A Lille, le Big Bang Bielsa
Un vent de "revolución" venu d'Amérique du Sud souffle sur le Nord. La direction, l'effectif, le centre d'entraînement, le style de jeu... Lille vient de connaître un "Big Bang" comme aucune autre formation de L1, attisant les curiosités à plus d'une semaine de la reprise, contre Nantes le dimanche 6 août. Pour ce qui est "un mélange d'impatience et d'excitation", résume à l'AFP le président Gérard Lopez, qui a racheté le club en début d'année, à l'aube de sa première saison complète.
Les travaux de Bielsa
L'espoir porte un nom: Bielsa. Le technicien argentin, accompagné du conseiller sportif Luis Campos et du directeur général Marc Ingla, a entamé dès son arrivée les grands travaux sur un quasi-champ de ruines, après la 11e place de la saison passée, le pire classement du Losc depuis 2003. Le chantier a d'abord été au sens propre. Le domaine de Luchin a été transformé, avec de nouvelles chambres individuelles, un restaurant et une salle de détente pour les joueurs. Il a ainsi pu accueillir l'intégralité de la préparation, à huis clos, de l'équipe, la seule du Championnat à être restée entre ses murs. Et ça a débuté vite: Lille a attaqué la présaison en premier, avec Nice, le 19 juin. Des vacances raccourcies qui s'expliquent par la nécessité d'assimiler les nouvelles exigences du "Loco" Bielsa, et d'intégrer les nombreuses recrues, issues d'un mercato encore très mouvementé. "On va arriver sur ce mercato avec 75 à 90 millions d'euros", auxquels il faut ajouter la quinzaine de millions déjà dépensés lors du mercato d'hiver, explique Gérard Lopez, à l'origine de ces investissements à l'échelle inédite pour les Dogues.
Roulez jeunesse !
Bielsa, formateur réputé, et son staff ont privilégié jeunesse - les 13 recrues ont un peu plus de 21 ans en moyenne -, à l'expérience: elles ne comptent que 68 matches en L1, pour les seuls Kévin Malcuit et Nicolas Pépé. Ce choix tranche avec l'ancienne politique. Les tauliers Rio Mavuba, Vincent Enyeama, Marko Basa, Eder ou Eric Bauthéac, bien que sous contrat, ont été tous invités à partir, victimes de la fièvre jeune du Losc. Les nouvelles têtes d'affiche s'appellent désormais Luiz Araujo, Thiago Mendes ou Thiago Maia. Trois Brésiliens qui incarnent le nouveau jeu lillois, offensif et intense, du bois qui a fait la renommée de Bielsa de Bilbao à Marseille. Les prémices sont déjà visibles à l'entraînement. Intensité, rigueur, sens du détail, sont les mots qui reviennent le plus dans la bouche des Lillois. "On travaille beaucoup avec le ballon et beaucoup tactiquement, comparé aux années précédentes", remarque Ibrahim Amadou, promu capitaine, à 24 ans, lors des matches amicaux.
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"Beaucoup d'intensité"
Le projet "demande beaucoup d'intensité. Il faut qu'on court beaucoup pour rivaliser avec les meilleures équipes", estime Farès Bahlouli. "Le coach est très rigoureux dans les détails, il analyse tout ce qu'on fait sur le terrain. Ca va faire la différence durant la saison", constate Yassine Benzia. Bielsa, assisté d'un traducteur, impose un rythme soutenu avec deux entraînements presque quotidiens, en plus des séances de vidéo, individuelles et collectives, pour parfaire le schéma tactique. La préparation a pu lever le voile sur les grandes lignes de celui-ci, alors que Bielsa travaille dans le plus grand secret à Luchin, où un espace a été aménagé pour qu'il puisse y résider. Pressing haut, jeu direct: l'Argentin applique sa recette, même si plusieurs ajustements restent à peaufiner. Il a par exemple tenté une défense à trois à Courtrai (4-0), puis à quatre à Ostende (0-0) le match suivant.
La révolution a encore du chemin jusqu'au top 5 annoncé, dès cette saison, par la nouvelle direction. Sans expérience L1 et avec un système tout neuf, les premiers moments peuvent se révéler tumultueux. Mais Gérard Lopez en est convaincu: avec le talent, "les résultats seront à la clé."
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