Jonathan Schmid : « D’autres joueurs de Ligue 1 rejoindront l’Allemagne »
Jonathan, vous avez eu un parcours un peu chaotique. Quand Strasbourg, votre club formateur, vous a fermé ses portes, avez-vous tout de suite pensé à l'étranger ? A l'Allemagne ?
Jonathan Schmid : « J'envisageais encore la France a ce moment là. Les chances n'étaient plus trop bonnes par rapport à Strasbourg, mais je voulais rester en France, j'ai envoyé plein de CV à des clubs français, mais ça n'a pas donné grand-chose. J'avais un ami qui jouait a Offenburg. Il m'a dit que son entraineur cherchait un joueur offensif. J'ai donc passé les tests et ça a été concluant. »
On dit souvent qu'il est plus dur de percer à l'étranger qu'en France pour un jeune, qu'il est plus difficile de s'y faire une place et que rien n'y est acquis d'avance. C'est votre ressenti ?
J.S. : « Ce qui est sur c'est qu'il faut tout donner, ne rien retenir. Il faut aussi avoir confiance en soit. Nous les français, on a une bonne base avec la formation française, nos centres de formation n'ont rien à envier à ceux des Allemands. Ensuite, j'ai réussi à montré ce que je valais, j'ai montré a l'entraineur que j'avais vraiment envie d'y arriver. Et cela a fonctionné. »
Ces derniers mois, on voit certains très jeunes joueurs français flamber à l'étranger, comme Raphael Varane ou Paul Pogba. Ils ont quitté la France très tôt, souvent critiqués sur leur choix de carrière. Et pourtant, ils percent. Auriez-vous fait les mêmes choix qu'eux et rejoint un grand club si vous aviez commencé à éclore en Ligue 1 ?
J.S. : « Oui je pense qu'ils ont fait le bon choix, j'aurais fait la même chose. Les gens qui les critiquent sont un peu bêtes, si ces joueurs partent, c'est qu'ils l'ont voulu, qu'ils y ont réfléchi. Il ne faut pas croire qu'ils partent en pensant être titulaires dès le premier match. Il faudrait plutôt louer leur courage. Ils sont jeunes et n'ont pas peur de la concurrence. Ils savent qu'il faut beaucoup travailler pour gagner sa place et pourquoi pas devenir titulaire. Ils prennent des risques et réussissent, leur mérite n'en est que plus grand. »
Parmi les joueurs français qui jouent à l'étranger, vous êtes un peu un cas à part puisque vous vivez encore à Strasbourg. Comment s'est passé votre intégration ? Qu'est-ce qui vous plait en Allemagne ?
J.S. : « Parler couramment allemand m'a facilité la tâche pour m'intégrer. Moi je suis frontalier, j'ai toujours eu cette culture. Fribourg n'est pas loin de Strasbourg (90km ndlr.), c'est encore un peu alsacien comme région. La vie en Allemagne est très agréable, mais le vrai plus, côté culture, c'est la gastronomie. Le petit déjeuner allemand, quand on va à l'hôtel, c'est un vrai bonheur, ca lance bien la journée ! Après, côté foot, Ce que j'aime le plus c'est le public, les gens sont sympas, ils ont tous envie de parler aux joueurs, ils ne sont pas trop timides. On sent une vraie ferveur, de l'échange. Et puis les stades sont grands et pleins, c'est une joie pour un footballeur. »
On voit que de plus en plus de joueurs de Ligue 1 sont tentés par la Bundesliga. Est-ce une tendance que vous percevez ?
J.S. : « Il y a toujours eu des Français en Bundesliga (Micoud, Sagnol, Lizarazu ou Ribéry. ndlr.) mais je pense que l'Allemagne se rend compte qu'il y a de très bon joueur en France. On le voit avec Bastos à Shalke, qui se montre bien. Mais on peut vraiment envisager que d'autres joueurs rejoignent l'Allemagne, c'est un championnat très attractif avec de belles ambiances et du beau jeu. »
A plus long terme cela vous ferait-il plaisir de connaître d'autres championnats européens ? Comme Morgan Schneiderlin avec qui vous avez fait vos gammes à Strasbourg et qui évolue aujourd'hui en Premier League à Southampton ?
J.S. : « Même si je ne suis plus en contact avec Morgan, je vois qu'il s'éclate bien en Angleterre, c'est sur que le championnat anglais me tente, comme il tente tous les joueurs de foot. Je pense qu'il me correspond bien, donc pourquoi pas… »
Et l'équipe de France, vous y pensez ?
J.S. : Ca serait mentir de dire que je n'y pense pas, bien sur que j'y pense dans un coin de ma tête, mais pour l'instant je me concentre sur Fribourg et ma saison là-bas.
On parle de plus en plus de vous en France, cela doit vous faire plaisir…
J.S. : Oui, ça fait toujours plaisir. C'est une forme de reconnaissance. Ca donne raison à ceux qui ont cru en moi et tort à ceux dont ce ne fut pas le cas.
Lire : Jeunes et conquistadors : les jeunes français qui flambent à l'étranger
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