Reportage "Franz Beckenbauer a redonné la fierté" : avant l'hommage de toute l'Allemagne, l'émotion des Munichois pour le "Kaiser"

L’Allemagne s’apprête à dire un dernier adieu à Franz Beckenbauer, mort le 7 janvier à l’âge de 78 ans. Plusieurs hommages sont prévus ce vendredi. Franceinfo a remonté le fil de la vie du "Kaiser", à Munich, pour comprendre l’empreinte qu’il a laissée sur la planète football.
Article rédigé par Sébastien Baer
Radio France
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Au pied de l'immeuble où à grandi le "Kaiser", Raphael prend la pose : il vit aujourd'hui dans l'appartement de la légende du foot allemand. (SEBASTIEN BAER / RADIOFRANCE)

L’histoire commence ici, au numéro 6 de la rue Zugspitze, dans l’ancienne banlieue ouvrière de Munich, au pied de l’immeuble où Franz Beckenbauer a grandi. Là où des admirateurs ont déposé des bougies et des fleurs depuis l'annonce de la mort du "Kaiser", le 7 janvier 2024, à l'âge de 78 ans.

Raphael, qui vit depuis plusieurs années au 4e et dernier étage, raconte : "Vous voyez l’affiche là-haut ? 'Merci Franz'... C’est moi qui l’ai faite parce que j’habite dans son appartement. En face, il y a le club où il a appris à jouer au football. Avant, il y avait une vieille clôture en bois, mais lui et son frère n’étaient pas assez patients pour faire le tour : ils avaient arraché les lattes de la clôture pour se faufiler et pouvoir jouer au foot cinq minutes de plus", glisse-t-il. 

C'est ici, au numéro 6 de la rue Zugspitze, dans l’ancienne banlieue ouvrière de Munich, que Franz Beckenbauer a grandi. (SEBASTIEN BAER / RADIOFRANCE)

"L'une des plus grandes légendes de la planète football"

À 14 ans, Franz Beckenbauer rejoint le Bayern Munich, qui a prévu un hommage vendredi après-midi dans son stade, l’Allianz Arena de Munich.  Avec le club bavarois, le numéro 5 - joueur, entraîneur et enfin président -  gagne toutes les compétitions possibles.

Hartmut, 61 ans, fan du "Kaiser" depuis la première heure, venu de Karlsruhe pour rendre hommage à celui qu’il appelle "la légende", devant le siège du Bayern Munich. (SEBASTIEN BAER / RADIOFRANCE)

Sous les couleurs de l’Allemagne, il remporte la coupe du monde 1974 en tant que joueur, et celle de 1990 comme sélectionneur. "C’est l’une des plus grandes légendes de la planète football", assure Hartmut, 61 ans, qui l’a vu jouer à plusieurs reprises. 

"Il était tout simplement fantastique, avec du charme, du charisme, de l’élégance… Il maniait la balle avec légèreté, comme un magicien. Il pouvait faire ce qu’il voulait, il était toujours le meilleur, tout le monde l’aimait."

Hartmut

Ă  franceinfo

Quand l’Allemagne organise la coupe du monde 2006, c’est grâce à Beckenbauer, qui a pris la tête du comité de candidature. Le tournoi est un succès, une grande fête populaire, se souvient le philosophe et sociologue du sport Gunter Gebauer. "C'était un éclatement de joie nationale. On commençait à acheter des petits drapeaux allemands, chanter l'hymne national... C'était du jamais vu, parce qu'avant c'était difficile d'être allemand. On a été élevés dans le sens que l'Allemagne avait apporté beaucoup de malheurs dans le monde entier. C'était Beckenbauer qui a ouvert la voie : il a redonné la fierté. Ça a fait énormément de bien à beaucoup d'Allemands"

Des milliers de personnes ont fait la queue pour signer le livre de condoléances de Franz Beckenbauer, dont la photo est exposée à la Hofkapelle de Munich. (SEBASTIEN BAER / RADIOFRANCE)

Mais surviennent des accusations de corruption : Beckenbauer est soupçonné d’avoir acheté l’organisation de la Coupe du monde. L’affaire égratigne alors la légende. "Pour beaucoup, cela a été un choc, comme quand on regarde un film qui nous enthousiasme, et qu’on apprend après que l’acteur principal n’est pas aussi gentil qu’on le pensait. Cela lui a nui personnellement parce que je pense qu’il a beaucoup souffert d’être perçus différemment par les gens", détaille René Hofmann, journaliste au quotidien Süddeutsche Zeitung.

Meurtri et victimes de graves problèmes de santé, le "Kaiser" se réfugie dans sa villa autrichienne, loin de la vie publique. Le 7 janvier dernier, c’est là que l’histoire s’est terminée.

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