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Les mille vies de Diego Maradona

Revenu de toutes les addictions, ayant frôlé la mort à plusieurs reprises, Diego Maradona est dans la vie comme sur le terrain : imprévisible. La légende argentine tente de rebondir, une nouvelle fois, en s'engageant avec un obscur club de division 2 mexicaine. Le nouvel entraîneur assure qu'il veut se racheter une conduite. Mais sera-t-il un jour vraiment guéri de ses démons ?
Article rédigé par Julien Lamotte
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 2 min
 

Comme les chats, Diego Armando Maradona doit avoir plusieurs vies. Même si le félin qui glissait entre les défenseurs a laissé la place à un gros matou replet, il continue de narguer la mort les yeux dans les yeux. Joueur, déjà, il jonglait avec les limites. Très proche de la Camorra napolitaine, il fut suspendu pour usage de stupéfiants, puis d'éphédrine lors de la Coupe du monde 1994. Le début d'une longue glissade vers les tréfonds, sporadiquement éclairée par des réminiscences d'un génie égaré. 

Sa fin de carrière, marquée entre autres par des excès de poids et une addiction jamais repue à la cocaïne, aurait pu détériorer à jamais son image mais il est resté, pour beaucoup, une icône intouchable, "El Pibe de Oro". Le gamin en or a ensuite fait le show à la télévision argentine ou bien la une des journaux à scandales. A chaque fois qu'il était au bord du précipice, comme en 2004 où un malaise cardiaque fut tout prêt de l'emporter, Maradona est parvenu à dribbler l'inévitable. 

Sur les traces de sa propre légende au Mexique

Souvent, pourtant, l'Argentin a été violemment taclé par le sort. Mais toujours il s'est relevé. Ses expériences plus que malheureuses sur les bancs d'entraîneur aux quatre coins du globe , ses conférences de presse où il s'est parfois montré d'une vulgarité repoussante, ses problèmes avec le fisc italien, de nouveaux problèmes de santé (hépatite), tout cela aurait pu, aurait dû, abattre l'idole. Mais on le retrouve encore debout, aujourd'hui, prêt pour une nouvelle aventure au Mexique.

Après être passé par la sélection argentine, Dubaï, les Emirats Arabes Unis, et même la Biélorussie (il est toujours président du Dinamo Brest), l'entraîneur aux conceptions souvent floues mais à l'aura indéniable (200 journalistes étaient présents lors de sa présentation) retrouve le pays qui a fait sa gloire, lors d'une Coupe du monde 1986 où jamais un joueur n'avait autant survolé la compétition que Maradona cet été-là. Au Mexique, il récupère une équipe de 2e division mal en point (13e sur 15 au classement) mais il est dans son élément. Peut-être un peu trop diront certains... 

Poétique et pathétique

L'Etat de Sinaloa est l'un des plus violents du Mexique et une place forte du trafic de drogue, d'où est originaire Joaquin Guzman, le parrain des narcotrafiquants plus connu sous le surnom de "El Chapo" et emprisonné actuellement aux Etats-Unis.   Le club des Dorados de Sinaloa est propriété d'une puissante famille proche du pouvoir politique, mais qui est aussi soupçonnée de liens avec les narcotrafiquants.

A 57 ans, le repenti assure qu'il est un homme neuf et qu'il n'est pas venu au Mexique "pour faire du tourisme". Dans une conférence de presse aux allures de confession, Maradona a fait du Maradona. A la fois poétique et pathétique. Mais toujours touchant.  "Aujourd'hui, je veux voir le soleil, je veux me coucher dans un lit le soir. Avant, je ne voulais pas me coucher, je ne savais même pas ce qu'était un oreiller", a-t-il confié. "J'ai connu beaucoup d'accrocs dans ma vie et aujourd'hui, je compare cette nouvelle responsabilité à celle d'un père qui tient un enfant dans ses bras."

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