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Euro 2016 : a-t-on déjà vu un parcours plus laborieux que celui du Portugal dans une grande compétition ?

Les Portugais ont attendu les demi-finales pour remporter leur premier match avant la fin du temps réglementaire, après trois nuls, une victoire en prolongation et une autre aux tirs au but.

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 7min
Cristiano Ronaldo pendant le match Portugal-Pays de Galles de l'Euro 2016, le 6 juillet 2016 à Lyon. (REUTERS)

Ce Portugal est laborieux, mais il est en finale. Les coéquipiers de Cristiano Ronaldo ont remporté une victoire sans discussion contre le pays de Galles (2-0), mercredi 5 juillet, en demi-finale de l'Euro 2016. Le scénario du match a sans doute soulagé les Portugais : critiqués pour leur jeu peu attrayant, ils n'avaient remporté aucun de leurs cinq matchs précédents dans le temps réglementaire. A-t-on déjà vu une équipe aller si loin dans une grande compétition malgré des résultats aussi médiocres ? Peut-être, comme le montrent ces cinq exemples.

Le Portugal à l'Euro 2016, en finale avec une seule victoire

Rappelons le scénario peu glorieux des matchs du Portugal. Sûre de sa force, et placée dans le groupe le plus faible sur le papier, l'équipe s'est d'abord laissée rejoindre par l'Islande (1-1), poussant Cristiano Ronaldo à critiquer les Islandais. La star du Real Madrid a ensuite livré un match catastrophique contre l'Autriche (0-0), ratant tout, y compris un penalty. Le troisième nul, contre la Hongrie (3-3), était plus héroïque, les Portugais ayant remonté trois fois leur retard. Ils ne doivent leur place en huitième qu'au changement de format de l'Euro, permettant la qualification des meilleurs troisièmes de groupe.

Envoyés dans la moitié facile du tableau, les Portugais ont neutralisé la Croatie pendant 117 minutes avant de marquer en contre (1-0 après prolongation). Ils se sont ensuite contentés du nul face à une Pologne très défensive (1-1) et gagné leur quart de finale aux tirs au but. Même contre les Gallois, en demi-finale, le Portugal a essentiellement dominé les dix premières minutes de la seconde mi-temps, le temps de marquer deux buts décisifs, avant de bien défendre.

Le Paraguay à la Copa America 2011, finaliste sans jamais gagner

Si vous aimez le football défensif, et que la Grèce de l'Euro 2004 est votre modèle, vous auriez adoré être supporter du Paraguay en 2011 : le pays est parvenu à se qualifier pour la finale de l'équivalent sud-américain de l'Euro sans gagner un seul match. Pire, l'équipe n'a marqué que lors de deux de ses six rencontres de la compétition. Un parcours dont les Paraguayens n'ont pas forcément à rougir : en poules, ils arrachent notamment un 2-2 contre le Brésil, avant un 3-3 complètement fou contre le Venezuela.

Les attaquants paraguayens ne trouveront plus le chemin des filets de la compétition, mais ils n'en auront pas besoin. En quarts, ils retrouvent le Brésil, tiennent le 0-0 jusqu'aux tirs au but, au cours desquels les quatre tireurs brésiliens manquent tous leur tentative. Avant la finale, un commentateur du Guardian  compare le Paraguay à la Grèce de 2004 : "Au fond, vous étiez pour eux, juste pour voir s'ils pouvaient vraiment gagner." Plus dure est la chute : l'Uruguay s'impose 3-0 en finale et met fin à ce parcours presque parfait. Quand à l'entraîneur de ce Paraguay si défensif, Tata Martino, il finira deux ans plus tard... au FC Barcelone.

Le Panama à la Gold Cup 2015, (presque) six 1-1 en six matchs

Dans le film Un jour sans fin, Bill Murray vit la même journée en boucle. Lors de la Gold Cup 2015 - le tournoi des nations d'Amérique du nord et centrale -, le Panama a vécu l'équivalent footballistique. Six fois, les Panaméens ont marqué. Six fois, leur adversaire a égalisé... et six fois le score en est resté là. Un parcours improbable qui s'est terminé par une place sur le podium. Sortie des poules en tant que meilleure troisième, l'équipe a gagné aux tirs au but en quarts de finale, puis lors de la petite finale.

La seule défaite des Panaméens, en prolongation, est venue dans le match qu'ils ont été le plus proches de gagner : en demi-finale, ils menaient 1-0 jusqu'à la 10e minute des arrêts de jeu, avant que l'arbitre n'accorde un penalty très discutable au Mexique, qui l'a finalement emporté 2-1, en prolongations, sur un autre penalty contesté. Brisant le rêve de voir un vainqueur qui n'aurait jamais gagné de match.

L'Argentine au Mondial 90 et l'Italie au Mondial 94, aussi en finale après une 3e place en poules

Beaucoup ont été surpris qu'une troisième place lors de la phase de poules permette au Portugal de se qualifier pour les huitièmes. Pourtant, ce système de meilleurs troisièmes, introduit cette année à l'Euro, a existé à la Coupe du monde entre 1982 et 1994, et n'a jamais empêché personne d'arriver en finale.

L'Italie l'a fait en 1994, après un parcours tout de même plus convaincant que le Portugal de 2016. Avec une victoire, un nul et une défaite en poules, elle avait terminé à égalité de points avec les trois autres équipes du groupe. En huitièmes, elle a été tenue en échec jusqu'aux prolongations, mais avait gagné son quart et sa demi-finale dans le temps réglementaire, avant de s'incliner contre le Brésil aux tirs au but.

L'Argentine de 1990 a eu un parcours beaucoup plus bancal, décrochant la médaille d'argent avec seulement deux victoires, trois nuls et deux défaites (dont la finale), mais une certaine science des tirs au but, qui lui a permis de passer les quarts et les demies.

L'Italie à l'Euro 68, victorieuse après un coup du sort

Dans les années 60, on était loin des compétitions internationales pléthoriques du football moderne. Le troisième Euro de l'histoire commençait directement en demi-finale, et l'Italie a réussi à remporter la compétition après trois matchs et une seule victoire sur le terrain. En demi-finale, les Italiens et l'Union soviétique se séparent sur un 0-0, mais le principe des prolongations et des tirs au but n'a pas encore été adopté. L'Italie doit donc sa qualification à la chance de son capitaine, qui a choisi le bon côté de la pièce à pile ou face. La finale, contre la Yougoslavie, se termine à nouveau sans vainqueur (1-1), mais cette fois, pas question d'attribuer le trophée au hasard. On décide donc de rejouer le match, deux jours plus tard, et l'Italie, à son deuxième essai, remporte enfin sa première victoire du tournoi (2-0), la seule nécessaire pour soulever le trophée.

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