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Coupe du monde 2022 : Adrien Rabiot, à la recherche du temps perdu

Très en vue depuis le début du Mondial, Adrien Rabiot s’est rendu indispensable en équipe de France. Pas une revanche pour le milieu de 27 ans, qui souhaite surtout rattraper le temps perdu.
Article rédigé par Denis Ménétrier, franceinfo: sport - De notre envoyé spécial à Doha
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Adrien Rabiot célèbre son but inscrit lors du match de Coupe du monde entre la France et l'Australie à Doha, le 22 novembre 2022. (JEWEL SAMAD / AFP)

En équipe de France, personne ne court plus qu’Adrien Rabiot depuis le début de la Coupe du monde. Dimanche, après ses onze kilomètres et 57 sprints engloutis contre la Pologne (3-1), le milieu des Bleus n’a pourtant pas paru particulièrement entamé physiquement au moment de revenir sur sa performance en zone mixte : "Je me suis senti serein ce soir, dans la continuité de mes premiers matchs de Coupe du monde. Je me sens vraiment en jambes."

Après quatre matchs dans la compétition, dont trois débutés comme titulaire, Rabiot s’est imposé comme le patron des Bleus dans le cœur du jeu, et l’un des meilleurs milieux du Mondial. "C’est le Rabiot qu’on a longtemps attendu", se félicite à l'autre bout du fil Alain Casanova, qui l’a dirigé pendant six mois à Toulouse, lors de la saison 2012-2013. Rabiot n’avait alors que 17 ans, mais l’entraîneur se souvient "d’un talent exceptionnel avec une marge de progression énorme".

À l’époque, Rabiot est un grand espoir du Paris Saint-Germain mais va donc chercher du temps de jeu au TFC. Il éclabousse également de son talent les catégories de jeunes en équipe de France. Rabiot est vu comme le milieu du futur, celui qui régnera bientôt sur l’entrejeu des Bleus avec qui il connaît sa première sélection en novembre 2016, à 21 ans. Il aura finalement dû attendre ses 27 ans pour que ce soit le cas, pour sa première Coupe du monde et sa deuxième grande compétition internationale seulement après l'Euro 2021.

La maturité et l'expérience

Un âge avancé pour un ancien grand espoir, qui tente de rattraper le temps perdu. "On a toujours loué ses qualités. Cette opportunité qui se présente à lui pendant cette Coupe du monde arrive au bon moment", souligne Hugo Lloris. Des tribunes, Rabiot en impose depuis le début de la Coupe du monde. Son rôle chez les Bleus est précieux pour aider Theo Hernandez à couvrir le côté gauche où ne défend que très rarement Kylian Mbappé.

Athlétiquement et techniquement, le milieu est au-dessus et bon nombre d’adversaires ont souffert de la comparaison dans le duel depuis le début du Mondial. Déjà buteur plusieurs fois avec la Juventus en début de saison, Rabiot a même marqué contre l'Australie (4-1). Et dans l’envie, il n’a jamais été aussi présent avec les Bleus. "Il arrive à un âge où la maturité fait la différence, où l’esprit de compétiteur s’affirme totalement", explique Casanova, qui se refuse à parler de métamorphose.

L’ancien entraîneur toulousain souligne surtout que Rabiot a dû composer après ses débuts avec les Bleus "avec la concurrence féroce de N’Golo Kanté et Paul Pogba". "On a beaucoup souligné leurs absences. Mais on a oublié qu’il y a des joueurs qui peuvent être amenés à prendre plus de responsabilités, qui ont la maturité et l’expérience pour prendre les devants. Adrien a ce profil", explique Lloris.

Rabiot reconnaît son "image un peu floue"

Il faut dire que quand Pogba et Kanté ont tous les deux déclaré forfait, la perspective de voir Rabiot titulaire à la Coupe du monde n’a pas séduit grand monde. Le nom de Youssouf Fofana, deux sélections seulement avant le Mondial, était même évoqué pour accompagner Tchouameni dans l'entrejeu. Malgré son début de saison convaincant avec la Juventus, Rabiot reconnaît que le public français a "une image un peu floue de lui".

D’abord parce qu’il s’exprime peu dans les médias et que les interrogations sur son entourage l’ont longtemps accompagné. Mais aussi en raison de performances sans relief avec les Bleus et de deux épisodes : son entrée ratée en Bulgarie en 2017, qu’il avait justifié par le "froid" et "la peur de se blesser", et le refus d’être réserviste pour la Coupe du monde en Russie en 2018. Cette vision du grand public, "elle changera certainement si la compétition évolue bien", suppose Rabiot.

"Il faut être capable de renverser l’opinion, de s’imposer sur le terrain pour faire changer les avis. Et en ce moment, il est en train de mettre tout le monde d’accord", juge Alain Casanova. "Je ne prends pas ça comme une revanche", assure Rabiot. Simplement comme l’aboutissement tardif d’espoirs placés en lui. Qu’il confirme pleinement lors de cette Coupe du monde avec l’équipe de France.

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