Rudi Garcia et l'OM, une histoire sinueuse
2016-2017 : Le redressement
Rudi Garcia restera à jamais comme le premier entraîneur de l’OM de l’ère "Champions Project". "Quand j’ai rencontré Rudi, il m’a tout de suite dit qu’il voulait gagner la Ligue des Champions. J’ai immédiatement su que ce serait l’homme pour le poste d’entraineur de l’Olympique de Marseille" assure alors l’homme d’affaires américain Franck McCourt, tout nouveau propriétaire de l'Olympique de Marseille. Arrivé sur le banc olympien en octobre 2016 en remplacement de Franck Passi, trois jours après la reprise du club par McCourt, le coach français débarque au sein d’un club proche de la dérive, marqué par une saison catastrophique sous Michel (13e place) et qui végète dans la deuxième partie de tableau avec seulement trois victoires en 10 matches à son arrivée sur le banc.
Son arrivée est un choix marquant de la nouvelle direction, qui n’hésite pas à frapper fort d’entrée. Sur le terrain, l’OM retrouve des couleurs alors qu’en coulisses, on s’active pour renforcer l’effectif au mercato hivernal. Du renouveau, d’abord, avec l’arrivée de Morgan Sanson, puis de l’expérience avec le grand retour de Dimitri Payet, parti au bras de fer avec West Ham après une saison flamboyante et une 17e place au dernier classement du Ballon d’Or.
46 millions d’euros dépensés au total (avec les arrivées également de Patrice Evra et Gregory Sertic) et un OM de nouveau compétitif, qui terminera finalement à une 5e place presque inespérée au début du mandat de Garcia. Si le coach olympien connait ses premiers tourments face aux gros du championnat – deux claques face à Monaco (1-4) et au Paris Saint-Germain (1-5) et une défaite contre Lyon (3-1) –, il enchaîne onze matches sans défaite sur la fin de saison et fait l'unanimité seulement sept mois après son arrivée.
2017-2018 : Les frissons Europa League, la déception Ligue des Champions
Assurément la saison la plus réussie de l’ère Garcia, mais aussi celle qui fera probablement nourrir le plus de regrets aux supporters de l’Olympique de Marseille.
Côté pile, l’émotion incomparable d’une épopée européenne. Une phase de groupes où l’OM sera passé tout proche de la sortie, avant les frissons d’un quart de finale retour bouillant contre Leipzig au Vélodrome, d’une qualification à l’arrachée lors la demi-finale retour sur une volée de Rolando en prolongations à Salzbourg, et une nouvelle finale, 14 ans après celle de Coupe de l’UEFA perdue face à Valence.
Côté face, forcément, la sèche défaite (3-0) en finale face à l’Atlético d’Antoine Griezmann. Mais surtout, un bras de fer perdu face à Lyon pour le podium en Ligue 1 et un ticket pour la Ligue des Champions qui s'envole dans la dernière ligne droite. Cinq points d’avance sur leur rival lyonnais avant la 30e journée et un "Olimpico" qui tourne en faveur des joueurs de Jean-Michel Aulas grâce à un but de Memphis Depay dans le temps additionnel. Cinq points gaspillés pour une quatrième place presque décevante, alors que les 77 points après 38 journées auraient suffi à finir sur le podium 14 fois sur les 15 dernières saisons (2016/2017 faisant exception, Nice terminant 3e avec 78 points).
Resteront de cette saison l'épopée européenne, l'arrivée payante de Luiz Gustavo ou encore la forme extraordinaire de Florian Thauvin, auteur de 26 buts et 18 passes décisives toutes compétitions confondues. Mais resteront également ce podium lâché au printemps, le high-kick de Patrice Evra, le flop Mitroglou - que Rudi Garcia n'aura jamais réussi à associer à Valère Germain - ou encore ce mal récurrent face aux cadors du championnat avec deux points pris en six matches face au top 3, une réputation qui collera à la peau de Garcia jusqu'au terme de son mandat.
2018-2019 : La sortie de route
Malgré la non-participation à la Ligue des Champions, les voyants semblent au vert du côté de la Canebière et Rudi Garcia continue de placer ses pions lors du mercato estival. Le technicien français cible trois noms - Duje Caleta-Car, Nemanja Radonjic et Kevin Strootman - qui débarqueront dans les Bouches-du-Rhône durant l'été. Si le premier a eu besoin d'un temps d'adaptation pour s'installer en charnière centrale, les recrutements de Radonjic et surtout de Strootman sont pour le moment un échec et symbolisent parfaitement la faillite de Rudi Garcia cette saison. Pourtant, malgré un début de saison moyen en championnat et alors que Marseille ne compte qu'un point après trois journées en Europa League, il prolonge son contrat jusqu'en 2021 avec le club phocéen. Le timing interroge, d'autant que la suite des événements va faire basculer la saison de l'OM du côté obscur. Après l'annonce de cette prolongation, Marseille ne met plus un pied devant l'autre : 10 défaites en 17 matches, dont une piteuse élimination en 32es de finale de la Coupe de France par Andrézieux, modeste pensionnaire de Nationale 2.
Éliminé des coupes nationales et de Ligue Europa avant de lâcher prise dans la course à l'Europe, Rudi Garcia a perdu une grande partie de son crédit auprès des supporters de l'OM, avec qui les relations se sont détériorées au fil du temps. Nombreux sont ceux qui lui reprochent l'absence de fond de jeu, ses approximations tactiques, (42 compositions de départ différentes cette saison en 45 matches), son incapacité chronique à s'imposer contre un membre du top 3 (6 défaites en 6 matches cette saison) ou encore ses sorties médiatiques sur l'arbitrage, les critiques publiques envers ses joueurs et son manque de remise en question. "C'est certainement la plus mauvaise saison de ma carrière", confiait Rudi Garcia, quelques jours avant d'annoncer officiellement son départ de l'OM ce mercredi. "Pour le bien du projet, je pense que c'est mieux qu'on se sépare maintenant, que je parte maintenant." Place désormais à l'acte 2 du "Champions Project".
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