Faut-il regarder à tout prix France-Norvège ?
Dernière ligne droite avant la Coupe du monde. Le match de mardi soir est-il l'occasion de réviser les fondamentaux ou, au contraire, de profiter d'une soirée sans foot avant l'overdose de juin ? Eléments de réponse.
Quand un sélectionneur est obligé de dire avant un match qu'"on va le jouer avec sérieux et détermination", c'est le signe que la rencontre ne passionne pas les foules. France-Norvège, match amical à trois semaines du Mondial, mardi 27 mai au Stade de France, fleure bon le 0-0 soporifique. Soit une rencontre plus efficace qu'une tisane "nuit tranquille". Alors, posons-nous la question : faut-il regarder ce match ?
Non, les joueurs ne vont pas forcer
La priorité n°1 des joueurs alignés par Didier Deschamps va être d'éviter la blessure. Comme le sélectionneur a clairement indiqué qui sont les réservistes et qui compose la liste des 23, et qu'une équipe-type s'est dégagée depuis France-Ukraine, les enjeux de ce match sont très réduits. Il est d'ailleurs exclu que Franck Ribéry ou Eliaquim Mangala, légèrement blessés, participent à la rencontre.
Le précédent qui fait mal. C'était en 2002, lors d'un match amical contre la Corée du Sud, pays organisateur du Mondial. La cuisse gauche de Zidane lâche lors de la rencontre. Aussitôt, le médecin des Bleus Jean-Marcel Ferret ouvre le parapluie : "Cette blessure n'était pas prévisible. Elle aurait très bien pu survenir contre le Sénégal ou à l'entraînement. Nous ne sommes pas Madame Soleil." Et pourtant... D'après le livre La Décennie décadente du football français, l'ostéopathe de "Zizou" avait mis en garde Roger Lemerre et lui avait demandé de le ménager avant la compétition. En vain.
Oui, on peut lire le futur des Bleus dans un match amical
Oubliez le marc de café : l'avenir de l'équipe de France peut se lire dans le regard de Didier Deschamps au moment de remplacer Olivier Giroud, dans le nombre de fois que Karim Benzema regardera son portable dans les tribunes ou dans le nombre de centres que va tenter Antoine Griezmann sur son aile. Si, si.
Le précédent qu'il ne fallait pas manquer. France-Costa Rica, à Lens, en mai 2010. Sur le terrain, on retient les prémices prometteuses d'un 4-3-3 initié à la dernière minute par Raymond Domenech et on se rappelle de la première sélection de Mathieu Valbuena. C'est dans le vestiaire que la Coupe du monde dérape : Thierry Henry hors de forme, William Gallas pense que la place de capitaine va naturellement lui échoir. Mais, dans son coin, Raymond Domenech décide de confier le brassard à Patrice Evra. La suite est connue. "William Gallas a tiré la tronche pendant une semaine, au vu et au su du groupe", raconte l'ancien attaché de presse des Bleus François Manardo dans son livre Knysna, au cœur du désastre. Quant à Patrice Evra, le brassard allait rapidement lui monter à la tête, jusqu'à sa croisade anti-taupe après l'affaire du "va te faire enculer, sale fils de pute" d'Anelka en une de L'Equipe.
Non, la Norvège et le spectacle, ça fait deux
La Norvège a été élue équipe de l'année par France Football en 1999. C'était au siècle dernier, et depuis, il ne s'est pas passé grand chose, si ce n'est une victoire de prestige contre l'Espagne à l'Euro 2000. La dernière grande compétition à laquelle le onze scandinave a participé. Depuis, la Norvège est une équipe qui marque une moyenne d'un but par match (amical) depuis quelques années. Quant aux joueurs sur la pelouse, ils risquent de ne pas vous être très familier. Si vous suivez bien la Ligue 1, l'ex-Toulousain Daniel Braaten ne vous est pas inconnu. Si vous passez de longues heures sur le jeu vidéo Football Manager, les noms de Morten Gamst Pedersen et Petr Ciljan Skjelbred peuvent vous évoquer quelque chose.
Le précédent qui nous a fait bâiller. Le dernier coup d'éclat de la Norvège, c'est une victoire contre... la France. C'était au tout début du mandat de Laurent Blanc, en août 2010. Les Bleus, privés des "mutins" de Knysna, s'étaient inclinés 2-1. L'équipe tricolore expérimentale s'était créée beaucoup d'occasion sans efficacité, et avait commis des erreurs coupables en défense. Les Norvégiens n'en demandaient pas tant. Didier Deschamps espère vraiment un autre scénario.
Astuce : ne regardez pas forcément tout le match
Il serait tentant de se dire qu'on peut se borner à regarder la première période. Ce serait logique : en ce moment, les Bleus sont en pleine préparation physique pour que tout le monde arrive en forme pendant le Mondial. "J’espère qu'Eric Bédouet [le préparateur physique des Bleus] sera la personne que les joueurs vont détester le plus, ça voudra dire qu’ils auront bien travaillé", a ironisé Didier Deschamps en présentant son staff à la presse. Déjà taraudés par l'angoisse de la blessure, les joueurs sont particulièrement fatigués par une grosse charge de travail à l'entraînement. Autant dire que passé la première période, les courses vont se faire plus rares.
Les précédents qui vous feront rester jusqu'au bout. L'histoire montre que les matchs de préparation des Bleus basculent souvent dans les dernières minutes : en 2006, David Trezeguet et Thierry Henry donnent la victoire aux Bleus face à la Chine dans le temps additionnel ; en 2010, Mathieu Valbuena marque le but de la victoire contre le Costa Rica à la 83e ; en 2008, Bafé Gomis inscrit le but du break contre l'Equateur à cinq minutes de la fin. Enfin, Franck Ribéry et Adil Rami font basculer la rencontre face à l'Islande de 2012 en deux minutes (85e et 87e). Il serait donc peut-être plus judicieux de regarder le dernier quart d'heure...
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