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Cris racistes contre Kalidou Koulibaly : des supporters "ont ces idées dans leur vie quotidienne et les apportent au stade"

Selon le journaliste Marc Sauvourel, co-auteur d'un documentaire sur le racisme dans le football, remarque que la hausse des idées d'extrême droite se traduit dans les urnes, puis dans les stades de plusieurs pays européens. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Le défenseur de Naples et international sénégalais, Kalidou Koulibaly, a été victime d'injures racistes lors du match à Milan le 26 décembre 2018. (MATTEO BAZZI / ANSA)

Le footballeur de Naples, Kalidou Koulibaly, international sénégalais, a été  victime de cris racistes de la part de certains supporters, mercredi 26 décembre, lors d'une rencontre à Milan, contre l'Inter. 

Marc Sauvourel, journaliste à Canal+, co-auteur du documentaire Je ne suis pas un singe diffusé sur Canal+ le 6 janvier 2019 pointe sur franceinfo ce "problème récurrent" que subissent les joueurs. "Les idées d'extrême droite augmentent, explique-t-il, c'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a une augmentation des actes racistes dans les stades." Les supporters "ont ces idées dans leur vie quotidienne et les apportent au stade" a-t-il ajouté.

franceinfo : Avez-vous rencontré des joueurs victimes de racisme ?

Marc Sauvourel : Oui, on a un casting assez large. Ce sont des problèmes récurrents. Pas qu'en Italie. On a aussi des joueurs victimes de racisme en Espagne. On a Mario Balottelli, Samuel Eto'o ou encore Samuel Umtiti qui évoque les problèmes de racisme endurés, notamment en Russie lors d'un match amical de l'équipe de France. C'est un problème récurrent que tous les joueurs connaissent, quelle que soit leur nationalité.

Vous avez pu interviewer un supporter raciste, qui l'assume...

C'est un supporter du club de l'Hellas Vérone, un club de deuxième division en Italie. Quand on parle de racisme, on se focalise souvent sur les mêmes clubs. L'Hellas Vérone est un peu moins connu et pourtant, en Italie, il y a un virage à Vérone assez réputé pour ses idées d'extrême droite. Ce supporter justifie le fait qu'on puisse faire un cri de singe à l'encontre d'un joueur noir pour le déstabiliser. Il dit que ce n'est pas du racisme, mais avec la justification qu'il apporte dans notre documentaire, on comprend que derrière, il y a une vraie pensée raciste.

C'est du militantisme politique ?

C'est exactement ça. Ce que nous explique ce supporter, c'est que dans ce virage, il y a des supporters qui sont des adhérents idéologiques de groupuscules d'extrême droite ou même de partis politiques comme Forza Nueva, parti d'extrême droite, assez populaire et assez puissant en Italie. Ces hommes-là ont ces idées dans leur vie quotidienne et les apportent au stade. C'est pour ça qu'aujourd'hui, il y a une augmentation des actes racistes dans les stades, parce que tout simplement, les idées d'extrême droite augmentent en Italie, mais aussi en Espagne ou en Europe de l'Est. Ça se traduit dans les urnes et ça se reporte dans les tribunes des stades de football.

Pourquoi les organisateurs n'ont-ils pas interrompu le match hier soir ?

Dans notre documentaire, on a voulu donner la parole à tout le monde : aux supporters racistes, aux victimes du racisme mais aussi à des arbitres. On leur a demandé. Un arbitre italien explique très clairement un point du règlement : les arbitres appliquent l'article 11. Il prévoit des sanctions contre les joueurs ou les supporters dans les situations comme on la connaît là. Cet article 11 des lois du jeu donne la possibilité aux supporters du stade de se dissocier du groupe auteur d'insultes racistes. Si le reste du stade se dissocie des chants racistes, l'arbitre considère que le fait de racisme est de facto annulé. Si les arbitres considèrent qu'il n'y a pas une majorité du stade qui suit ces chants racistes, c'est malheureusement comme si la situation n'existait pas.

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