Déconfiture d'Oranje
En regardant les chiffres, on se dit que le bilan statistique de Van Gaal, à la tête de la sélection hollandaise depuis 2012, avait quelque chose de presque surréaliste. Piteusement éliminés de l’Euro 2012 – trois défaites contre le Portugal, l’Allemagne, et le Danemark – les Pays-Bas ont soudainement décidé de souffler le chaud après le froid. Exit Bert Van Marwijk, bonjour Louis Van Gaal, son palmarès mirifique et son tempérament qui tutoie par moment la folie. Les chiffres, eux aussi, sont manifestement devenus fous. Depuis l’arrivée de l’ancien entraîneur du Barça sur le banc de la sélection nationale, les Oranje ont raflé 11 victoires, 6 nuls pour une seule défaite (contre la Belgique, pour la première sortie de « LVG ». Plus simplement, avant le match contre la France, les Bataves n’avaient plus perdu depuis 1 an et demi.
La défense, toujours la même rengaine
La réussite du « Bondscoach » des Oranje, aussi indécente – et méritée – soit-elle, ne pouvait être éternelle. Car ce mercredi soir, au stade de France les Bataves ont enfin été rattrapés par leurs vieux démons schizophréniques, qui en font à la fois une équipe redoutable en phase offensive et totalement bouleversée en phase défensive. Sauf que, face aux Bleus, les Oranje ont préféré arborer leur deuxième costume plutôt que le premier. Sur le but de Benzema, à la 32e minute, Martins Indi voit le ballon filer dans son dos, et ne peut empêcher l’attaquant du Real Madrid de décocher une reprise du gauche somptueuse. Sur le deuxième but inscrit par Matuidi, les errances de l’arrière-garde hollandaise ont été encore plus flagrantes. Sur le côté droit, Valbuena prend Daley Blind de vitesse avant d’adresser un centre parfait pour Matuidi, auteur d’une approximative – mais néanmoins somptueuse – reprise acrobatique. Complètement esseulé, le milieu parisien a eu tout le temps nécessaire pour dessiner son ciseau, devant le regard hagard de Vlaar, Martins Indi, et de son partenaire en club Grégory Van Der Wiel.
Louis Van Gaal a-t-il payé son audace ?
Il est toujours plus facile de souligner le mauvais coaching d'un entraîneur après la débâcle, mais certaines questions méritent d'être posées. Pourquoi privilégier, contre la France et sa flopée de talents offensifs, la titularisation du jeune Martins Indi (22 ans) plutôt que celle de l'expérimenté Heitinga ? La majorité des opportunités français sont venues de la droite, où Blind et le défenseur du Feyenoord ont eu toutes les peines du monde à contenir les assauts de Valbuena et consorts. Au milieu, la titularisation du talentueux - mais néanmoins jeune - Jordy Classie (22 ans) n'a pas étonné plus que ça, lorsque l'on connaît la philosophie de jeu prônée par Louis Van Gaal. Épris d'un football en mouvement continuel, du jeu au sol et des passes courtes, "LVG" a préféré celui que l'on surnomme le "Xavi néerlandais" au "boucher" Nigel De Jong (d'ailleurs absent de la feuille de match). Pourtant, au milieu des inoxydables Matuidi et Pogba, on se dit que quelques centimètres supplémentaires n'auraient pas été de refus. Devant, les titularisations des néophytes Jean-Paul Boetius, 19 ans, et Quincy Promes, 22 ans, cristalliseront sans doute les interrogations de la presse sportive néerlandaise. Si le second a posé quelques soucis à Patrice Evra en début de match, les petits poulains de Van Gaal ont eu beaucoup du mal à tirer leur épingle du jeu, confrontés à l'expérience des latéraux français.
En aucun cas ce match-ci n'a été inutile à Louis Van Gaal. Le "Bondscoach" des Oranje a mesuré le chemin qu'il restait à parcourir à sa jeune génération, pour assurer une transition victorieuse, après les retraites pressenties de Robben, Sneijder et Van Der Vaart une fois le Mondial 2014 achevé. En revanche, pour sa défense, l'ancien entraîneur du Bayern devrait encore souffrir de quelques nuits blanches.
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