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Coupe du monde : est-ce dangereux pour le cœur d'être supporter ?

La compétition est suivie avec beaucoup de passion dans le monde entier, notamment lors des séances de tirs aux buts. Palpitants trop fragiles, prenez garde.

Article rédigé par Fabien Magnenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une supportrice victime d'une crise cardiaque, le 1er juillet 2006, à Rio de Janeiro (Brésil), pendant le quart de finale du Mondial entre la France et le Brésil, alors que les Bleus viennent d'ouvrir la marque. Admise à l'hôpital, elle en est sortie saine et sauve. (CAIO LEAL / AFP)

Huitième de finale entre la Corée du Sud et l'Italie, le 18 juin 2002. L'équipe asiatique est menée 1-0 alors qu'il ne reste plus que deux minutes à jouer. Quand soudain, Seol Ki-hyeon reprend un ballon maladroitement repoussé par la défense italienne. L'égalisation est inespérée. Fou de joie, un supporter sud-coréen s'écroule (en anglais), victime d'une crise cardiaque. Il n'avait pas 30 ans.

Les compétitions mettent les nerfs des fans à rude épreuve, à tel point que des études ont établi un lien entre Coupe du monde et infarctus du myocarde. "Il suffit d'observer les spectateurs pendant un match", commente le professeur Gilles Grollier, responsable du pôle cœur au CHU de Caen (Calvados), contacté par francetv info. "Ils s'enflamment, ils picolent un peu, ils se lèvent et se mettent à crier..."

Controverse sur la hausse des infarctus après ce stress

Simple impression ? Peut-être pas. En 1998, l'Argentine affronte l'Angleterre en huitième de finale. La rencontre est tendue, et les deux équipes doivent se départager aux tirs aux buts. David Batty échoue lors de sa tentative, et plonge les Three Lions dans le désarroi. Ce mardi-là et les deux jours suivants, les admissions pour infarctus du myocarde augmentent de 25% dans les hôpitaux anglais, selon une étude parue en 2002 dans le British Medical Journal (en anglais). Aucune augmentation n'est alors constatée pour d'autres causes, comme les AVC, les automutilations ou les accidents de la route, ce qui suggère fortement l'existence d'un lien entre le match et ces hospitalisations.

Des chercheurs allemands aboutissent aux mêmes conclusions, cette fois en recueillant les données de quinze services cardiologiques de Bavière, en 2006, lors de la Coupe du monde en Allemagne. Ainsi, six des sept rencontres jouées par la Mannschaft ont été marquées par un pic d'urgences cardiaques (infarctus, arrêts cardiaques, arythmies...), avec un record lors de la victoire, en quart de finale, de l'Allemagne contre l'Argentine, après une séance de tirs aux buts, explique l'étude, publiée en 2008 dans The New England Journal of Medecine (en anglais). La fréquence des incidents cardiaques est multipliée par 2,66 lors des matchs, avec davantage d'hommes (71,5%) que lors d'une période classique (56,7%).

Pour autant, tous les chercheurs ne sont pas convaincus, comme l'explique le site de Sciences et avenir, nombreux travaux à l'appui. En 2013, une autre étude (en anglais) menée en Bavière – cette fois à partir des diagnostics approfondis et non plus des admissions – ne décèle aucune augmentation des crises cardiaques lors de la Coupe du monde 2006.

"J'ai assisté à plusieurs cas de mort subite"

Les cas semblent d'ailleurs limités aux patients qui présentaient déjà des risques, "comme une hypertension artérielle, de l'hypercholestérol ou une dépendance au tabac", précise le professeur Gilles Grollier. Il n'empêche. "C'est un phénomène connu dans les structures d'urgences, où l'on se passe le mot les soirs de matchs internationaux de première importance." La Fédération française de cardiologie mentionne d'ailleurs la Coupe du monde (pdf) parmi les sources de stress pouvant déclencher un infarctus du myocarde, à côté des guerres ou de l'activité sexuelle.

Et cela qu'importe le niveau, pourvu qu'il y ait le stress. "J'ai assisté à plusieurs cas de mort subite durant ma carrière, par exemple lors de la remontée de Caen en Ligue 1", témoigne Gilles Grollier, qui conseille de "ne pas s'exciter devant la télé et de prendre garde aux différents facteurs de risque." A l'inverse,"lors d'une victoire, on sécrète de la dopamine", ce neurotransmetteur qui procure le plaisir. Le nombre de morts d'une crise cardiaque a diminué les jours qui ont suivi la victoire des Bleus en 1998, selon une étude française publiée en 2003 dans Heart (en anglais). De quoi prier pour un bon parcours des Bleus. Sans tirs aux buts, par pitié. 

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