Monaco, intelligemment vôtre
L'argent ne fait pas le bonheur, mais indéniablement, il fait la qualité d'un effectif. De là à faire une équipe... A Paris, Carlo Ancelotti a eu bien du mal à faire émerger une vraie force collective de son onze de stars. Le PSG gagnait, certes, mais s'en remettait bien souvent à ses individualités acquises à prix d'or. Alors, ça n'était pas beau, et c'était poussif. Les critiques fusaient, et l'on ne comprenait pas pourquoi et comment, un club qui avait dépensé plus 150 millions pour recruter des stars internationales ne parvenait pas - ou rarement - à produire un délice de jeu.
Ce qui frappe alors chez Monaco, c'est la rapidité avec laquelle cette formation, qui a dépensé des sommes astronomiques pour arracher pléthore de stars internationales, a réussi à former un tout, une entité. Une vraie équipe en somme. Si l'on osait une nouvelle fois la comparaison entre Monaco et Paris, on pourrait même affirmer, si l'on résonne en terme tactique et d'intelligence de jeu, que Ranieri a déjà fait en mieux en quatre matches de Ligue 1 qu'Ancelotti...en deux ans.
Concilier opulence et intelligence
On a souvent reproché à Chelsea, Manchester City, entre autres, d'empiler les stars. Avec des résultats plus ou moins probants d'ailleurs. Combien de saisons ont-ils mis avant de remporter un titre majeur ? Avec Monaco, on était en droit d'être inquiets. Cet été, en l'espace d'une semaine, Dmitri Rybolovlev, le richissime propriétaire du club princier, a mis les petits plats dans les grands et dépense la modique somme de 120 M€ d'euros pour s'attacher les services de Falcao, James Rodriguez, et Joao Moutinho. Recrutement clinquant, certes, mais déjà intelligent. Avec Cavani, l'ancien buteur de l'Atletico est considéré comme le meilleur avant-centre de la planète. Quant à James et Moutinho, qui ont connu Falcao à Porto, si leur nom ne sont pas forcément les plus ronflants, ils affolent les plus gros clubs étrangers depuis plusieurs saisons. Contre Marseille, et principalement lors de la deuxième mi-temps, Moutinho a justifié le prix de son transfert : étouffé par le milieu marseillais en première mi-temps, il a changé de carburation ensuite. Plus disponible, tous les ballons sont alors passés par lui, et il a toujours eu les bonnes idées. Et surtout, le talent pour les concrétiser. C'est notamment lui qui lance Emmanuel Rivière pour le but de la victoire. Concernant Ocampos, également recruté à prix d'or la saison dernière pour un joueur qui n'avait que quelques matches à son actif en première division argentine, il montre depuis le début de la saison qu'il n'est pas seulement doué techniquement. Hier, il a été l'un des meilleurs Monégasques sur la pelouse du Vélodrome, le plus généreux dans l'effort sur le terrain, courait comme un lapin et défendait comme un beau diable. La forme éblouissante du "Cristiano Ronaldo argentin" n'est sans doute pas étrangère au séjour prolongé de J.Rodriguez sur le banc monégasque.
Claudio Ranieri, plus un entraîneur loser ?
Et puis, il y a les révélations. A ce titre, le feu follet rouge et blanc Yannick Ferreira Carrasco et le Brésilien Fabinho apparaissent en première ligne. L'espoir belge a d'ailleurs été très adoubé par l'un de ses expérimentés coéquipiers, Ricardo Carvalho ;"Ils (lui et Ocampos) sont très forts en un-contre-un, juge l'ancien défenseur du Real Madrid. Ils possèdent une grande qualité de vitesse de course. Ils ont des caractéristiques similaires à certains très grands que j'ai bien connus". Quant à Fabinho, c'est incontestablement la belle surprise du début de saison Monégasque. A 20 ans, et seulement une apparition dans le onze de départ du Real Madrid la saison dernière, le Brésilien étonne au poste d'arrière droit. Il attaque, il défend aussi, et expédie régulièrement des centres dangereux. Derrière toujours, les dirigeants monégasques ont pris quelques paris. Faire de Carvalho (15 matches lors des deux dernières avec le Real Madrid), et d'Abidal (5 matches avec Barcelone la saison dernières) des titulaires en défense centrale, il fallait oser. Même s'ils ont souffert dimanche soir face à Valbuena et consorts, ils tiennent globalement la baraque. Ça risque néanmoins d'être un peu juste pour la suite.
Et que dire de Manu Rivière. Cet été, Claudio Ranieri aurait pu faire le choix de l'enfermer dans un placard, ou de le bouter hors de la principauté. Après une expérience toulousaine catastrophique et une deuxième moitié de saison moyenne avec Monaco en Ligue 2, l'ancien attaquant de l'équipe de France espoir affole les compteurs, avec 5 buts en 4 matches, soit autant que les totaux de Falcao et Cavani réunis.
En somme, Ranieri et l'état-major monégasque ont su concilier jeunesse et expérience, talent brut et régularité. Quant à l'entraîneur italien, il séduit les observateurs de la Ligue 1. Une maigre consolation pour l'ancien coach de l'Inter, qui a longtemps pâti de son image d'entraîneur loser, voire - injustement - d'imposteur. Il faut dire que Ranieri a quand même entraîné Valence, l'Inter Milan, Chelsea et la Juve sans jamais glaner un titre de champion. Claudio, il est temps de balayer les idées reçues. Si le chemin est encore long, tu l'as pris du bon côté.
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