Pourquoi vendre le Vélodrome ? L'OM peut-il le racheter ? 4 questions sur la potentielle vente de l'enceinte phocéenne
• Pourquoi la municipalité souhaite vendre le Vélodrome ?
Selon Benoît Payan, le maire de Marseille, le stade Vélodrome est "une gabegie financière". La rénovation de l’enceinte pour l’Euro 2016, dont le coût était évalué à 268 millions d’euros, a finalement coûté 500 millions d’euros à la municipalité, selon un rapport de la Cour des Comptes en 2017. "La collectivité rembourse 15 millions d’euros par an, sur 30 ans, au constructeur, AREMA, qui avait avancé l’argent", explique Jérémy Moulard, docteur en management du sport professionnel. "A titre de comparaison, le nouveau stade de Bordeaux a coûté 221 millions d’euros », ajoute-t-il. Pour pouvoir jouer au Vélodrome, l’Olympique de Marseille paye chaque année un loyer de 5,5 millions d’euros. "Initialement, ce loyer devait s’élever à 12,5 millions, mais après négociations, le club a obtenu un rabais. Et encore, c’est un loyer élevé par rapport à d’autres clubs. Le PSG paye 1 million d’euros par an à la municipalité" parisienne pour occuper le Parc des Princes, explique Jérémy Moulard. Le coût de la rénovation du stade a donc doublé pour la municipalité, alors que le loyer demandé à l’OM a été diminué par deux.
• L’OM peut-il racheter le stade ?
Selon Jérémy Moulard, la valeur du Vélodrome est difficile à évaluer. "C’est un outil dont les charges d’exploitation sont plus importantes que les recettes, qui ne dégage aucun bénéfice. Et la ville doit encore en rembourser près de 400 millions d’euros, ce qui représente près de 3 fois le budget de l’OM. Le club n’a pas l’économie pour le racheter", estime-t-il.
D’autres investisseurs pourraient être intéressés pour reprendre le club et le stade, mais selon Jérémy Moulard, ils négocieraient le prix du Vélodrome à la baisse, pour l’obtenir à une somme symbolique et ensuite investir pour le réadapter aux besoins du club, et pour qu’il dégage enfin des bénéfices : "Cette adaptation pourrait passer par une réduction de la capacité de l’enceinte, et la création de nouveaux espaces qui répondraient aux besoins d’autres clients que les supporters, comme un auditorium, un musée, un restaurant etc, pour générer une activité évènementielle régulière".
• En France, quels clubs sont propriétaires de leur stade ?
En France l’AJ Auxerre, l’AC Ajaccio et l’Olympique Lyonnais sont propriétaires du stade qu’ils occupent, mais cela ne leur rapporte pas forcément beaucoup de recettes. "A Lyon, d’après les chiffres de 2018, l’exploitation du nouveau stade rapportait 50 millions d’euros de plus à l’OL, que lorsqu’il jouait à Gerland, mais cela lui coûte aussi 83 millions d’euros supplémentaires", observe Jérémy Moulard. "Il y a donc un équilibre à trouver, par la vente de joueur, pendant 10-15 ans, le temps du remboursement des frais engagés dans la construction", ajoute-t-il.
D’autres difficultés, d’ordre légal, peuvent aussi s’ajouter à la vente d’une enceinte sportive, puisque les stades appartiennent en général au domaine public, et doivent donc être déclassés dans le domaine privé pour pouvoir être vendus. "C’est pour cela que les clubs qui veulent prendre plus de parts dans leur stade deviennent exploitants, et non pas propriétaires, comme c’est le cas à Saint-Etienne ou Angers par exemple", explique le spécialiste.
• Quels sont les intérêts, pour un club, de devenir propriétaire de son stade ?
La Juventus, le FC Barcelone, le Bayern Munich… Aujourd’hui, tous les grands clubs européens sont propriétaires de leur stade. Selon Jérémy Moulard, "cela apporte une valorisation de leur image, ils peuvent faire ce qu’ils veulent de l’enceinte, et les recettes générées leur reviennent directement. Ce sont des rentrées d’argent pérennes, qui diminuent leur dépendance aux droits TV". Une idée intéressante par les temps qui courent…
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