Coupe du monde : comment jouer quand on approche 40 ans ?
La Colombie, qui joue ce jeudi contre la Côte d'Ivoire, a amené au Mondial un gardien de 43 ans et un défenseur de 38 ans. Remisez vos blagues sur les rhumatismes, ce sera bientôt la norme.
Lors de la Coupe du monde 1930, en Uruguay, aucun joueur n'avait plus de 32 ans, relève le site The Big Lead (en anglais). Les choses ont bien changé : 84 ans plus tard, il y a 55 joueurs de 33 ans et plus au Mondial. Sur 736 joueurs au total, cela paraît peu (7%), mais leur nombre devient un peu plus significatif à chaque édition. Plongée dans les secrets du papy footballeur d'aujourd'hui.
Papy joue - toujours - au foot
Comment expliquer que la moyenne d'âge des Coupes du monde progresse petit à petit ? Aujourd'hui, c'est 27 ans pour l'ensemble de la compétition, mais le Brésil (plus de 28 ans) et l'Argentine (29 ans), deux grands favoris, figurent parmi les équipes les plus âgées (lien en anglais). Merci... les progrès de la médecine, résume Christophe Hautier, maître de conférences en Staps à l'université Claude-Bernard de Lyon. "Vous comme moi, on vieillira en bien meilleure santé, et les footballeurs n'échappent pas à la règle", explique-t-il à francetv info.
A cela s'ajoute, pour les sportifs de haut niveau, un "suivi médical poussé à l'extrême", poursuit le spécialiste. "Au Milan AC, par exemple, ils ont un préparateur assigné à chaque joueur. Et la médecine a progressé pour soigner les blessures. On récupère bien mieux d'une rupture des ligaments croisés du genou que par le passé, où les joueurs ne revenaient jamais à leur meilleur niveau, s'ils revenaient tout court." D'après Christophe Hautier, la courbe de performance d'un footballeur a la forme d'une cloche, avec un pic entre 26 et 35 ans. Ce qui a changé aujourd'hui, c'est qu'on sait mieux freiner la baisse de performance passé 35 ans.
Papy est plutôt gardien ou défenseur
Le doyen de la Coupe du monde est colombien : c'est le gardien Faryd Mondragon, 43 ans, qui a battu le record du plus vieux joueur sur le terrain mardi 24 juin contre le Japon. Les fans du FC Metz se souviennent sans doute avec émotion de son passage au club au début des années 2000. Mondragon a débuté sa carrière internationale en 1993. L'année de naissance de Paul Pogba, pour vous donner une idée. Le deuxième joueur le plus vieux du Mondial fait aussi partie des Cafeteros : c'est le défenseur Mario Yepes (38 ans), passé par le PSG.
Gardien, défenseur central… le poste est-il un des secrets de la longévité ? Pour Christophe Hautier, sans doute : "Les attaquants sont très exposés au vieillissement, qui affecte d'abord les qualités d'explosivité. Alors que pour d'autres postes, il y a une prime à l'expérience. Le joueur va faire moins d'efforts, mais va savoir être bien placé au bon moment." Demandez au Milan AC, qui a eu pendant des années une défense dont la moyenne d'âge frisait les 40 ans, emmenée par l'inoxydable Paolo Maldini. "Comme l'effectif du Milan AC n'avait pas bougé en trois ans, les joueurs se sont mieux organisés, et on a constaté qu'ils couraient de moins en moins. Ils sont passés de 12 km par match à 11,4. C'est énorme à l'échelle d'une saison."
Papy fait de la récupération
Emmener un joueur de plus de 35 ans ne fait pas l'unanimité parmi les sélectionneurs. L'ancien coach des Etats-Unis Bruce Arena ne cache pas son scepticisme, sur le site de la fédération (en anglais) : "La Coupe du monde, c'est un tournoi de jeunes, ce n'est pas la place d'un vétéran." Une idée contredite par l'ex-sélectionneur italien Marcello Lippi sur le site de la Fifa (en anglais) : "Pour faire sept matchs en un mois, pas besoin d'avoir 24 ans." Qui a raison ? "A 20 ans, on récupère en une demi-journée, en moyenne, explique Christophe Hautier. A 35 ans, c'est en deux jours, pour peu qu'on ait une bonne aérobie. Le problème avec le vieillissement du joueur, c'est la régénération musculaire. On va avoir du mal à récupérer de petits traumatismes, comme celui qu'on peut subir après un brusque changement de côté."
On résume : Zinédine Zidane aurait-il pu continuer quelques années, plutôt que de prendre sa retraite à 33 ans, au sommet de sa gloire ? "Sans aucun doute", affirme Christophe Hautier. Il entre pile dans les clous du joueur qui peut durer : son jeu n'était pas basé sur son seul physique et se bonifiait avec l'expérience. "Il n'aurait peut-être pas continué jusqu'à aujourd'hui, mais il aurait pu faire une Coupe du monde de plus." Et peut-être que celle de 2010, en Afrique du Sud, se serait terminée différemment pour les Bleus.
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