Ligue 1 : l'OM "est sur la corde raide", estime Christophe Bouchet, ancien président du club
L'Olympique de Marseille "est sur la corde raide", assure lundi 19 février, sur franceinfo Christophe Bouchet, ancien président de l'OM de 2002 à 2005, alors que le club se sépare de son entraîneur, l'italien Gennaro Gattuso, au lendemain de la défaite face à Brest. L'OM est 9e de Ligue 1 à six points de l’Europe, et à 13 points des premiers relégables.
L'OM n'a "aucune stratégie de club", déplore Christophe Bouchet qui regrette également "l’absence" de l’actionnaire principal, l’Américain Franck MacCourt, qui reste "une énigme". L'ancien président de l'OM salue l'arrivée de Jean-Louis Gasset, annoncé sur le banc des Olympiens, "un homme d'expérience", "rompu au rôle de pompier de service".
Franceinfo : Comment analysez-vous la situation actuelle à l’OM ?
Christophe Bouchet : C’est un problème de fond, il n’y a pas de stratégie de club à l’Olympique de Marseille. Il y a un actionnaire absent (Franck McCourt), un président (Pablo Longoria) qui ne fait que des transferts, ce qui est toujours un peu surprenant. Il n’y a aucun fond, aucune stratégie de club, et pas d’équipe non plus. On ne peut pas avoir de résultats sportifs dans le football en changeant d’équipe tous les six mois. Cela ne fonctionne pas et ça n’a jamais fonctionné. Le football nécessite une véritable stabilité sportive. Les grands clubs ne réussissent que par la stabilité. L’Olympique de Marseille est à l’opposé de cela, ça ne peut pas fonctionner. Vous pouvez avoir le meilleur entraîneur du monde, Pep Guardiola (entraîneur de Manchester City) peut venir à l’OM, cela ne changera rien au sujet de la qualité de l’effectif marseillais. Et surtout, ça ne changera rien au fait que les joueurs ne se connaissent pas. Je suis un ancien président de l’OM et je ne connais pas un seul joueur. C’est un manège permanent qui est contre-productif à tous les niveaux. L’OM est à six points de l’Europe, et à 13 points des relégables. On est sur la corde raide. Dans cinq à six journées, l’OM peut en effet être dans les places européennes, mais elle peut être aussi en position de relégable. Il faut faire attention, ne pas oublier que tous les clubs sont mortels.
Quel est selon vous la part de responsabilité des dirigeants ?
Elle est totale. Je ne sais pas faire le tri entre ceux qui dirigent au quotidien et l’actionnaire qui a complètement disparu. Aujourd’hui, la véritable énigme du football français, c’est : où est passé Franck McCourt ? Il est là le vrai sujet. On annonce depuis des années des déficits considérables à l’OM. Il y a bien quelqu’un qui les comble. Mais dans le même temps, on ne voit aucune direction, aucune politique, aucune identification, incarnation du club par une équipe dirigeante. C’est troublant. Franck McCourt est une énigme. C’est un actionnaire à deux faces. Il renfloue en permanence le club, mais on est incapables de donner une politique à l’OM, de dire ce que pourrait être sa politique, sa feuille de route, son envie. C’est complexe.
Quelle est la solution ?
Il y en a une, mais personne ne veut l’engager. Je l’ai évoqué il y a quelques mois lors de l’épisode tragi-comique avec les supporters. Si toutes les forces qui sont autour de l’OM - économiques, politiques, le maire de Marseille, l’actionnaire, les supporters - si tout le monde ne se met pas autour de la table pour des états généraux, il ne se passera jamais rien. Un jour, ce sont les dirigeants qui changent tout le temps, un jour ce sont les supporters qui ont une crise d’urticaire, même si on peut les comprendre. C’est ingérable. Un club, quel qu’il soit, nécessite de la stabilité. Il faut une puissance énorme pour imposer que le club sur deux, trois, quatre ans. C’est la seule solution possible. Il faut faire un plan, se dire que ce sera peut-être les vaches maigres pendant quelque temps, mais il faut construire quelque chose.
Que pensez-vous de l’arrivée sur le banc de Jean-Louis Gasset ?
C’est un homme d’expérience, il est rompu au rôle de pompier de service. Mais ce n’est pas Jean-Louis Gasset à son âge qui va rentrer sur le terrain. Heureusement en football, il faut compter sur les effectifs des joueurs. On a une maladie un peu franchouillarde où il faut changer les entraîneurs pour masquer l’absence de politique sportive solide, sérieuse et stable. C’est le cas à l’OM, mais aussi dans d’autres clubs.
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