Tenir le rythme d'une Coupe du monde en quatre leçons
Tous les demi-finalistes du Mondial vont disputer sept matchs de très haut niveau en quatre semaines. Comment font-ils pour tenir le coup ?
Un marathon du ballon rond. Les footballeurs qualifiés pour la finale de la Coupe du monde au Brésil sont assurés de disputer sept matchs en une trentaine de jours de tournoi. Une performance physique pour les joueurs, qui intervient après une saison en club souvent très chargée, où les matchs de coupes succèdent à la routine du championnat.
Comment ne pas craquer à quelques heures de la fin du parcours ? Réponse en quatre leçons.
1Se vider la tête (un peu)
C'est le point de départ d'un Mondial réussi. "Il ne faut surtout pas jouer les matchs dans sa tête avant de le faire sur le terrain", explique à francetv info Alexandre Dellal, entraîneur adjoint en charge de la préparation physique à l’OGC Nice (Ligue 1), qui a également officié aux côtés de Vahid Halilhodzic lorsque celui-ci entraînait la Côte d'Ivoire entre 2008 et 2010. "Car lorsqu'un joueur est stressé ou crispé, comme cela peut être le cas en période de mercato ou après quelques défaites, il est souvent davantage sujet à des lésions musculaires", continue le spécialiste.
Et dans une même sélection, tous les joueurs n'ont pas forcément le même état d'esprit au moment d'entamer la compétition. "Tous ont été soumis à beaucoup de stress pendant la saison, et cela n'a pas toujours été positif. Les joueurs du FC Barcelone, qui ont connu beaucoup de déceptions avec leur club cette année, ne sont sans doute pas arrivés en sélection dans le même état psychologique que ceux du Real Madrid, qui ont remporté la Ligue des champions, devine Dellal. En collaboration avec le staff médical, on essaie donc de leur changer les idées. Il est impératif que les esprits soient reposés, et prêts à travailler de nouveau."
2Se reposer (beaucoup)
Jouer un match tous les 4 ou 5 jours, par 27°C et un taux d'humidité de l'air qui frôle les 80% nécessite d'aménager des plages de récupération conséquentes. "On propose aux joueurs des passages en piscine ou en jacuzzi, ainsi que des massages afin qu'ils puissent se relâcher complètement, détaille à francetv info David Barriac, préparateur physique à Evian-Thonon Gaillard (Ligue 1). Mais il faut rester à l'écoute des joueurs : tous n'ont pas besoin des mêmes équipements pour se détendre."
L'autre grand classique des séances de récupération est l'alternance entre les bains chauds et les bains froids. "Cela permet aux vaisseaux sanguins de se contracter pour chasser les déchets, puis de se dilater pour réalimenter les muscles", ajoute-t-il. Le dosage entre ces différents moyens de récupération est individualisé en fonction des profils, mais aussi de l'âge des joueurs. "Un joueur de 20 ans se remettra plus vite d'un match qu'un autre de 35 ans. Mais ce dernier connaîtra généralement mieux son corps, et identifiera mieux ses besoins pour récupérer."
3S'entraîner (sans se fatiguer)
La vie en sélection ne se résume toutefois pas au tryptique match-jaccuzi-console de jeux pour se changer les idées. "Lors des entraînements, le staff va travailler sur la tactique que le sélectionneur veut mettre en place lors du prochain match, mais aussi sur la vivacité des joueurs, continue Barriac. On peut pour cela les faire travailler sur des vélos, ce qui évite de les faire courir et les déleste des impacts au sol, qui peuvent abîmer les articulations."
D'autres exercices plus ludiques permettent de dynamiser les organismes, comme des parcours de haies et des courses dont le rythme change fréquemment. "Toute la difficulté réside dans le fait d'entretenir leur état de forme sans les faire puiser dans leurs réserves. C'est loin d'être simple !", sourit le préparateur physique d'Evian Thonon Gaillard.
Heureusement, les joueurs sont habitués à ce type de programme. "La plupart évoluent dans des très grands clubs, qui disputent le championnat, les coupes nationales, et les compétitions européennes, précise Alexandre Dellal. Si vous y ajoutez les convocations en sélection pendant l'année, ils peuvent parfois jouer tous les trois jours."
4Manger (bien) et dormir (beaucoup)
Après l'effort d'une rencontre internationale, il peut être tentant de s'accorder une récompense sous forme d'une énorme pizza. Grossière erreur. "Les deux heures qui suivent la fin d'un match sont cruciales. C'est à ce moment-là que les organises peuvent le plus efficacement se recharger en glucose", prévient David Barriac. Le préparateur physique préconise ainsi de consommer des sucres rapides, comme des barres de céréales, dans un premier temps, avant de s'orienter vers des sucres lents, comme des pâtes.
Et pas question de fêter une victoire jusqu'au bout de la nuit avant d'avoir ramené le trophée au pays. "Ceux qui n'arrivent pas à dormir convenablement durant la compétition se fatiguent vite et ne tiennent pas le coup", conclut David Barriac.
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