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Foot : attention, la France n'est pas devenue d'un coup une grande équipe

Gare à l'euphorie collective après la victoire contre l'Ukraine (3-0) ! 

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Didier Deschamps porté en triomphe après la qualification des Bleus contre l'Ukraine, en match de barrage pour la Coupe du monde au Brésil, le 19 novembre 2013 à Saint-Denis.  (PHILIPPE MILLEREAU / DPPI MEDIA)

"On a réagi en grande équipe. C'est dommage de se mettre dans des situations pareilles pour montrer notre talent. On va se servir de ce match référence", analyse à chaud le gardien des Bleus, Hugo Lloris, sur TF1. La belle victoire 3-0 contre l'Ukraine ne doit pas masquer les faiblesses de l'équipe de France; 90 minutes abouties ne font pas oublier deux ans de prestations moyennes. 

Didier Deschamps a six mois pour bâtir une équipe

"Je ne suis pas un héros", a lâché le défenseur Mamadou Sakho, auteur de deux buts et homme du match, incontestablement. Il ne faut pas tirer la conclusion que Didier Deschamps a enfin trouvé son 11 parfait, mardi 19 novembre. Mais certaines caractéristiques de l'équipe seront les mêmes, six mois plus tard, lors de la Coupe du monde au Brésil. Le milieu à trois Pogba-Matuidi-Cabaye a fait plus que ses preuves. La qualité des coups de pied arrêtés de Mathieu Valbuena s'est avérée déterminante. Et la juvénile charnière centrale Varane-Sakho paraît promise à un bel avenir. Méfiance, néanmoins. On avait tiré semblables conclusions après le match nul au goût de victoire contre l'Espagne, à Madrid (1-1). 

Le souci, c'est que le sélectionneur n'aura qu'un match amical pour tester d'éventuels nouveaux ou mettre son système à l'épreuve d'un cador européen, les Pays-Bas. 

Attention au retour de bâton

Ce qui manque le plus à l'équipe de France, c'est la constance. Combien de fois a-t-on cru déceler le match référence pour les Bleus, avant de déchanter ? La victoire convaincante des Bleus de Domenech contre l'Italie, en septembre 2006, pour les débuts de l'équipe post-Zidane ? Un feu de paille. La Bosnie piétinée à domicile par des Bleus réduits à 10, à l'automne 2010, le meilleur cru du mandat de Laurent Blanc ? Une rencontre fantastique des milieux de terrain M'Vila-Diarra-Diaby. Des blessures et des méformes empêcheront le sélectionneur de reconduire ce système, et les deux premiers traverseront l'Euro comme des ombres dix-huit mois plus tard. 

Les ressorts psychologiques de la belle prestation de l'équipe de France contre l'Ukraine sont faciles à analyser : les Bleus n'avaient pas à réfléchir, juste à attaquer, et l'enjeu, une qualification au Mondial, contre un adversaire prenable (une place d'écart au classement Fifa) rendait le défi proposé accessible. "Un match ne devient un match référence que si on en analyse les ingrédients de la réussite, analysait le psychologue du sport Yvon Trotel sur francetv info en octobre 2012. L'idée de match référence magique, ça n'existe pas. On a plein d'exemples de soi-disant matchs références où l'équipe a pris une valise au match suivant."

Jusqu'au tirage au sort, prévu le 6 décembre, la France peut savourer cette qualification inespérée. Ce jour-là, à Rio, elle ne sera pas tête de série, et héritera donc d'un groupe difficile, avec au moins un épouvantail à renverser. Malgré la victoire, les Bleus sont toujours des outsiders de cette Coupe du monde, et ce rôle ne leur va pas si mal. 

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