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Julien Stéphan et le Stade Rennais, un divorce doux-amer

Arrivé sur le banc rennais sur la pointe des pieds pour assurer l'intérim après l'éviction de Sabri Lamouchi en décembre 2018, Julien Stéphan aura vécu un peu plus de deux années sur courant alternatif avec les Rouge et Noir. Du titre en Coupe de France à la belle épopée en Ligue Europa en 2019 en passant par des dernières semaines compliquées après l'élimination en C1 et une perte d'identité de jeu, retour sur 26 mois de hauts et de bas.
Article rédigé par Clément Mariotti Pons
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
Julien Stéphan (SEBASTIEN SALOM-GOMIS / AFP)

Ce lundi matin, le Stade Rennais a éteint la rumeur lancinante qui filtrait depuis quelques semaines. Après que son manager Julien Stéphan ait proposé sa démission le week-end dernier, les dirigeants bretons ont décidé de l'accepter. La fin d'un peu plus de deux ans d'amour doux-amer entre l'homme de 40 ans et le club avec lequel il a fait toutes ses gammes depuis ses débuts en tant qu'entraîneur en 2012, avec les U19.

Des débuts idylliques

Lorsqu'il est nommé sur le banc des Rouge et Noir en décembre 2018 pour succéder au pied levé à Sabri Lamouchi, personne ne se doutait de ce qui allait se passer quelques mois plus tard. Même pas "l'éducateur" Julian Stéphan.

Ce qui devait être qu'un simple intérim - les attentes étaient faibles autour du nouveau manager - se transforme en CDD prolongé après la victoire rennaise en Coupe de France en avril 2019 face au PSG (2-2, 6-5 aux tirs au but), le premier trophée du club depuis un titre de champion de France de deuxième division en 1983. 36 ans de disette qui prennent fin grâce à un maître d'ouvrage adepte des grands travaux.

L'histoire retiendra que c'est sous sa mandature qu'ont éclos certains joyaux, dont l'international français Eduardo Camavinga est la figure de proue. Ismaïla Sarr, Ramy Bensebaini... Tous participent à la campagne victorieuse en Coupe et à l'excellent parcours breton en Ligue Europa.

Tombeurs du Betis Séville en 16es de finale (3-3 à Rennes, puis 3-1 à Séville) au terme d'un match retour complètement fou, Julien Stéphan et ses hommes sont éliminés avec les honneurs en 8es après avoir fait trembler le finaliste Arsenal (3-1 à Rennes, 0-3 à Londres). Le Stade Rennais est de retour sur le devant de la scène, nationale comme européenne.

Julien Stéphan et François Pinault soulèvent le Coupe de France (ANNE-CHRISTINE POUJOULAT / AFP)

Une qualification historique en Ligue des champions

La saison dernière, tronquée par la pandémie de Covid-19, marquera une nouvelle étape pour les Rouge et Noir. Malgré de nombreux départs (Ben Arfa, Mexer, André, Sarr, Bensebaini, retraite de Danzé) et une défaite inaugurale en août face aux champions de France parisiens lors du Trophée des champions (2-1), les Rennais réalisent un bon début d'exercice en championnat.

Troisièmes à la mi-saison, l'heure de la confirmation du bon travail effectué par Stéphan et ses joueurs semble avoir sonné. Reste un bémol : la campagne de Ligue Europa totalement loupée. Une dernière place en phase de groupes après quatre défaites, un nul et une victoire viendra faire s'envoler les ambitions de bis repetita sur la scène continentale.

S'ils ne peuvent défendre leur titre en Coupe de France après une défaite en demi-finale contre Saint-Étienne (2-1), la clôture anticipée du championnat après la 28e journée leur offre une place inédite sur le podium (3e). Un strapontin synonyme de Ligue des champions, une première historique pour le Stade Rennais et ses supporters.

Imbroglio Niang, fin du rêve en C1, départ de Létang... La dynamique brisée

Pourtant, en février 2020, le départ du président rennais Olivier Létang avait ouvert la porte à une fracture dans le vestiaire. Les relations compliquées entretenues entre Julien Stéphan et celui qui a désormais rebondi à Lille étaient connues de tous. Mais ce départ a laissé une trace chez les joueurs.

L'imbroglio autour de Mbaye Niang l'été dernier apparaît comme un symbole. Réputé proche de son ex-président, le Sénégalais voulait forcer un départ. Un temps annoncé à l'OM et après un transfert avorté à Saint-Étienne "en raison de l'intervention de plusieurs agents", il restera finalement à Rennes - en boycottant quelques rassemblements - avant de ronger son frein sur le banc. Les rapports entre Stéphan et son attaquant se dégradent, les polémiques se succèdent. Le dénouement se terminera par un prêt de Niang début février dernier à Al Ahli, en Arabie Saoudite. De quoi laisser un sentiment de gâchis pour celui qui avait inscrit 15 buts toutes compétitions confondues la saison précédente. Un sentiment qui entamera aussi la confiance des supporters en leur coach, questionné sur sa capacité à gérer son groupe.

  (JEAN-FRANCOIS MONIER / AFP)

Malgré le transfert record de Jérémy Doku (26 millions d'euros) et un bon début de championnat, la dynamique rennaise se brise en même temps que sa première expérience en Ligue des champions tourne court (un seul point glané en six rencontres). Le jeu chatoyant aperçu pendant un mois rejaillit par bribes mais le club breton ne gagne plus. Entre le 16 octobre et le 8 décembre, la traversée du désert est significative : en 13 matches disputés, les Rouge et Noir s'inclinent 9 fois pour trois nuls et une seule victoire.

Julien Stéphan est dans la tempête et le divorce avec les fans, qui ne reconnaissent plus leur équipe si flamboyante il y a encore quelques mois, se précise. Une bonne série de sept matchs sans défaite en Ligue 1 entre décembre et janvier, qui ramène le Stade Rennais à la 5e place au classement, lui offre un peu de sursis. Mais un mois et demi après la dernière victoire bretonne face à Brest (1-2) à la mi-janvier, le manager prend la décision de s'en aller ce lundi 1er mars.

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