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Ça s'est passé le 21 mai 1988 : Arsène Wenger remporte son unique titre de champion de France avec l'AS Monaco

Le 21 mai 1988, l’AS Monaco remporte son cinquième titre de champion de France, après six ans d’attente, sous la houlette d’Arsène Wenger, lors de sa première saison sur le Rocher. Pourtant considéré comme l’un des meilleurs entraîneurs français de l’histoire, il s’agit du seul titre de l’Alsacien dans l’Hexagone. Avec sa philosophie de jeu et ses recrutements intelligents, l’ancien footballeur va révolutionner le marché des transferts en s’appuyant sur la détection de talents. Une technique de management qui va le conduire tout droit vers le succès.
Article rédigé par Paul Giffard
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 6min
 

"C’est toujours le premier titre qui reste dans la mémoire, parce que c’est le premier et parce qu’il m’a permis de croire en moi pour la suite". La première fois ne s'oublie pas. Pour sa première saison à la tête de Monaco, Arsène Wenger devient champion de France en 1988 avec l’AS Monaco. Ce qui sera le seul sacre de l’Alsacien dans l’Hexagone avant de triompher outre-Manche.

Venu tout droit de l’AS Nancy, le natif de Strasbourg fait sensation grâce à sa philosophie de jeu et son expertise tactique. Il réfléchit comme un menuisier, pose sa planche sur l’établi et prend des décisions comme on élabore un plan épargne-retraite.

Un recrutement dont lui seul a le secret

C’est un illustre inconnu qui arrive dans le sud de la France à l’été 1987. Entraîneur de Nancy depuis 1984, Arsène Wenger quitte sa première expérience sur une descente en Division 2. En difficulté sportive depuis deux ans avec le club qui a révélé Michel Platini, il annoncera même sa démission un an avant son départ. Fin de l’histoire avec l’ASNL qui n’aura pas fait mieux qu’une 12e place en championnat sous ses ordres.

À Monaco, le jeune entraîneur (37 ans à l’époque) succède au retraité roumain Stefan Kovacs, et met très vite en place un recrutement judicieux : la patte Wenger. Si huit joueurs, dont Daniel Bravo, Philippe Tibeuf, Dominique Bijotat et Bruno Bellone, vont faire leurs valises, l’élégant diplômé de l’université va les remplacer à moindre coût, montrant ainsi son intelligence dans les transactions.

En fin de contrat avec les Girondins de Bordeaux, Patrick Battiston va rejoindre l’effectif monégasque gratuitement tout comme le prodigieux meneur de jeu anglais Glenn Hoddle. Il encouragera son compatriote et attaquant Mark Hateley à le rejoindre de l’AC Milan pour former une paire offensive prolifique. Daniel Bravo parti à Nice, c’est Fabrice Mège qui fait le chemin inverse. Et enfin, pour renforcer sa défense centrale, Arsène Wenger fait appel à son ancien coéquipier Rémy Vogel, en provenance du RC Strasbourg.

Un champion incontesté et incontestable

Dès la première journée de championnat, l’ASM confirme ses ambitions en s’imposant au Stade Louis II contre un adversaire de prestigieuse : l’Olympique de Marseille. Une victoire nette 3-1, qui sera à l’origine de la sublime saison des Rouge et Blanc. Le club de la principauté monte sur le fauteuil de leader au soir de la deuxième journée. Une place qu’il ne quittera plus.

La bande de Jean-Luc Ettori, Claude Puel, Marcel Dib, Omar Da Fonseca, Manuel Amoros, Jean-Philippe Rohr et Luc Sonor triomphe. Dans le rôle de catalyseur, Hoddle distribue le cuir sur les ailes où se trouvent Jean-Marc Ferratge et Youssouf Fofana, et instinctivement Hateley en pointe. Cette année, les supporters et les inconditionnels du ballon rond découvrent un formidable jeu de tête chez l’attaquant des Three Lions, auteur de 14 réalisations. 

L’AS Monaco sera sacré champion de France à trois journées de la fin, possédant ainsi six longueurs d’avance sur son dauphin et champion en titre Bordeaux, et sept sur le promu Montpellier. En prime, les hommes d'Arsène Wenger ont la meilleure défense de l’élite avec seulement 29 buts encaissés. Rien d’étonnant quand un joueur du calibre de Patrick Battiston évolue dans une équipe. Il s’agit du cinquième titre de champion de France pour l’ancien stéphanois.

 

Le début de la gloire

Il s’agira du premier et du seul titre d’Arsène Wenger avec un club français. Les années qui suivent sont dominées par l’Olympique de Marseille de Bernard Tapie. Cependant, Monaco s’accroche et ne quittera jamais le podium de 1989 à 1993, grâce au génie de l’Alsacien.

Dénichant successivement George Weah et Youri Djorkeff, il fut également le grand artisan de l’éclosion d’Emannuel Petit au plus haut niveau. Avec ses jeunes pépites, Monaco connaîtra une finale de la Coupe des coupes en 1992 (perdue 2-0 contre le Werder Brême). Deux ans plus tard, et sans l’attaquant africain, l’ASM ira jusqu’en demi-finale de Ligue des champions contre l’AC Milan (défaite 3-0).

Après son très beau parcours sur la scène européenne, le Bayern Munich tente une approche pour enrôler l’entraîneur tricolore, en vain. Mais le technicien va être remercié après un mauvais très mauvais début de saison, par le président Jean-Louis Campora. Il rebondira au Japon avant de débarquer en 1996 en Angleterre, à Arsenal. L’homme qui a repéré Thierry Henry et David Trézeguet à Monaco, ne change pas sa philosophie et continue de s’appuyer sur la détection de jeunes joueurs promis à un bel avenir comme Patrick Vieira, Cesc Fabregas, Kolo Touré, ou encore Fredrik Ljunberg. Il connaîtra la gloire au royaume de Sa Majesté quelques années plus tard en remportant notamment trois titres de champion d’Angleterre dont le plus célèbre en 2004 avec les Invincibles.

Surnommé Le Professeur par les médias britanniques et les supporters, Arsène Wenger possède, depuis 2007, une statue à son effigie dans l’entre des Gunners : l’Emirates Stadium.

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