Ligue 1 : pourquoi les promus ne vont pas s'effondrer
Monaco 2e, Nantes 4e, Guingamp 5e. Si le championnat s'arrêtait là, les trois promus disputeraient la Coupe d'Europe. Cet état de grâce va-t-il durer ?
"On est à la moitié des points nécessaires au maintien, il faut continuer dans ce sens." Guy Roux ? Non, Michel Der Zakarian, l'entraîneur de Nantes, après la victoire de son équipe contre Ajaccio le 21 octobre dernier. Les Canaris occupent toujours la 4e place de la L1, un résultat inespéré. Etat de grâce temporaire ou tendance de fond sur la solidité des promus, Monaco (2e, qui constitue un cas particulier en raison des moyens de son propriétaire) Guingamp (5e) et Nantes ? Eléments de réponse.
La Ligue 1, pas le parcours du combattant pour les promus
Depuis quinze ans et la saison 1997-1998 en moyenne, deux équipes sur les trois promues parviennent à se maintenir. Les petits nouveaux ont même réussi le grand chelem en 2005-2006, quand Le Mans, Troyes et Nancy ont conservé leur place dans l'élite. D'où le renouvellement important en première division depuis 10 ans : des anciennes places fortes de la L1 comme Lens ou Auxerre croupissent en L2, quand de nouvelles têtes comme Evian ou Valenciennes commencent à faire leur trou dans l'élite.
De là à s'imposer directement comme un candidat au titre, il y a un pas. Seules trois équipes ont réussi cet exploit : Bordeaux en 1950, Saint-Etienne en 1964 et Monaco en 1978. Depuis, la meilleure performance est à mettre à l'actif de Lille, en 2000-2001, qui décroche directement un strapontin pour la Ligue des champions en terminant sur le podium.
À de rares exceptions, les promus partis très fort tendent plutôt à voir s'éroder leur place au classement. Ce qui n'est pas le cas de la moyenne des autres : à la 11e journée, ils se situent autour de la 13e place, position qu'ils occupent encore en fin de saison.
Un signe de faiblesse de la Ligue 1 ?
"On ne va pas tarder à expliquer le bon début des promus par le fait que le niveau de la L1 est en baisse", regrette l'entraîneur guingampais Jocelyn Gourvennec, dans 20 Minutes. L'argument fonctionne, si on compare le sort des promus français avec les clubs qui se risquent à monter en Premier League anglaise.
Outre-Manche, le niveau est tel que les rares promus qui parviennent à s'accrocher le doivent surtout à un président au portefeuille bien garni pour investir massivement sur de bons joueurs. "Il faut trois ans pour consolider sa place en Premier League", estimait l'ex-entraîneur de Stoke City, Tony Pulis.
Dans le championnat anglais, jamais un promu n'a fait mieux que Reading, qui s'est hissé à une inespérée 8e place en 2006-2007. Seul un nouveau venu sur trois parvient à se maintenir au moins cinq ans dans l'impitoyable Premier League. Avec aucun espoir de faire mieux que le milieu de tableau, derrière les huit mastodontes richissimes qui se disputent les places européennes. Sur les quinze dernières années, 39 équipes ont participé à la Ligue 1, contre 43 dans le championnat anglais. La différence ? L'espérance de vie d'un promu en Premier League est de moins de deux ans, alors qu'en Ligue 1, c'est le double.
Ce qui n'est pas le cas en France, où les dix meilleures équipes de L2 et les dix plus mauvaises de L1 semblent interchangeables. En témoigne la difficulté qu'ont les grosses équipes reléguées (Saint-Etienne par le passé, Lens, Nantes jusqu'à récemment, Auxerre...) à remonter rapidement à l'étage supérieur. Frédéric Thiriez, président de la Ligue de football professionnel, expliquait en juillet 2012 que la France a "la meilleure deuxième division d'Europe". Ce que confirment Guingamp, Nantes et Monaco.
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