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Un jour, un club : Quand le PSG n'a pas fait signer son stagiaire… David Trezeguet

Pour cette nouvelle saison de Ligue 1, France tv sport vous propose une série d'anecdotes et de petites histoires sur les vingt clubs de notre championnat. Aujourd'hui, on s'intéresse au Paris-Saint-Germain et plus précisément à la courte idylle qu’il y a eu avec le jeune David Trezeguet, lors de l’été 1995. Le champion du monde 98 qui a laissé son empreinte en équipe de France (34 réalisations), à l’AS Monaco et à la Juventus de Turin, est d’abord arrivé en France à Paris.
Article rédigé par Guillaume Gorgeu
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 7min
 

51 minutes. C’est le temps qu’a joué David Trezeguet sous le maillot du PSG lors de l’été 1995, à l’occasion de deux matches amicaux, contre Châteauroux et Saint-Etienne.  Tout commence le 25 juin de la même année. Après avoir passé quinze ans en Argentine, le jeune joueur de dix-sept ans décide de traverser l’Atlantique et de rejoindre la France pour pouvoir vivre son rêve. Celui qui l’obsède depuis tout petit, percer dans le pays qui l’a vu naître.

Dans son livre biographique Bleu Ciel, son père Jorge évoque une phrase prémonitoire de son fils qu’il n’oubliera jamais. "Il nous avait lâché vers l’âge de huit ans : « Je vais jouer pour la France et on sera champion du monde ! »". Né à Rouen, on le surnomme "el Francés" sur les bancs de l’école. Il grandit et développe sa passion pour le football dans un pays vibrant à travers la réussite de Diego Maradona. Il voit même ce dernier soulever la Coupe du monde 1986. Le jeune Trezeguet ne parle pas français, mais pourtant il est bercé et fasciné par les exploits des footballeurs tricolores remportant l’Euro 1984 et par ceux de son champion de Formule 1, Alain Prost, dont il affiche le portrait sur le mur de sa chambre.

Le PSG, l’endroit où il voulait être

Il gravit les échelons dans l’équipe de Platense jusqu’à une première expérience avec le groupe professionnel. C’est alors qu'il tente sa chance en France. A dix-sept ans, il part dans l’inconnu et arrive où il "voulait être", le club de la capitale. Encadré par Rafael Santos, l’agent qui a fait venir son père en France pour jouer à Rouen entre 1976 et 1979, et par Omar da Fonseca, David Trezeguet obtient un stage avec la structure professionnelle du PSG. Dès les premiers jours, celui qui se caractérise par son physique longiligne fait bonne impression. 24 ans plus tard, Luis Fernandez, l'entraîneur à l'époque, aujourd'hui consultant BeIN Sports se rappelle. "Il avait déjà de la maturité. Sur les exercices athlétiques le matin, il répondait présent. L’après-midi sur les exercices techniques avec tout ce que ça comporte sur le plan tactique, sur le jeu, il était impressionnant car il était déjà d’une adresse diabolique."

  (GERARD JULIEN / AFP)

​​​​​​C’est donc naturellement que l’entraîneur l’emmène pour le stage de pré-saison, à Pouligny, où sont programmés deux matches de préparation. Le premier oppose le PSG à Chateauroux, équipe de deuxième division, le 2 juillet 1995. Ce jour-là, David Trezeguet enfile son premier maillot pour un club français. Il jouera toute la seconde mi-temps, après un turn-over général de l’équipe, alors que Paris se retrouve accroché, 1-1 à la pause. S’il n’inscrit aucun des trois buts qui permet finalement aux Parisiens de l’emporter (4-1), ses qualités ressortent une nouvelle fois. Pour Fernandez, il démontrait déjà de bonnes dispositions "dans ses déplacements, dans ses prises de balles, dans ses facilités techniques naturelles, dans son jeu face au but dans la surface de réparation". C’est simple, en énonçant les souvenirs avec l’ancien international tricolore, Fernandez exprime d’un ton clair et catégorique : "Je n’ai que des bons souvenirs de David Trezeguet".

Anelka - Trezeguet, la future attaque du PSG ?

Contre Saint-Etienne, trois jours plus tard, le champion du monde 1998 est opposé à ses futurs coéquipiers en club et en équipe de France. Rentré en fin de rencontre, il est marqué par un certain Laurent Blanc et n’arrive pas à inquiéter le gardien Grégory Coupet. Il fait aussi face à celui qui sera l’un de ses "grands complices" à Monaco, puis en équipe de France : Willy Sagnol.

En l’espace de trois semaines, le futur "Trezegol" conquiert l’entraîneur et l’ensemble du groupe professionnel, dont certains, comme Daniel Bravo, le prennent sous leurs ailes. Ce dernier décrit quelqu’un de "bon", "sympa" et surtout qui "ne rechignait pas lors des séances physiques". C’est cette volonté de toujours travailler plus qui convainc le coach du PSG. Ce dernier l’imagine alors incarner l’avenir du club. "J’ai demandé à ce qu’on le garde parce qu’on avait déjà dans le club, Nicolas Anelka (rentré en 1994). Je me suis dit qu’on avait peut-être la future attaque du Paris-Saint-Germain dans les années à venir. J’avais une vision comme ça sur le garçon car il m’a tapé dans l’œil."

Un échec à 15 000 francs

Avant son arrivée, Luis Fernandez s'était renseigné sur les conditions du joueur et les avait acceptées en les jugeant "correctes". A la fin de son essai, tous les feux sont au vert du côté sportif, mais les demandes du joueur, quinze mille francs par mois (3189,99€) et un appartement pour regrouper sa famille, ne passent pas auprès des dirigeants parisiens dont Michel Denisot, le président, et Jean-Michel Moutier, le directeur sportif. Le club, Rafael Santos et son père ne parviennent pas ainsi à trouver d’accord.

C’est une terrible désillusion. Mais Omar da Fonseca parvient à lui décrocher un entraînement à Monaco, dirigé par Jean Tigana. Une nouvelle fois, il fascine. A la fin de cette première séance, le club du Rocher n'hésite pas et lui propose son premier contrat en France. Luis Fernandez apprendra « que les conditions étaient les mêmes que celles qu’il nous avait demandées au Paris-Saint-Germain ». Celui qui a poussé en sa faveur estime ne rien avoir à se reprocher. « En tant qu’entraîneur, j’ai fait ce que j’avais à faire. »

Ironie de l’histoire, David Trezeguet effectue quelques mois plus tard, le 7 février 1996, son premier match dans le championnat de France, face au PSG. Une rencontre remportée par Monaco (1-0). La suite, on la connaît, il se dévoile réellement lors de la saison 97/98, sur la scène nationale et européenne, lors de laquelle il inscrit un doublé contre le club de la capitale. Deuxième meilleur buteur du championnat, il est convoqué par Aimé Jacquet pour participer à la Coupe du monde. Champion du monde, il portera le maillot monégasque encore deux saisons avant de construire sa légende à la Juventus de Turin.

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