"Les femmes ne devraient pas parler de football masculin"... Les tweets de Joey Barton poussent le ministre des Sports britannique à réagir

Depuis un mois, l'ancien milieu de terrain anglais enchaîne les sorties sur les réseaux sociaux dans lesquelles il martèle que "les femmes ne devraient pas parler de football masculin".
Article rédigé par Andréa La Perna, franceinfo: sport
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
Joey Barton alors entraîneur de Fleetwood Town, le 3 novembre 2019, face à Bolton. (MI NEWS / AFP)

En tant que joueur, il n'avait pas laissé un souvenir impérissable en Ligue 1. De sa saison avec l'OM, seule son altercation avec Zlatan Ibrahimovic est restée dans les mémoires. Désormais retraité (depuis 2017), le sulfureux Joey Barton est revenu sur le devant de la scène en Grande-Bretagne, où ses diatribes à l'égard des femmes (généralement des anciennes joueuses) travaillant comme consultantes football à la télévision se multiplient depuis un mois. Au point que le ministre des Sports Stuart Andrew a promis, mardi 9 janvier, d'intervenir auprès des plateformes de réseaux sociaux pour agir contre les commentaires "dangereux" de l'ancien joueur.

Le point de départ de l'escalade remonte au 7 décembre dernier lorsque Joey Barton, connu pour ses prises de position outrancières depuis ses débuts en tant que consultant en 2017, écrit sur son compte X (anciennement Twitter) : "Les femmes ne devraient pas parler du football masculin avec la moindre autorité. Soyons sérieux. C'est un jeu complètement différent. Si vous n'acceptez pas ça, on verra toujours les choses différemment. Le football féminin est en plein essor. C'est fantastique. Mais je ne peux rien prendre au sérieux de ce qu'elles disent du football masculin".

Des attaques personnelles à l'encontre de plusieurs femmes

Rapidement viral (presque 10 millions de vues), le tweet a mis le feu aux poudres. Plutôt que de le supprimer, Barton, qui a avoué avoir bu "quatre pintes" au moment de l'écrire, a martelé son point de vue avec d'autres messages. "Ces tweets ne font qu'encourager les critiques groupées sur les femmes et leur manière de travailler", lui a répondu la présentatrice Laura Woods. De son côté, Alex Scott, l'ex-internationale anglaise (140 sélections), a souhaité ne pas ajouter d'huile sur le feu : "Je n'ai pas de podcast à promouvoir ni la nécessité d'essayer d'utiliser une plateforme comme celle-ci pour intimider et rabaisser les autres".

"Je maintiens tout ce que j'ai dit sur les femmes commentant du football masculin. C'est comme si je parlais de tricot ou de netball. Trop loin de ma zone de confort."

Joey Barton

sur X (anciennement Twitter)

Interrogée sur le sujet, Emma Hayes, la coach de l'équipe féminine de Chelsea, avait tenté de prendre un peu de hauteur tout en prenant le soin de ne pas "entrer dans du personnel". "Si vous n'avez pas vécu la misogynie systémique, vous ne pouvez pas comprendre à quel point ces conversations sont préjudiciables, surtout qu'il n'en faut pas beaucoup sur les réseaux sociaux pour que les gens s'en prennent aux femmes. (...) Je pense que le sport est l'un des derniers domaines dans la société où le privilège des hommes continue d'exister. Si je la joue darwiniste et que j'invoque la théorie de l'évolution, quand il y a une menace existentielle, soit tu évolues, soit tu meurs. C'est l'un ou l'autre. La seule chose qu'il te reste à faire pour continuer à te sentir pertinent, c'est de faire beaucoup de bruit", avait-elle longuement développé en conférence de presse le 8 décembre.

Du genre hyperactif sur les réseaux sociaux, Joey Barton s'est appuyé sur l'exposition médiatique soudaine (et de ses 2,8 millions d'abonnés) pour promouvoir son nouveau show "Common Sense with Joey Barton", lancé sur Youtube le 15 décembre avec une vidéo où il rencontre l'anti-féministe américaine Pearl Davis. Toute occasion de rebondir a été saisie. Il a par exemple réagi à la nomination de la gardienne anglaise Mary Earps au titre de personnalité sportive de l'année en déclarant que s'il avait 100 penalties à tirer face à elle, il en marquerait 100, la qualifiant au passage de "gros sac à patates".

Un lourd passif d'agresseur

Joey Barton a franchi un autre palier en prenant violemment à partie Eni Aluko et Lucy Ward, deux anciennes joueuses passées consultantes pour ITV. Il les a qualifiées de "Fred et Rose West du commentaire de foot", en référence à un couple de serial killers, les a accusées de détruire des mariages et de se servir de "discussions sur l'oreiller" pour "faire avancer leur carrière". Des remarques qui ont poussé la chaîne ITV à condamner les remarques "vindicatives" et "honteuses" de l'ancien joueur de Manchester City ou encore Newcastle.

Ce n'est pas la première fois que ce dernier se retrouve dans l'oeil du cyclone. Joey Barton a longtemps traîné une réputation de "bad-boy" du temps où il foulait les pelouses de Premier League, avant qu'il ne franchisse à plusieurs reprises les limites de la légalité. Il a à son actif plusieurs mauvais gestes sur des adversaires, en match, mais aussi des agressions sur des coéquipiers dont le Français Ousmane Dabo, qui a failli perdre l'usage de son oeil en 2007 après une altercation avec le natif de Huyton.

Alors joueur de Manchester City, il avait écopé de 4 mois de prison avec sursis, de matchs de suspension et avait quitté le club par la petite porte. Quelques mois plus tard, il avait agressé deux personnes dans la rue, dont un adolescent, ce qui lui avait valu de passer 77 jours de prison. Lors de son passage à Marseille en 2012, postérieur à ces affaires, l'Anglais avait vendu une opération rédemption, avant d'insulter, déjà sur les réseaux sociaux, à l'encontre de plusieurs joueurs du PSG.  Il avait notamment qualifié Thiago Silva de "transsexuel en surpoids".

Malgré la prise de parole du ministre des Sports, Barton a maintenu sa position. "Je serais plus que content de vous avoir dans mon podcast Stuart Andrew", s'est-il même moqué sur X. Pas de signe d'apaisement à l'horizon.

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