j'ai arrêté. Donc, j'ai une vision de commentateur, d'observateur, plus qu'une vision de joueur. Quand j'étais joueur, j'ai vécu des matchs où on se faisait insulter. On sentait la haine dans la tribune, des bus caillassés. Ça existait aussi à notre époque. C'est vrai que là, on a eu un enchaînement. Je ne sais pas si c'est l'excitation, les gens sont très nerveux après avoir passé cette période de Covid. Et du coup, on a eu un enchaînement de comportements inacceptables. On a l'impression que c'était la surenchère à celui qui sera le plus con en tribune. Moi, je suis content que l'on arrête les matchs. Et j'avais dit qu'il fallait que les joueurs, à un moment donné, si les dirigeants ne faisaient pas les choses, décident de sortir du terrain. Cela va mettre la pression sur n'importe quel supporter qui aurait perdu la tête. C'est là où il faut être fort. C'est là où il faut être capable d'avoir une solidarité énorme. Et de dire, c'est notre terrain qu'il faut respecter, que ce soit nos supporters ou les autres. C'est la même histoire. C'est plus compliqué d'être capable d'affronter ses propres supporters. Mais je pense qu'il faut être juste, honnête. Et l'honnêteté, c'est de protéger le stade, les joueurs et l'arbitre.
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