Cet article date de plus de deux ans.

La Ligue 1, les coachs étrangers, Zidane et l'équipe de France : Christophe Galtier se confie à franceinfo

Publié
Temps de lecture : 8min
Article rédigé par franceinfo - Nathalie Iannetta
Radio France

Sacré champion de France en 2021 avec Lille, Christophe Galtier est depuis l'été dernier entraîneur de l'OGC Nice. À la veille du huitième de finale de Coupe de France contre le PSG, il répond aux questions de franceinfo.

Cela fait presque six mois que Christophe Galtier est l'entraîneur de l'OGC Nice, actuel deuxième du championnat de Ligue 1, derrière le PSG et devant l'OM. Sacré champion de France 2021 avec Lille, il a également été désigné meilleur entraîneur de Ligue 1 la saison dernière. Nous sommes allés le rencontrer à Nice, pour évoquer son parcours, sa méthode et ses ambitions.

franceinfo : Comment va le meilleur entraîneur de Ligue 1, plébiscité par ses pairs il y a quelques semaines ?

Christophe Galtier : Bien. Heureux. Ça impose d'être toujours performant, quand vous avez de telles récompenses. Et c'est vrai que ces dernières saisons, les récompenses s'enchaînent et on se doit d'être toujours toujours performant. 

Si on fait votre historique, y a eu longtemps Saint-Etienne, puis Lille, avec lequel vous avez été champion de France la saison passée. Et ça fait six mois que vous êtes à Nice. Deuxième du championnat, encore en lice en Coupe de France, vous affronterez le Paris Saint-Germain lundi soir. Comment fait-on pour être toujours performant ?

On fait en sorte de maintenir l'exigence envers soi-même, et de la transmettre aux autres. En premier lieu, à mon staff technique et au staff médical, à tous les gens, à l'équipe qui travaille autour de l'équipe. Et évidemment, à mes joueurs, dès le premier jour. Quand je suis arrivé à Nice, ça a été un message fort que j'ai passé à mon groupe : l'exigence, l'exigence. Et aussi des relations humaines très fortes. 

Des relations humaines très fortes : on a l'impression que c'est ça, la "patte" Christophe Galtier. Tous les joueurs qui sont passés au vestiaire sont unanimes là-dessus : vous avez un rapport managérial hors du commun. Vous le tenez d'où ce rapport-là ?

Je ne sais pas. Je ne sais pas si c'est dans l'éducation ou les entraîneurs que j'ai pu rencontrer, avec qui j'ai travaillé. Je pense aussi à mon formateur, M. Gérard Gili, qui a été longtemps mon formateur, qui a été mon entraîneur, dont j'ai été aussi l'entraîneur-adjoint. Je crois aussi que c'est mon parcours en tant qu'entraîneur-adjoint pendant 10 ans ou 11 ans, à faire le tampon entre le numéro 1 et les joueurs, à être entre l'enclume et le marteau et le fait d'être au contact des joueurs, toujours en ayant l'objectif que les informations remontent au bon moment et de manière très juste. 

"Je n'ai qu'un objectif, c'est que l'équipe performe. Il n'y a personne au-dessus de l'équipe, même pas moi."

Christophe Galtier

à franceinfo

Tout le monde a l'obsession du collectif, mais vous avez une obsession supplémentaire qui est assez rare : une forme d'éloge de la simplicité, y compris dans votre schéma de jeu. Vous aimez les choses simples, donc efficaces. Est-ce que ça aussi, ça participe de la méthode Galtier ?

Oui, je pars du principe que plus c'est simple, plus c'est facile à comprendre. La simplicité, c'est ce qu'il y a de plus difficile et c'est ce que je dis très souvent à mes joueurs : jouez de la manière la plus simple et vous serez sûrement plus efficaces. Mais c'est très difficile à mettre en place. Au niveau du management je me bats tous les jours pour qu'il y ait le moins d'injustice possible dans un vestiaire et surtout que les joueurs sentent qu'il y a une justice dans la manière dont je veux aborder le travail, ma relation avec les joueurs et les amener à des objectifs très hauts, mais à travers une justice qui est valable pour tout le monde. 

Vous êtes aussi un homme qui s'inscrit dans des projets, on l'a vu à Lille. Là aussi, vous avez dit oui au projet Ineos ici à Nice. Si vous deviez résumer l'ambition de ce club, ce serait quoi ? 

Je veux que le club soit très ambitieux. Comment on fait pour rendre un projet très ambitieux ? C'est travailler, échanger. Pas de non-dits et toujours chercher à s'améliorer. Comment on fait pour chercher à s'améliorer ? C'est aller prendre ce qu'on n'a pas sur place, aller le chercher ailleurs. Je demande à tous mes collaborateurs et je demande aussi à chaque fois que j'ai une réunion avec le groupe Ineos, de nous amener le maximum de compétences de l'extérieur qui doivent permettre de faire en sorte que nous, on doit se transcender pour être performant.

Le groupe Ineos, c'est la F1, c'est le vélo, la voile, l'athlétisme, et j'en oublie sûrement d'autres. Et tout ce qu'ils ont touché, ils ont réussi, alors évidemment qu'ils ont pris de grosses écuries, que ce soit dans le vélo, que ça soit dans la voile, que ce soit dans la Formule 1. Mais je suis sûr que quand on a autant de résultats, autant de réussite, ce n'est pas le fruit du hasard. Il y a des gens qui réfléchissent. Je demande souvent que ces personnes-là soient vraiment une valeur ajoutée à l'OGC Nice, pour toujours chercher à s'améliorer. Mais dans tout : dans la récupération, dans l'hygiène alimentaire, dans la performance, la haute performance, dans la structure, dans l'infrastructure, dans la qualité des pelouses. Dans tout.

Cela veut dire que vous aussi, à titre individuel, vous vous inspirez, vous observez ce que font d'autres entraîneurs, d'autres coachs, en France comme à l'étranger ? 

Énormément. Je ne copie pas, je m'inspire. Je regarde beaucoup la Premier League, évidemment, parce que je pense que c'est le championnat le plus difficile. Et je regarde surtout les entraîneurs qui sont passés d'un championnat à l'autre. Je regarde Conte, ce qu'il a pu faire en Italie, ce qu'il peut faire en Angleterre. J'ai des relations avec Stefano Pioli, entraîneur du Milan AC, que j'ai rencontré quand il était à la Lazio de Rome. Je regarde ce qui se passe aussi en Allemagne avec une nouvelle génération d'entraîneurs, et en Allemagne, on lance de plus en plus tôt les entraîneurs. 

"Je trouve aussi que les entraîneurs français ont énormément progressé, parce qu'ils sont de plus en plus curieux." 

Christophe Galtier

à franceinfo

Et en même temps, vous n'avez pas spécialement envie d'y aller, à l'étranger. Vous êtes un grand défenseur de la Ligue1 et du football français ?

Oui, je défends toujours la Ligue 1 parce que je sais que c'est un championnat qui est très difficile et je m'en aperçois, pour échanger avec beaucoup d'entraîneurs français, évidemment, mais aussi avec les entraîneurs étrangers qui arrivent en Ligue1, à qui je souhaite toujours la bienvenue. Ils me disent que c'est un championnat très difficile. C'est un championnat rythmé, engagé, où il n'y a pas beaucoup d'écart entre les équipes. 

C'est encore l'heure des vœux. Est-ce que je vous souhaite l'équipe de France un jour, comme sélectionneur ? 

L'équipe de France, je pense que c'est ce qui se fait de plus beau pour un entraîneur : entraîner son pays, son équipe nationale, ça doit être quelque chose d'excitant, de passionnant, difficile. Gamin ou même jeune entraîneur-adjoint, je me suis toujours dit : tiens, ca doit être beau d'être l'entraîneur de l'équipe de son pays. Est-ce que je suis capable de tenir ce poste-là ? Je ne le sais pas. Je n'ai pas l'expérience, à l'inverse d'un Didier (Deschamps), à l'inverse d'un Laurent (Blanc) précédemment. 

"Je pense que le futur sélectionneur - le plus tard possible pour Didier - sera Zizou."

Christophe Galtier

à franceinfo

L'équipe de France doit lui revenir s'il le veut. C'est un rêve incroyable, mais j'ai le droit de rêver ! 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.