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L'arbitre d'OM-PSG a-t-il raté son match ?

Clément Turpin s'est attiré les foudres des supporters des deux clubs pour son intransigeance, dimanche. A-t-il vraiment perturbé la rencontre ?

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Clément Turpin donne un carton jaune à Zlatan Ibrahimovic alors qu'il sort du terrain, le 6 octobre 2013 à Marseille (Bouches-du-Rhône). (PHILIPPE LAURENSON / BLUEPIX / AFP)

Deux penalties, un carton rouge, sept cartons jaunes. L'arbitre du choc OM-PSG, Clément Turpin, connu pour distribuer beaucoup de cartons (18 rouges sur ses 26 derniers matchs), ne s'est pas fait que des amis, dimanche 6 octobre au Stade Vélodrome, lors du clasico OM-PSG. Son arbitrage sévère a été critiqué par les Parisiens comme par les Marseillais.

Comme le raconte Metronews, le jeune arbitre a reçu des tombereaux d'insultes sur les réseaux sociaux et sa page Wikipédia a été piratée. Même un élu, Pascal Cherki, le maire du 14e arrondissement de Paris, s'en est pris à l'homme en noir. Clément Turpin mérite-t-il vraiment toutes ces critiques ? Francetv info refait le match.

L'expulsion de Thiago Motta

Le fait de jeu. A la demi-heure de jeu, l'Italien du PSG manque son contrôle de la tête dans la surface de réparation. Motta tente de dégager le ballon et trouve le pied de Mathieu Valbuena, plus prompt que lui. Le Marseillais tombe, l'arbitre siffle un penalty et expulse le joueur parisien.

Ce que disent les Parisiens. "Peut-être que le penalty est justifié, mais le carton rouge est vraiment exagéré, explique Thiago Motta dans L'Equipe. L'arbitre s'est complètement planté." Son coéquipier Alex ne dit pas autre chose : "Sur l'expulsion, j'étais juste derrière Thiago. Qu'il y ait penalty, peut-être, carton jaune, peut-être, mais carton rouge, non."

Ce que dit le règlement. Dans le guide des lois du jeu (PDF) de la Fédération française de football, deux motifs peuvent expliquer la décision de Clément Turpin. L'arbitre a d'abord pu estimer que Thiago Motta avait entravé par son geste une "occasion nette de but". Il a également pu juger que le coup de pied de l'Italien était un "excès d'engagement" ou une "brutalité", deux caractéristiques d'une "faute grossière" synonyme d'expulsion.

Ce qu'en pensent les arbitres. Contacté par francetv info, Joël Quiniou estime "que le carton rouge est bien sévère". L'ancien arbitre international doute que "Valbuena puisse s'emparer du ballon" et remarque qu'Alex couvre Motta, deux faits qui invalident à ses yeux la thèse de l'"occasion nette de but".

Pour lui, le coup de pied de Motta est plus "un geste maladroit qu'un excès d'engagement". "Il faut privilégier l'esprit, Thiago cherche à jouer le ballon, il ne lui a manqué qu'un dixième de seconde, poursuit-il. Il n'y a pas d'intention délibérée de blesser son adversaire", juge-t-il.

Sur son blog chez Sports.fr, Bruno Derrien, lui aussi ancien arbitre international, est du même avis. "Personnellement, je pense qu'un carton jaune aurait pu suffire", écrit-il, avant de rappeler que l'arbitre ne juge pas l'action dans les mêmes conditions qu'un téléspectateur : "C'est facile de juger depuis son canapé après trois ou quatre ralentis."

Le penalty pour le PSG

Le fait de jeu. A la 65e minute, après un coup franc lointain, le gardien marseillais repousse une tête parisienne. André Ayew se précipite sur le ballon, mais Marquinhos est le plus rapide. Le Marseillais fait un croche-pied au Parisien, qui s'effondre. L'arbitre n'hésite pas et siffle le deuxième penalty de la soirée.

Ce que dit le règlement. Le geste d'André Ayew relève de la loi 12 du jeu, qui prévoit qu'un coup franc (ou un penalty si la faute est commise dans la surface de réparation) est accordé lorsqu'un joueur "fait ou essaye de faire un croche-pied à l'adversaire".

Ce que disent les Marseillais. "L'arbitre leur accorde un penalty qui est une compensation", a regretté après la rencontre Mathieu Valbuena au micro de Canal+. "On sentait que l'arbitre attendait le moindre moment pour siffler. On aurait dû être un peu moins naïfs sur ce coup", abonde l'entraîneur Elie Baup dans L'Equipe. Pour le camp marseillais, l'arbitre n'a accordé ce penalty que pour compenser celui sifflé en leur faveur en première mi-temps.

Ce qu'en pensent les arbitres. En revanche, pour Joël Quiniou, "le penalty est tout à fait logique". "Ayew arrive avec du retard, il accroche son adversaire. Ce n'est pas une faute spectaculaire mais c'est une faute de jeu, commise dans la surface de réparation", argumente-t-il. Bruno Derrien est sur la même ligne : "Le penalty sifflé contre les Marseillais est logique, il n'y a rien à dire."

Les cartons jaunes d'Ibrahimovic et Cavani

Le fait de jeu. A la 76e et à la 81e minutes, Ibrahimovic et Cavani sont remplacés. Les deux joueurs quittent le terrain en marchant. L'arbitre décide alors de leur distribuer un carton jaune pour gain de temps.

Ce qu'en disent les Parisiens. "Ce que je pense de l'arbitre ? J'ai pris un carton jaune car je lui ai dit qu'il avait fait un bon match, je ne sais pas quoi dire de plus", a ironisé Zlatan Ibrahimovic selon Metronews. Dans la zone mixte, le Parisien s'est fait encore plus critique envers Clément Turpin, estimant que le match "était trop important pour lui".

Ce qu'en pensent les arbitres. "Il n'y a pas de point particulier du règlement si un joueur sort et cherche à gagner du temps", rappelle Joël Quiniou. Dans le cas d'Edinson Cavani, légèrement blessé après un tacle de Rod Fanni, il estime qu'il est "difficile de demander à des joueurs atteints physiquement de sortir en courant". 

L'ancien arbitre international juge que Clément Turpin en a fait un peu trop avec ces deux jaunes. "Il doit appréhender le match autrement qu'en restant accroché à son carton. Le carton n'est pas forcément un signe d'autorité, cela peut être une facilité. Il y a d'autres façons de raisonner les joueurs", explique-t-il, tout en reconnaissant que "l'arbitrage n'est pas une science exacte".

Bruno Derrien rappelle sur Twitter que son jeune confrère n'est pas le premier à sortir un carton pour ce motif. Et se montre moins sévère sur Sports.fr. 

S'il juge que Clément Turpin "aurait peut-être pu gérer différemment ce cas en ajoutant du temps additionnel", il souligne que "le match n'a jamais dégénéré". "Les trois buts sont valables, il faut avoir l'honnêteté de reconnaître que Monsieur Turpin n'a pas eu d'influence sur le score, et c'est ce qu'on demande en priorité à un arbitre", écrit-il. L'expulsion discutable de Thiago Motta n'a en effet pas empêché le PSG de l'emporter.

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