Le Maroc privé de CAN : lourde déception et pertes financières
Depuis cet automne, le Maroc avait demandé deux fois que la compétition soit reportée en raison des risques liés à l’épidémie d’Ebola. La Confédération Africaine de Football ne l’a pas entendu de cette oreille et a tranché : la coupe aura donc bien lieu début 2015, mais dans un autre pays dont le nom devrait être rapidement dévoilé. Pour ajouter à l’amertume des Marocains, leur équipe - les Lions de l’Atlas - est disqualifiée.
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Les journaux n’en font pas leurs gros titres et préfèrent parler par exemple des ambitions réaffirmées du constructeur automobile Renault dans le Royaume. C’est comme si la presse faisait tout pour minimiser ce qui est pourtant bien une déconvenue. Les fans de foot sont d’ailleurs assommés. Habib Azizi est préparateur mental pour l’équipe olympique de football. Jusqu’au bout il a cru que la Coupe d’Afrique des Nations, serait juste reportée. Finalement la fête n’aura pas lieu ici. Pire encore : son équipe est disqualifiée. Habib a bien du mal à cacher son amertume.
"On n’avait pas organisé de Can depuis 1988. On n’en avait pas remporté depuis 1976. Et là, tout le monde voulait croire à nos chances de victoire. C’est une lourde déception pour le peuple qui respire et vit football dans notre pays. C’est un coup très dur aussi pour les joueurs ? J’ai reçu une trentaine de coups de téléphone de joueurs aujourd’hui. Tous K.O. En prévision d’une telle compétition, les joueurs professionnels se préparent souvent une année ou même plus. Ce sont des efforts considérable" explique le préparateur.
Au moins 20 millions de dollars de pertes
Beaucoup de supporters des Lions de l’Atlas en veulent à la diplomate sportive marocaine de n’avoir pas su argumenter suffisamment bien auprès de la Confédération Africaine de Football pour la convaincre de reporter juste de quelques mois la CAN. D’autres - sur les réseaux sociaux notamment – n’hésitent pas à dénoncer "la mafia" que serait cette Confédération. Une mafia qui serait plus intéressée à leurs yeux par l’argent que par la santé des Marocains.
A cause des investissements devenus inutiles et aussi des remboursements qu’il va falloir opérer à de nombreux collaborateurs, le Maroc va perdre au moins 20 millions de dollars. L’équipe nationale et les clubs marocains de football pourraient subir des sanctions financières et sportives plusieurs années. Malgré cela, même les plus mordus de sport expliquent qu’ils comprennent la décision prise. La majorité des Marocains voit dans le virus Ebola un cas de force majeure sanitaire et salue une sage décision de la part des autorités. Principe de précaution et responsabilité. Et cela même si ces derniers jours, on enregistre sur le continent une baisse du nombre de nouvelles contaminations.
"La santé plus précieuse que tout"
"Je soutiens Sa Majesté, et je soutiens les ministres dans leur décision. On est triste de renoncer à la CAN, mais la santé des Marocains est plus précieuse que tout. Nous sommes trop faibles et pas assez préparés face à ce virus contre lequel nous n’avons pas de vaccin. Le sport c’est bien. La survie de nos enfants, c’est encore plus important" argumente Ahmed, 26 ans attablé avec des amis à une terrasse non loin de l’océan.
Un peu plus loin, Chafik la soixantaine ajoute : "Le Maroc n’est pas la France ou la Grande-Bretagne, nos hôpitaux ne sont pas aussi bien équipés et préparés que ceux de Paris ou de Londres si des cas d’Ebola étaient détectés" .
Une décision et des rumeurs...
Certaines rumeurs dans le royaume disent toutefois qu’Ebola n’est pas la vraie raison du désistement. Certains évoquent une impréparation dans l'organisation, le risque terroriste trop élevé. D’autres encore disent que le Maroc ne supportaient pas de voir se profiler sur son sol une défaite contre l’Algérie, l’ennemi de toujours très en forme cette année, après de très belles performances en Coupe du Monde cet été.
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