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Coupe du monde : l'Argentine, championne de la loose depuis les années 90

L'Albiceleste affronte les Pays-Bas en demie. Un stade de la compétition que les Argentins n'avaient plus atteint depuis 24 ans.

Article rédigé par Boris Jullien
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Lionel Messi lors du quart de finale de Coupe du monde entre l'Argentine et la Belgique, le 5 juillet 2014, à Brasilia (Brésil). (FRANCOIS XAVIER MARIT / AFP)

Enfin de retour dans le dernier carré. Après sa victoire en quarts contre la Belgique (1-0), l'Argentine affronte les Pays-Bas, mercredi 9 juillet, à Sao Paulo (Brésil), en demi-finale de la Coupe du monde. Un stade de la compétition que l'Albiceleste n'avait plus atteint depuis 1990, année où elle perd en finale contre l'Allemagne de l'Ouest. 

Du coup, depuis 1986, et le second titre de l'Albiceleste, conquis par un Maradona inarrêtable, l'Argentine vit dans le souvenir du sacre mondial. Toujours parmi les favorites, l'équipe échoue tous les quatre ans dans sa tentative d'accrocher une troisième étoile à son maillot. Passage en revue de deux décennies d'échecs cuisants.

1994 : résurrection et mort définitive de l'idole Maradona

En 1994, Maradona revient en sélection nationale en quête de rédemption. Il vient de purger une suspension de 14 mois pour avoir consommé de la cocaïne. Et ces dernières années, la carrière "d'El Pibe de Oro" a été marquée par des frasques à répétition. "Le joueur est accusé de trafic de drogues, et sa réputation est entachée par des rumeurs de fils illégitime, d'évasion fiscale et de connexions avec la Camorra, la mafia napolitaine", retrace ESPN (en anglais). Et de conclure : "Dire qu'il était prêt physiquement et mentalement à diriger l'équipe nationale à ce moment-là est à peu près aussi crédible qu'un récit de Philip K. Dick." 

L'Argentine, pourtant, y croit. Le temps d'un match contre la Grèce. Il marque un but, en pleine lucarne. Mais le Mondial des Argentins aux Etats-Unis est ébranlé quand l'attaquant vedette de la sélection est contrôlé positif à l'éphédrine, un produit dopant interdit. Il est à nouveau suspendu par sa fédération. Et l'équipe nationale est éliminée le match suivant, en huitièmes de finale.

1998 - 2002 : la Fédération resserre les boulons (sans succès)

Pour ne plus que ce genre de scandale se reproduise, la Fédération de football argentine nomme Daniel Passarella à la tête de l'Albiceleste. Le sélectionneur dicte sa loi, quasi-militaire : exit les bijoux ostentatoires et les boucles d'oreille, place aux cheveux courts. Ces méthodes autoritaires créent un conflit avec Fernando Redondo, l'un des stars de l'époque. Le talentueux milieu du Real Madrid refuse de faire un sort à sa coiffure. Et il ne participe pas à la Coupe du monde 1998. Résultat : l'Argentine est éliminée en quarts par les Pays-Bas après un but entré dans la légende (à 2'43'') de Dennis Bergkamp. La faute à Passarella, blâme-t-on en Argentine.

Quatre ans plus tard, Marcelo Bielsa, le nouveau coach (tyrannique) de l'OM, est à la tête de l'Albiceleste. Il met en place un système basé sur le pressing permanent et l'intensité, analyse le trimestriel anglais Blizzard dans son 13e numéro. Mais les joueurs étaient dans un état de fatigue extrême après une longue saison en Europe et des entraînements durs, trop durs. "Bielsa voulait des robots prêts à courir partout, mais il n'a pu avoir que des humains", écrit la revue. Ultrafavorite, l'Argentine connaît le même destin que la France en 2002 : elle est éliminée dès le premier tour.

2006- 2010 : l'infranchissable obstacle allemand

En 2006 et 2010, l'Argentine tombe en quarts contre l'Allemagne, son chat noir. La première fois, alors que l'équipe est minée par des conflits internes et des joueurs qui n'acceptent même pas de boire le maté ensemble, dit-on, la sélection menée par l'artiste Riquelme bute sur la Mannschaft. Lionel Messi, 19 ans, est laissé sur le banc. En réalisant deux parades aux tirs au but, Lehmann, le portier allemand, élimine l'Albiceleste. Après la séance, les esprits s'échauffent et quelques coups sont échangés.

La revanche, quatre ans après, s'annonce sous tension. "Cette fois, j'espère qu'ils montreront qu'ils savent accepter la défaite", lance le défenseur allemand Philipp Lahm. Bastian Schweinsteiger, lui, se plaint des "gesticulations" des Argentins. Ambiance. Maradona, désormais sélectionneur, rétorque : "C’est quoi ton problème, Schweinsteiger, tu es nerveux ?" Finalement, comme le rappelle Libération, "El Pibe" lâche : "Vous voulez que je vous dise le fond de ma pensée ? Eh bien, j’aimerais enfiler le maillot et jouer ce match." Mais sur la pelouse, les Allemands font taire les Argentins. Lionel Messi, le Ballon d'or de l'époque, est incapable de peser dans un match remporté 4-0 par les Allemands.

2014 : enfin efficace ?

Cette année, en passant (enfin) les quarts de finale, les Argentins tiennent leur revanche. "On a franchi un obstacle, une barrière au-delà de laquelle on était toujours éliminé", a déclaré le gardien argentin Sergio Romero, cité par ESPN, après le quart remporté face à la Belgique. En effet, "ce n'est pas toujours les équipes qui brillent lors des premiers tours qui soulèvent le trophée à la fin, mais plutôt celles qui s'améliorent pendant la compétition", rappelle le Bleacher Report (en anglais). Pour le site sportif américain, cette Argentine-là n'est pas belle à voir jouer, mais elle est efficace.

Le sélectionneur Alejandro Sabella a construit l'équipe autour de Lionel Messi. Le tacticien s'adapte aux desiderata de sa star. Contre la Bosnie, pour le premier match de l'Albiceleste, il a changé à la mi-temps son 5-3-2 initial en 4-4-2 à la demande de Messi, raconte Eurosport. Il a aussi accepté de faire jouer ensemble quatre attaquants, surnommés les "Quatre fantastiques" : Messi donc, Agüero, Di Maria (avant qu'il se blesse) et Higuain. Et même si ces superhéros n'ont pas totalement montré leurs superpouvoirs, l'Argentine est au rendez-vous des espérances de ses supporters, pour la première fois depuis 1990.

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