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Mondial 2019 : cinq choses que vous ignorez peut-être sur Gaëtane Thiney, la meneuse de jeu de l'équipe de France

Joueuse au fort caractère, ce qui lui a parfois joué des tours en sélection, Gaëtane Thiney est l'une des principales armes des Bleues dans cette Coupe du monde.

Article rédigé par Pierre Godon
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
La meneuse de jeu des Bleues Gaëtane Thiney regarde l'arbitre après une occasion manquée face au Nigeria, lors du troisième match de poule, lundi 18 juin 2019 à Rennes (Ile-et-Villaine). (FRANCK FIFE / AFP)

Avec 159 sélections et 58 buts en sélection, son CV en impose. A 33 ans, Gaëtane Thiney, la presque doyenne des Bleues (Élise Bussaglia ne la devance que d'un mois), fait partie des meubles en équipe de France depuis plus de douze ans. Si vous vous intéressez au foot féminin, vous savez peut-être qu'elle est l'une des deux Bleues à avoir conservé un emploi, en plus du ballon rond.

Mais vous ne connaissez peut-être pas ces cinq anecdotes qui en disent long sur sa personnalité, alors que les Bleues débutent la phase à élimination directe avec un 8e de finale de Coupe du monde à hauts risques contre le Brésil, dimanche 23 juin au Havre (Seine-Maritime).

Une communion avec une tenue un peu particulière

Dans la famille Thiney, papa est entraîneur de foot et ne rate que rarement les affiches de L1. Si le grand frère et la grande sœur n'ont pas succombé au charme du ballon rond, la petite "Tatane", elle, n'a pas mégoté quand son père lui a proposé de taper dans le cuir alors qu'elle était haute comme trois pommes.

La passion est rapidement devenue débordante, comme le raconte la joueuse à l'émission Stade Bleu : "Pour ma communion, en cadeau, j'avais demandé la tenue de la Juve, le maillot bleu avec l'étoile jaune [cru Zidane-Deschamps 1996]. Mon gâteau représentait un terrain de foot et, au moment du dessert, j'ai demandé : 'maman, je peux la mettre ?'" Avant le café, la fillette communiait dans le jardin autour d'un ballon plutôt qu'entourée de gens sur leur 31.

Apprentie cuistot pour snober la cantine

Gaëtane Thiney n'est pas du genre à se laisser faire. La joueuse a ainsi pris l'initiative de travailler avec une psychologue après la désillusion des Bleues au Mondial 2015, en quarts de finale face à l'Allemagne. D'autant plus que Thiney, qui évoluait alors en attaque, avait raté une incroyable balle de qualification à quelques minutes de la fin.

Savoir ce qu'elle veut et mettre les moyens pour y parvenir, c'est une seconde nature chez elle. Quand vous étiez petit, les carottes râpées et les hachis parmentier de la cantine vous restaient sur l'estomac ? Pas pour "Tatane" la têtue : "En 6e, je n'ai pas voulu manger à la cantine au collège et ma mère m'a appris à faire à manger toute seule, confie la joueuse au micro de Jacques Vendroux. Du coup, je faisais à manger à mon père, il était content."

Bannie des Bleues à cause d'un barbecue

On ne vit que deux fois, si l'on en croit le titre d'un célèbre James Bond. Loupé. En équipe de France, Gaëtane Thiney a eu trois vies. Car la meneuse de jeu à la tête dure a été bannie de la sélection à deux reprises. Le plus long exil s'est produit sous le mandat de Philippe Bergeroo, qui l'écarte du groupe à l'approche des Jeux olympiques de Rio. Officiellement, "Gaëtane est sortie du cadre", comme le résumait sa partenaire Camille Abily. La version qui fuitera dans la presse, c'est que Gaëtane Thiney avait outrepassé de dix minutes la permission de minuit accordée par le sélectionneur après s'être rendue à un barbecue en compagnie de plusieurs équipières. La brochette doit être encore amère pour Thiney, seule joueuse sanctionnée des mois plus tard pour cet écart de conduite.

Le jour de son éviction, la taulière du Paris FC poste une photo sur Instagram donnant rendez-vous à ses fans pour le Mondial 2019 dans l'Hexagone. Prémonitoire. Car il faudra attendre quelques mois après la prise de fonction de Corinne Diacre, et une deuxième traversée du désert, pour que la meneuse soit rappelée chez les Bleues. "En France, quand on n'est pas pris pour une compétition à 31 ans, normalement, c'est la fin. Moi, j'y ai cru", assène-t-elle dans So Foot.

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Je garde détermination, sourire et forme même si j'aurais préféré qu'elle soit Olympique. Merci pour votre soutien. #Déterminée #ObjectifCDM2019

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Nue pour défendre le foot féminin

La récente médiatisation du foot féminin ne doit pas faire oublier des décennies de vaches maigres. "Lors de l'Euro 2009, pour ma première compétition, il n'y avait que deux journalistes qui nous suivaient, dont un vague blog sur le foot féminin", se rappelle Gaëtane Thiney. Au point que les joueuses envisagent d'envahir les locaux de L'Equipe pour attirer l'attention sur le silence coupable dont elles font l'objet. "On s'était dégonflées. On avait abandonné l'idée parce qu'on pensait que vous vous moqueriez", confiera-t-elle quelques années plus tard au quotidien sportif.

Faute de mieux, quelques joueuses dont Gaëtane Thiney ou encore Sarah Bouhaddi posent cette année-là dans le plus simple appareil avec ce slogan coup de poing : "Faut-il en arriver là pour que vous veniez nous voir jouer ?" "Sur le coup, on nous l'a proposé, et comme je suis quelqu'un qui aime dire les choses, ça allait de soi que j'allais le faire", argumente-t-elle sur franceinfoEt des années plus tard, la joueuse n'exprime aucun regret, même si elle avoue avoir passé l'âge. "Aujourd'hui, si c'était à refaire, je laisserais les jeunes le faire. Mais je ne regrette pas de l'avoir fait. Dans le contexte qui était celui du foot féminin à l'époque, ça avait fait un buzz et ça ne m'avait pas forcément dérangée."

La jeune femme s'était de nouveau retrouvée nue face à l'objectif d'une photographe, pour un livre d'art en 2012. Catherine Cabrol en garde un vibrant souvenir : "Pas impudique, mais très à l'aise, très tranquille avec son corps. Elle en rigole : 'Ben oui, j’ai des mollets de joueuse de foot'."

La musique de "Requiem for a Dream" pour se motiver

Zinédine Zidane, son truc, c'était de mettre la chaussette gauche en premier, toujours. Pour Gaëtane Thiney, c'est la même musique dans le casque, toujours. "Lors des matchs de l'équipe de France, juste avant d'arriver au stade, j'écoute la chanson titre du film Requiem for a Dream, de Darren Aronofsky, confiait-elle au magazine Elle. Je mets le volume fort, le résultat est instantané : je suis dans ma bulle. Concentrée." Requiem for a Dream ? Drôle de choix. Si Gaëtane Thiney a décroché quelques breloques dans les catégories de jeunes (notamment l'Euro U19 en 2003), si elle a obtenu quelques distinctions individuelles (meilleure joueuse de D1 en 2011-12 et 2013-14), il manque encore l'énorme trophée qui couronnerait son immense carrière.

Le maillot de Gaëtane Thiney dans le vestiaire du Roazhon Park de Rennes (Ile-et-Villaine) avant le match France-Nigeria, le lundi 17 juin 2019. (CATHERINE IVILL - FIFA / FIFA / GETTY IMAGES)

Il sera toujours temps de réfléchir à une façon de marquer le coup. "Je me souviens d'une finale de Coupe de l'Aube où elle jouait avec les U13, raconte Rudy Londero, ancien équipier de la meneuse de jeu, sur Champagne FM. S'ils gagnaient, tous les joueurs avaient promis de se raser la tête. Mais son père avait dit non !" Gaëtane Thiney brandira finalement la coupe avec tous ses cheveux. Espérons qu'elle trouvera autre chose pour célébrer le titre mondial, si sacre il y a, le 7 juillet prochain. 

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