Deschamps, la rigueur au programme
Malgré un quart de finale à l'Euro perdu face à l'Espagne, futur vainqueur, le bilan des Bleus ternis par les incivilités de certains joueurs et un état d'esprit de "looser" a eu raison de Laurent Blanc. A la différence de son ami en 2010, Deschamps va récupérer un groupe, un fond de jeu et des acquis somme toute solides. La transition devrait s'effectuer en douceur même si l'ancien entraîneur de Marseille au management et à la personnalité différentes de Laurent Blanc va très vite imposer sa façon de voir.Quelques changements devraient modifier le cadre des Bleus.
Les Bleus en étendard
Comme Laurent Blanc, l'ancien milieu international (103 sélections, 52 ou 54 comme capitaine) est profondément attaché à l'équipe de France, son maillot et ses symboles, l'hymne en tête. Nul doute que Didier Deschamps va fixer un cadre de comportement en adéquation avec ses valeurs et son attachement à un maillot qui lui a tout donné. En étant le premier capitaine d'une équipe française à soulever la Ligue des champions en 1993 avec Marseille, puis le premier capitaine français à s'emparer de la Coupe du monde 1998, avant l'apothéose de l'Euro 2000, il est devenu une icône du football français. "Didier Deschamps a été un grand capitaine: c'est important dans une équipe d'avoir un joueur qui peut analyser le match et cadrer les gars", observe pour sa part Lilian Thuram. Cadre, sans doute le mot qui définit le mieux Deschamps qui se voudra comme Blanc le garant d'un certain état d'esprit et d'un certain comportement sous le maillot tricolore. Conforté et encouragé dans ce sens par le président de la FFF Noël Le Graet, Deschamps va serrer la vis et durcir les normes de vie. Gare à celui qui sortira du cadre.
Du pragmatisme...
Joueur intelligent, il est devenu un entraîneur intelligent avec en plus une bonne dose de pragmatisme. Ces qualités de leadership et cette science tactique ont permis à "DD" de passer naturellement du terrain au banc à seulement 32 ans. La FFF a ainsi obtenu le concours d'un technicien plus expérimenté que le précédent. Entraîneur depuis 2001, il est passé par Monaco (2001-2005), la Juventus (2006-2007) et Marseille (2009-2012). Son adjoint Guy Stéphan (depuis 2009) sera à ses côtés pour former un duo complice et complémentaire. A la différence de Blanc, Deschamps restera proche du terrain, des entraînements et ne délègue pas toutes ses séances à son adjoint.
Aussi bien joueur comme entraîneur, il a beaucoup gagné. A la tête de trois clubs, il affiche un 51% de victoires et 8 titres (6 avec Marseille, 1 avec Monaco et une finale de la Ligue des champions, 1 avec la Juventus). "J'ai toujours su transmettre mon énergie, mon envie, ma gagne", analyse-t-il. "Je joue pour gagner, pas pour m'amuser; même si le plaisir est important, ce qui compte avant tout, c'est gagner". Blanc rêvait d'un jeu à l'Espagnol fait de possession produit par des techniciens. Deschamps veut avant tout gagner. Si c'est avec du beau jeu, tant mieux. Sinon tant pis. Comme à Marseille ou Monaco, il a toujours su tirer le meilleur des joueurs à sa disposition et adapter son système de jeu en fonction de ses ressources. Plus que tout, il voudra transmettre sa "haine viscérale de la défaite". Là aussi, l'état d'esprit comptera autant que les schémas tactiques.
...et de la fermeté
Meneur d'homme dès ses premiers pas en professionnel, Deschamps a souvent hérité du capitanat, à 20 ans seulement à Nantes, puis à Marseille (au départ de Papin) et bien sûr chez les Bleus. Entraîneur, il se veut aussi un meneur d'homme et n'hésite pas à recadrer les joueurs qui s'en échappent. Voir aller au conflit comme avec Hatem Ben Arfa ou André-Pierre Gignac à Marseille ou d'autres dans ses anciens clubs. Son credo est d'imposer une ligne de conduite, "sa" ligne", aux joueurs. Sa capacité à gérer les caractériels s'inscrira dans le travail de redressement de l'autorité et du respect entamé par Blanc. Le corollaire est évidemment une propension à aller au conflit avec les joueurs et aussi à les régler comme avec Mathieu Valbuena. Bref, les mots clés seront: pas de laxisme, de la fermeté.
Premier rendez-vous: le 15 août face à l'Uruguay en amical. Puis il y aura deux matches importants en Finlande (7 septembre) et face à la Biélorussie (11 septembre) avant d'aller en Espagne (16 octobre) dans le cadre des qualifications pour le mondial brésilien. Viendra des tests face à l'Italie et l'Allemagne. Un programme copieux qui donnera les premières résultats de la méthode Deschamps.
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