Les questions posées par la blessure de Lionel Messi
La Catalogne très inquiète
Ce dimanche, la Catalogne joue son avenir politique. Le scrutin pour l’élection des députés du Parlement régional pourrait conduire à moyen terme à une déclaration d’indépendance. Ce qui pourrait avoir des conséquences terribles comme l’exclusion du Barca de la Liga. Mais ce dimanche, les Catalans sont aussi inquiets pour l’avenir à court terme de leur Barca. Comment va faire le club sans Lionel Messi, absent pour les sept ou huit prochaines semaines à cause d’une blessure au genou gauche contractée lors de la victoire contre Las Palmas (2-1) samedi ? Comment faire sans l’homme qui facture 45 buts en 52 matches en 2015, et déjà 9 buts et 2 passes décisives en 12 matches cette saison ? "Le meilleur joueur du monde se blesse, nous ne pouvons qu'être tristes", a déploré Josep Maria Bartomeu, le président du club. "A chaque blessure, nous sommes tristes et nous nous sentons mal. S’il s’agit de celle de Leo Messi, c’est encore pire (…) Mais nous sommes unis et je suis sûr que nous irons de l’avant”, a voulu positiver l’entraîneur Luis Enrique. Les messages de soutien de ses coéquipiers après la rencontre prouvent en tout cas que cette absence est un sacré coup dur pour tout le monde.
Le tweet d’Andres Iniesta
Voir sur Twitter
Le tweet de Neymar
Voir sur Twitter
Une blessure longue, fait assez rare
Depuis ses débuts chez les professionnels le 16 octobre 2004, Lionel Messi a disputé près de 600 matches avec le Barca (597) et n’en a pas manqué tant que ça. Cette blessure est la 13e en carrière et se classe parmi les plus longues qu’il ait connues.
Voir sur Twitter
Sa première grave blessure était intervenue lors du match de Ligue des champions face à Chelsea en mars 2006 (un mois d’absence). Lors de la saison 2006-2007, il avait ensuite manqué 3 mois de compétition en raison d’une blessure au pied gauche. La suivante, il avait manqué un mois et demi en mars (biceps fémoral) puis un mois en décembre (toujours le biceps fémoral). Sa dernière grosse blessure remontait au 10 novembre 2013. Une déchirure musculaire à la jambe gauche, contractée lors d’un match contre le Betis Séville, l’avait éloigné des terrains pendant 58 jours. Il avait manqué neuf rencontres. Là, il pourrait manquer 13 rencontres (club et sélection confondus) et faire son retour pour le Clasico face au Real Madrid le 21 novembre. Un Clasico sans Messi paraît inconcevable, tant ce match est attendu par toute la planète. Son absence serait un petit événement puisqu’il n’en a jamais manqué un depuis qu’il joue au Barca. Cependant sa présence est aujourd’hui loin d’être évidente. S’il ne foule pas la pelouse du Santiago Bernabeu, son retour aurait lieu trois jours plus tard au Camp Nou pour le match de C1 face à la Roma.
Voir sur Twitter
Dans le jeu, la prise de pouvoir de Neymar ?
Depuis le début de la saison, le Barca c’est un titre (Supercoupe d’Europe), des succès compliqués contre des équipes accrocheuses (Bilbao 1-0, Malaga 1-0), mais aussi des déroutes comme à Bilbao lors du match aller de la Supercoupe d’Espagne (0-4) et contre le Celta Vigo en championnat (1-4). Messi, lui, a poursuivi sur sa lancée de sa folle saison 2014-2015 avec déjà 9 buts et 2 passes décisives en 11 matches avant la rencontre face à Las Palmas.
Voir sur Twitter
Toujours aligné sur le côté droit de l’attaque en début de match, il se recentrait ensuite pour prendre le jeu à son compte. Messi absent, c’est toute l’animation offensive du Barca qui va être modifiée. Plus de "passe-banane", cette fameuse trajectoire arrondie, dans le dos de la défense, plus de prise à deux ou à trois sur lui qui libère des espaces, plus de fixation de la défense pour trouver Neymar ou Luis Suarez, plus de combinaison avec Daniel Alves sur l’aile droite, bref, plus les repères habituels.
En conférence de presse d’après-match, Luis Enrique s’est voulu rassurant. "Le Barça ne changera pas de stratégie sans Leo. Il peut nous sortir de solutions difficiles individuellement mais, maintenant, nous devrons simplement améliorer les aspects collectifs". Sans les éclairs de la Pulga, le Barca s’appuiera sur Neymar, qui devrait prendre encore plus d’importance durant ces semaines, sur le réalisme de Luis Suarez auteur d'un doublé samedi, mais aussi peut-être sur une réappropriation de l’animation par le milieu de terrain et notamment d’Andres Iniesta. Beaucoup moins influent que par le passé, le milieu de terrain pourrait retrouver un rôle moteur dans le jeu offensif dans son équipe.
Qui va le remplacer sur le terrain ?
Messi absent, une place de titulaire se libère. Et les regards catalans de se tourner vers Londres où évolue désormais Pedro. On comprend désormais pourquoi personne en Catalogne ne voulait voir partir l’ailier espagnol. Il aurait naturellement pris la place de l’Argentin et aurait rendu de fiers services. Pedro parti, il ne reste plus que des jeunes, puisque Rafinha, le 12e homme de Luis Enrique, s’est gravement blessé contre la Roma (rupture d’un ligament du genou). Samedi, c’est le jeune Munir El-Haddadi qui est entré en jeu. Ce gaucher de 20 ans qui s’est révélé lors de la Youth League (Ligue des champions des U19) en 2013 et avait réalisé un bon début de saison l’an dernier avant de rentrer dans le rang, devrait bénéficier de temps de jeu. Au même titre que l’attaquant Sandro, autre jeune promu par Luis Enrique cette saison. En attendant la levée des sanctions de la Fifa que le Barca traînent comme un boulet en ce début de saison.
Interdit de faire jouer une recrue jusqu’au 1er janvier prochain, le "Mes que un club" avait pourtant fait la demande d’un joker médical après la blessure de Rafinha. Déboutée par la Fifa, le Barca pourrait revenir à la charge a prévenu son président. "Nous attendons que la FIFA nous donne une réponse à notre demande d'inscrire un joueur. En fonction de celle-ci, nous irons jusqu'au bout", a assuré Bartomeu. En cas de réponse positive, Arda Turan, arrivé de l’Atletico Madrid cet été, serait alors lancé dans le grand bain.
Pour le Ballon d’Or, les cartes sont-elles redistribuées ?
La route vers un cinquième Ballon d’Or était toute tracée pour Lionel Messi. Acteur majeur du retentissant triplé (C1-championnat-Coupe du Roi), décisif tout le temps, double buteur en Supercoupe d’Europe, l’Argentin avait déjà fait de la place dans l’étagère pour que les quatre premiers accueillent leur "petit frère". Il n’avait plus qu’à empiler les buts et les actions de classe jusqu’au 11 janvier 2016, date de la remise du trophée à Zurich. Cette blessure le coupe dans son élan et pourrait bien relancer son principal rival, Cristiano Ronaldo. Déjà auteur de 8 buts en 7 matches avec un quintuplé (contre l’Espanyol Barcelone) et un triplé en C1 (face au Chakthior Donetsk), CR7 a ici l’occasion de briller seul sur scène. S’il renverse la vapeur, ça ne sera qu’à coup de buts, puisqu’aucun trophée ne sera mis en jeu d’ici là.
Outre Ronaldo, un autre homme pourrait profiter de l’absence de Messi, c’est son coéquipier Neymar. Le Brésilien, meilleur buteur ex-aequo avec l’Argentin de la C1 (10 buts), a lui aussi tout gagné la saison dernière. S’il endossait le costume de leader au Barca et brillait de mille feux, il pourrait se trouver bien plus haut dans la hiérarchie début janvier. "Être le meilleur joueur du monde est un rêve pour tout joueur. Mais, je ne le suis pas. Je ne le suis pas. J’espère continuer à travailler en donnant le maximum, évoluer saison après saison pour être au moins parmi les trois finalistes pour le Ballon d’or" avouait-il récemment. S’il rêvait d’une troisième place pour 2016, il a là, l’occasion de rêver plus grand.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.