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LFP-Mediapro, les six dates d'un mariage raté

Ce lundi 1er février marquait la fin du délai de dépôt des offres concernant la consultation lancée par la LFP pour trouver un nouveau diffuseur principal du football français, à la suite de la rupture du contrat la liant avec Mediapro. Un contrat que le groupe sino-espagnol avait remporté en mai 2018 pour un montant record de près de 800 millions d'euros en échange d'une diffusion de la L1 et L2 entre 2020 et 2024. Retour sur six mois qui ont mené à un énorme fiasco.
Article rédigé par franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
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Le président de Mediapro Jaume Roures le 21 octobre dernier. (FRANCK FIFE / AFP)

• 21 août 2020 : Téléfoot ouvre son antenne

Mediapro a conclu un partenariat avec TF1 pour la création de la chaîne Téléfoot, du nom de l’emblématique émission du dimanche matin. Et au-delà du nom de la marque, les deux groupes partagent leurs moyens de productions ainsi que leurs "talents", comme Grégoire Margotton et Bixente Lizarazu aux commentaires des matches. Téléfoot ouvre donc son antenne le 21 août 2020, pour la 1re journée de Ligue 1. Seulement, avec un abonnement à 25,90€ par mois, la chaîne ne parvient pas à attirer les 3,5 millions d’abonnés espérés pour atteindre un équilibre financier. 

• 5 octobre 2020 : Mediapro ne règle pas son échéance à la Ligue et veut "renégocier le prix"

Alors que la première échéance du 5 août avait été versée en temps et en heure par Mediapro à la Ligue, la seconde, d’un montant de 172,3 millions d’euros, n’a jamais atterri dans les caisses de la LFP. Dans le journal L’Equipe du 8 octobre, Jaume Roures, le patron du groupe, déclare : "Nous voulons rediscuter le contrat de cette saison", invoquant la crise sanitaire qui perturberait son activité, proposition refusée par la LFP. Par conséquent, Mediapro saisit le tribunal de commerce de Nanterre pour forcer la Ligue à négocier, dans le cadre d’une "conciliation".

• 5 décembre 2020 : une seconde échéance impayée

Comme en octobre, Mediapro ne verse pas son échéance de décembre, d’un montant de 152 millions d’euros, à la Ligue. L’instance se retrouve donc avec près de 350M d'euros impayés. En octobre, elle avait contracté un emprunt de 112 millions d’euros pour verser aux clubs leurs parts des droits TV et ne pas les mettre en difficulté financière.

• 11 décembre 2020 : La Ligue met fin au contrat

Ce jour-là, le directeur général du groupe a annoncé la fermeture prochaine de la chaîne Téléfoot à ses salariés. Le calendrier précis n'a pas fuité. Après deux mois de conflit, c'est le fin du feuilleton entre les deux parties. Le 22 décembre, l'accord entre la LFP et le groupe Mediapro est validé par le Tribunal de commerce de Nanterre. "Par cet accord, la LFP récupère la pleine jouissance des droits détenus préalablement par Mediapro Sport France", se réjouit la LFP dans un communiqué. Mediapro poursuit néanmoins la diffusion des rencontres en attendant que les lots soient réattribués.

• 19 Janvier 2021 : Lancement de la consultation

Un peu plus d'un mois après la rupture du contrat avec Mediapro, la LFP décide de lancer en urgence un appel d’offres, que celle-ci a nommé “consultation de marché”. Les différents lots mis en jeu sont alors séparés en deux procédures, une pour la Ligue 1 et l’autre pour la Ligue 2, et concernent uniquement ceux détenus auparavant par Mediapro et non celui appartenant encore à BeIN Sports et sous-licencié à Canal+ pour 330 millions d'euros (lot 3), comme la chaîne cryptée l’aurait souhaité. Le délai de dépôt des offres est particulièrement court, 13 jours, et concerne la durée du cycle des droits TV actuel, jusqu’à la fin de la saison 2023-2024.

• 1er Février 2021 : Dépôt des offres

Surprise lors du dépôt des différentes offres pour répondre à la consultation lancée par la LFP, Canal+ et BeIN Sports se sont abstenues. Les deux chaines diffusaient pourtant l'essentiel du football français avant l'arrivée de Mediapro. Le diffuseur historique du football français, ouvertement en conflit avec la Ligue sur le contenu de l'appel d'offres qu'il souhaiterait global, brille donc par son absence. Ce lundi la LFP annonce en début de soirée qu'aucune offre, malgré six dossiers déposés, n'a été acceptée, les prix de réserve de chaque lot n'ayant pas été atteint. L'appel d'offres est donc infructueux et le football français n'a toujours pas trouvé son (ou ses) prochains diffuseur(s).

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