Mort de Diego Maradona : les journaux français rendent hommage au "Dieu du foot"
Dieu lui-même ou génie "surnaturel" désormais entre les mains de Dieu, la presse française convoque le ciel pour commenter jeudi la mort de Diego Maradona, emporté par une crise cardiaque à l'âge de soixante ans, après une carrière qui a déchaîné les passions jusqu'à la vénération. "Dieu est mort", déplore le quotidien sportif L'Equipe en Une. Le premier journal de France a consacré pas moins de 20 de ses 44 pages du jour dans lesquelles Vincent Duluc célèbre un "joueur d'exception, personnage sans pareil, génie autodestructeur" qui "a aimé le football et la vie d'un amour fou, déraisonnable" et qui "laisse la trace d'exploits immenses d'un joueur venu de la rue et de faiblesses d'un homme attiré par les ténèbres".
"A 60 ans, Diego Maradona est entré dans l'éternité avant l'heure mais d'un pas lent, essoufflé par la vie et par toutes les nuits qu'il ne voulait jamais quitter avant l'aube", observe l'éditorialiste. Selon lui, "il y a eu peu de personnages comme Maradona et pas beaucoup de joueurs comme lui non plus". Mais "sa légende s'est nourrie de bien plus que du génie parce que ce prodige argentin arraché à l'adolescence et à une vie ordinaire par les arabesques et les fulgurances qu'il avait décidé de faire partager au monde, a toujours représenté plus que lui-même, semblant porter les rêves du peuple dans tous ses combats".
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"Maradona, c'était le foot, le jeu. Et le jeu ne pouvait pas mourir"
Dans la presse nationale et généraliste, personne n'a raté l'occasion de rendre hommage à l'homme qui avait mené l'Argentine à son deuxième et dernier titre en Coupe du Monde en 1986. Libération a donc réservé dix pages à Diego Armando Maradona. 10, comme le numéro du maillot qu'il portait. Comme on le voit à la Une avec la tenue de l'Albiceleste, avançant les bras écartés, un fanion dans la main droite. "CELESTE. Maradona (1960-2020)" titre le journal.
"A force de le voir revenir de tout, des excès en tout genre, de sa dépendance à la cocaïne, d'une suspension pour dopage, de la plus longue chasse à l'homme jamais perpétrée par tous les défenseurs du monde sur un seul homme, du canardage de journalistes à la carabine à air comprimée, des procès en paternité, des voyages en grande pompe chez Fidel Castro ou de la pose d'un anneau gastrique en mondovision, on avait fini par le croire immortel. Parfum d'éternité. Mais il n'y avait pas que cela. Maradona, c'était le foot, le jeu. Et le jeu ne pouvait pas mourir", écrit Grégory Schneider alors que Le Figaro rappelle sobrement en tête haute de son canard que "l'Argentine pleure son idole, l'enfant terrible du football mondial".
Dieu "est mort". Mais c'est seulement le "Dieu du foot-ball" pour Le Monde. "La mort d'un champion est toujours un événement triste. Celle du 'Pibe de Oro' (le gosse en or), comme l'Argentine continuait de l'appeler, réveillera de profonds antagonismes chez les amateurs de ballon rond. Peu de sportifs auront, comme lui, alimenté avec autant de zèle les deux foyers contraires du supporteurisme que sont l'adulation et la détestation. L'auteur de la 'main de Dieu', le protégé de la mafia napolitaine, l'ami de Fidel Castro et d'Hugo Chavez, le cocaïnomane incurable ne fut pas un enfant de chœur ni un modèle de vertu, loin de là. Il restera néanmoins comme l'un des plus grands joueurs de l'histoire du football. Un génie du ballon à l'inspiration insolente", écrit le journal du soir qui revient autant sur la carrière du sportif magnifique et adulé, que celui de l'homme tourmenté et fantasque.
Maradona "était au football ce qu'Elvis Presley était au rock'n'roll"
Star planétaire, Diego Maradona est désormais "parmi les étoiles", "entre les mains de Dieu", fait remarquer Le Parisien. "Le génial et sulfureux footballeur argentin est décédé, hier, d'une crise cardiaque à l'âge de 60 ans", écrit-il sobrement. Maradona restera "Pibe de oro pour toujours", écrit Mario Albano dans La Provence qui rappelle aussi à quel point la comparaison est encore impossible entre l'ancien joueur de Boca et la star moderne du football argentin, Lionel Messi : "En dépit de tout, Diego Armando Maradona est devenu un mythe de son vivant et il va le demeurer. Plus qu'un joueur de football, plus que l'incarnation d'un pays, plus qu'une marque, plus qu'un maillot ou un numéro que d'autres ont pu porter avant ou après lui. Il n'y a eu qu'un Maradona, après qui un Lionel Messi, au talent aussi immense que son palmarès, courra éternellement sans jamais le rattraper parce qu'il n'a pas gagné la Coupe du monde. Celle que Diego a quasiment remportée tout seul pour son pays".
Maradona "était au football ce qu'Elvis Presley était au rock'n'roll, ce que Michael Jackson était à la pop music ou ce que Gérard Depardieu est au cinéma", écrit Benoît Lasserre dans Sud-Ouest. "Lâché par son cœur que d'innombrables frasques n'avaient pas ménagé, Diego Maradona devait certes sa célébrité à ce ballon rond dont il faisait ce qu'il voulait grâce à un pied magique. Mais son nom était connu dans le monde entier, y compris de ceux qui n'éprouvent aucune chair de poule en entendant chanter un stade". Pour Fabien Surmonne, du Républicain lorrain, "le 'gosse en or' est un cas à part dans l'histoire du football mondial. Un talent brut, instinctif, qui aura suscité autant d'admiration que de rejet tout au long d'une carrière jalonnée d'excès et de frasques. De drogue, de petits ponts et de coups de sang. On possède tous une part d'ombre paraît-il, Diego Maradona n'aura jamais cherché, lui, à la dissimuler".
"Grand Dieu" titre en Une 20 minutes qui montre une photo de l'Argentin jonglant de la tête avec le globe. Une bonne manière, finalement, pour rappeler à quel point Diego Maradona a fait tourner la tête à tous les amoureux du football.
Avec AFP
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