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Que vaut vraiment le PSG ?

Poser cette question peut paraître incongru quand on sait que le Paris-Saint-Germain caracole en tête de la Ligue 1 et qu'il peut sérieusement envisager une qualification en Ligue Europa à deux journées de la fin de la phase de groupes. Il n'est pas interdit cependant de s'interroger sur le niveau réel d'une formation séduisante mais qui n'affiche pas –pour l'heure- une solidité adéquate.
Article rédigé par Grégory Jouin
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3 min
Jérémy Menez (PSG) et Dane Richards (New York Red Bulls)

Le PSG a enregistré hier soir contre Bratislava son 13e succès de la saison en compétition officielle. En 19 matches disputés, le bilan semble flatteur. Pourtant, à y regarder de plus près, certains indices laissent penser que cette équipe très joueuse, souvent brillante offensivement, manque cruellement de réalisme dans les deux surfaces. Contre les Slovaques (1-0) comme avant contre Rennes, Brest ou Nice en L1, les hommes d'Antoine Kombouaré ont raté de multiples occasions. Ce flagrant manque de réalisme peut inquiéter malgré des stats prometteuses (trois défaites seulement en trois mois: contre Lorient (0-1 en L1, à Bilbao (2-0) en C3, et face à Dijon (3-2) en Coupe de la Ligue).

Si Kevin Gameiro a déjà inscrit 8 buts en championnat, il fait preuve d'une certaine irrégularité dans ses performances qui inciterait les dirigeants qatariens à réfléchir au recrutement d'un autre avant-centre au mercato hivernal. Si Javier Pastore (6 buts en L1) régale les supporters parisiens par ses coups d'éclat, il ne pèse pas encore suffisamment pendant tout un match. Si Nene et Jérémy Menez (4 passes décisives) possèdent une qualité de dribbles et de passes fantastiques, ils tombent encore parfois dans un individualisme néfaste. Quant aux autres éléments offensifs de l'équipe, ils ne jouent plus (Guillaume Hoarau, blessé) ou très peu (Mevlut Erding, Jean-Christophe Bahebeck). 

Fébrilité défensive

Derrière, les inquiétudes se font jour également: Salvatore Sirigu est certes intraitable sur sa ligne mais le portier italien manque parfois de clairvoyance dans ses sorties aériennes. Diego Lugano, le capitaine de la sélection uruguayenne, n'a pas retrouvé son niveau de la Coupe du monde 2010 ou même de la dernière Copa America (remportée cet été par son pays). Sylvain Armand est encore en convalescence après sa blessure, Siaka Tiéné affiche ses limites et Christophe Jallet (l'un des moins bons pour ce qui est des duels gagnés) et Ceara peuvent faire beaucoup mieux. Seuls Zoumana Camara –de retour en grâce- et Mamadou Sakho (malgré quelques ratés) échappent à la critique pour leurs prestations solides. 

Dans l'entre-jeu, Mathieu Bodmer peut s'avérer étincelant comme effacé. Il évolue par à coup, sans exploiter son énorme potentiel, même s'il débloque parfois la situation d'un coup de tête, d'un tir fulgurant ou d'un geste qui éclaire le jeu. Clément Chantôme semble moins performant que la saison passée et Mohamed Sissoko déçoit davantage qu'il ne suscite l'admiration. Blaise Matuidi, très régulier et précis, n'a pas encore fait oublier Claude Makelele mais il force le respect de ses partenaires et du staff par son activité de tous les instants. 

Concurrence décevante

On le voit, l'assemblage est complexe pour faire du Paris-Saint-Germain cette "machine de guerre" parée à toutes les situations. Sorti de la Coupe de la Ligue, le club de la capitale ne pourra pas se plaindre d'un calendrier trop chargé. Surtout que les propriétaires envisagent sérieusement de renforcer l'effectif dans les semaines à venir (David Beckham n'est pas le seul joueur attendu). L'entraîneur parisien fait beaucoup tourner depuis début août, ce qui lui permet de concerner toutes ses ouailles. Mais cela nuit aussi à la continuité dans les résultats: le PSG peut s'enorgueillir d'avoir gagné à Toulouse (3-1), à Montpellier (3-0) ou contre Lyon (2-0).

Mais il déplore des échecs assez nets, à Bilbao (2-0) en Ligue Europa et contre Lorient qui s'était imposé (1-0) au Parc des Princes en dominant la rencontre. Sans compter que le PSG s'est fait peur à Rennes (1-1), contre Valenciennes (2-1), face à Brest (1-0), à Bratislava (0-0) où il a terminé à neuf, contre Caen (4-2) dimanche où un penalty généreux a décoincé la situation, voire contre Bratislava ce jeudi, les coéquipiers de Mamadou Sakho gâchant un nombre incalculable d'occasions avant de trouver la faille par Pastore, les Slovaques ayant raté le coche juste avant. 

Difficile donc de situer la valeur du Paris-Saint-Germain version 2011-2012 à l'aune de ces informations. Il devrait pouvoir prolonger son aventure en C3 jusqu'au printemps à condition de monter en puissance. Et la Ligue 1 lui paraît acquise si l'on s'en tient aux performances de ses concurrents directs (Lille et Marseille qu'il n'a pas encore affrontés, et Lyon), Montpellier ou Toulouse ne semblant pas de taille à lutter sur la durée. Aux Royaume des aveugles, les borgnes sont rois…

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