Cet article date de plus de dix ans.

Vous nous racontez votre Séville 82 : "La victoire de 1998 n'a pas guéri cette blessure"

Le 8 juillet 1982, à Séville (Espagne), en demi-finale du Mondial, la RFA battait la France aux tirs aux buts, après un match marqué par "l'agression" de Patrick Battiston par le gardien allemand Harald Schumacher. Nos lecteurs se souviennent.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Michel Platini, dépité après la défaite de l'équipe de France contre la RFA aux tirs au but, en demi-finale de la Coupe du monde, le 8 juillet 1982 à Séville (Espagne).  ( AFP )

Séville, 8 juillet 1982. Une date dont les moins de 40 ans ne peuvent pas se souvenir. Mais pour ceux qui étaient devant leur télé, ce soir de demi-finale de Coupe du monde, entre la France et la RFA, des images aussi fortes que les premiers pas de l'homme sur la Lune. Nous vous avons demandé de nous raconter ce soir si particulier. 

Ceux qui ont suivi le match sous les draps ou en écoutant au mur

Beaucoup d'entre vous étaient jeunes, très jeunes, ce soir d'été. Le plus jeune, @Gilles, n'avait pas 10 ans. A cet âge-là, pas question d'avoir le contrôle de la télécommande. En plus, pas l'ombre d'un autre footeux dans sa famille. Résultat : au lit avant le coup d'envoi, et les parents qui se branchent sur le film plutôt que sur le match. Ce n'est pas ça qui va l'arrêter. "J'entends des clameurs qui montent depuis la rue. Mon immeuble tout entier vibre. Je comprends qu`il se passe quelque chose. Je colle alors mon oreille contre le mur du voisin, ce qui me permet de suivre à peu près la deuxième mi-temps, volant des commentaires quasi-inaudibles pour le non-initié !" Devant son état d'excitation, sa mère l'a finalement autorisé à suivre la fin de la rencontre. 

Certains d'entre vous étaient dans des situations périlleuses pour suivre la rencontre. A commencer par ceux qui se trouvaient en Allemagne. Manque de chance pour notre internaute, il tombe dans une famille rigoriste et à cheval sur les horaires. "A la fin du temps réglementaire, le père éteint la télé ! Tout le monde au lit ! J'ai écouté la fin du match planqué sous les draps avec la radio, sur Europe 1. Je ne pouvais même pas hurler, seulement pleurer silencieusement !"

Mais la palme de la malchance revient à cet autre internaute anonyme (pourtant, il y a prescription). Ce 8 juillet 1982, il faisait son service militaire... "En plus, j'étais de garde ce soir-là dans une guitoune située sur le mur de la caserne. J’ai 'déserté' mon poste pour retourner dans la chambrée pour mater le match ! Je n’ai pratiquement rien vu, puisque moins de dix minutes après, je me suis fait gauler et j’ai passé le reste du match aux arrêts et les 10 jours qui ont suivi aussi !"

Ceux qui n'oublieront jamais Trésor ou Giresse

@Dadou1967 se souvient avoir longtemps refait le match sur son balcon d'une barre HLM de Ris-Orangis (Essonne) : "Cette reprise de volée de Marius Trésor, je crois bien que même sur mon lit de mort, je la reverrai." 

Gardien de but amateur, @Mickey9344 raconte comment la sortie kamikaze d'Harald Schumacher l'a influencé dans sa pratique du football : "Plus tard, j'ai joué moi-même comme gardien de but, et à chacune de mes sorties, la peur de toucher mes adversaires était présente. Ce qui m'a valu de ne jamais recevoir de cartons ni de commettre de fautes. Cette action m'a profondément affecté !"

Et si vous pensiez être le seul à ne jamais avoir revu le match jusqu'à la fin, rassurez-vous. @Fred19 encadrait une colonie de vacances en Charente-Maritime ce soir-là, et faute de télé, il a suivi le match à la radio, dans une clairière, avec les autres enfants. "Des émotions incroyables, même sans images ! A la fin de la rencontre, un enfant s’est mis à pleurer, puis 2, puis tous, y compris moi… J’ai vu les images bien plus tard, mais me suis toujours arrêté après le but de Giresse." Un autre internaute garde, chez lui, une relique intacte : "J'ai enregistré le match sur une cassette VHS de l'époque. Je ne l'ai jamais revu, faute de réussir à dépasser le blocage psychologique de revivre ces instants..."

Ceux qui inscrivent ce match dans l'histoire

@Galère inscrit ce match dans la légende du football : "Il paraît que l’on ne retient que le nom des vainqueurs. C'est faux ! On parle toujours de la feinte de Pelé devant l’Uruguay en 1970 et pourtant le ballon ne franchit pas la ligne. Que dire de la Hollande de Johan Cruyff en 1974, du Portugal en 1966. Non, on se rappelle des héros, pas des pisse-vinaigre qui récoltent des trophées en disant 'l’important, c’est le palmarès'." N'empêche, lui, ne s'en est toujours pas remis : "Il reste toujours cette blessure que 1998 n’a pas guérie." 

Et devant le match de 1982, beaucoup d'entre vous ont échangé avec leurs parents, qui ont vécu la seconde guerre mondiale, comme @vincepieters : "Nous avons mêlé cette brève histoire de sport avec la grande histoire des nations. Battiston était devenu la figure du martyr, une sorte de Jean Moulin en short."  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.