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Supporters-actionnaires : l’actionnariat populaire arrive en France

Le président de l'En Avant de Guingamp a annoncé le lancement d'une association de supporters, qui pourront devenir actionnaires du club en achetant des parts. Une première en France pour ce système, déjà généralisé en Allemagne. Du côté d'A la Nantaise, association qui tente de rentrer au capital du FC Nantes, on attend de voir une vraie initiative qui émane des supporters plutôt que de la présidence d'un club.
Article rédigé par franceinfo
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Les supporters de Guingamp pourront dès 2017 devenir actionnaires du club. Une première en France. (FRED TANNEAU / AFP)

Le président de Guingamp Bertrand Desplat a choisi d’appeler le dispositif “Kalon”, “coeur” en breton. Lors de l’assemblée général du club, il a présenté un des grands projets de l’avenir de Guingamp : la mise en place en 2017 d’un actionnariat populaire, une première en France. L’objectif est de créer une association de supporters, qui sera actionnaire de l’En Avant de Guingamp. Cela permettra aux supporters de devenir actionnaires du petit club des Côtes d’Armor, avec une mise minimale de 40 euros.

En France, plusieurs projets d’actionnariat populaire ont déjà été lancés. A Nantes, l’association "A La Nantaise" milite depuis longtemps pour la mise en place de ce système, qui permet de donner plus de poids aux supporters du club. Une levée de fonds a déjà été effectuée par cette association qui espèrent monter au capital du club : l'association a récolté l'équivalent de 7% du capital actuel du club. Florian Le Teuff, l'un des fondateurs de l'association, reste sceptique vis à vis de l'initiative guingampaise : "On attend de voir, tout a été décidé par le club donc l'initiative ne vient pas vraiment des supporters. On espère que ce ne sera pas qu'un coup marketing"

Quant à l'éventuelle entrée des supporters au capital du FC Nantes, elle est conditionnée à la revente du club par l'actuel président, Waldemar Kita.

"Il n'existe à l'heure actuelle aucune forme de dialogue avec la direction, qui ne veut pas entendre parler du projet. Et nous non plus, nous n'avons pas très envie de travailler avec le président actuel. Le but c'est d'être prêt quand le club changera de propriétaire."

"Il n'existe à l'heure actuelle aucune forme de dialogue avec la direction, qui ne veut pas entendre parler du projet. Et nous non plus, nous n'avons pas très envie de travailler avec le président actuel. Le but c'est d'être prêt quand le club changera de propriétaire."

Une réalité chez nos voisins européens

Ce qui n’est pour l’instant qu’une exception en France est la norme en Allemagne. La règle dites du “50 + 1” impose que les supporters soient actionnaires à 50% +1 voix des clubs. Réunis dans des associations, ils participent à toutes les décisions des clubs. Seuls deux clubs Wolfsburg et Leverkusen, détenus depuis leur création par des entreprises (Volkswagen et Bayer) échappent à cette règle.

En Angleterre, les supporters réunis en associations entrent aussi parfois au capital de leur club. Il y a également d’autres cas, plus spécifiques : des clubs créés de toute pièce par les supporters. Au moment du rachat de Manchester United par des investisseurs américains en 2005, des supporters ont décidé de créer leur propre club, le FC United of Manchester, dont ils sont propriétaires-actionnaires. Véritable symbole du football populaire, l’aventure du FC United, actuellement en sixième division, a connu des difficultés financières pour achever la construction de son stade.

Le système espagnol est différent, il est basé sur le système de “socios” : les supporters qui adhèrent à l’association des socios du club deviennent propriétaires d’une part. Ces supporters-actionnaires n’ont pas de contrôle sur l’administration quotidienne du club, mais ils ont un pouvoir fort : ils élisent le président du club. Ce qui donne régulièrement lieux à une course aux promesses électorales de la part des candidats qui souhaitent s'attirer le soutien de ces milliers de petits actionnaires.

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