Vincent Créhin : "Je suis fan de Guingamp, je m'en fiche du PSG"
Talentueux et altruiste, Vincent Créhin avait toutes les compétences pour devenir un bon joueur de Ligue 1. Les statistiques ont toujours parlé pour lui (128 buts en 300 matches), malheureusement aucune équipe de l'élite ne s’est jamais manifestée. Mais ce Breton de naissance ne nourrit aucun regret : « Je m'amuse beaucoup en jouant au foot et pour moi Ligue 2 ou CFA 2, il n'y a pas de différence. »
Lorsqu’on lui demande si certaines grandes équipes se sont tout de même approchées de lui, la réponse fuse : « Personne. Aucun club de Ligue 1 n’est jamais venu me chercher. Le football aujourd'hui c'est énormément de pistons, mais en soit, je ne suis pas là pour me poser la question, je m'en fiche. Mon objectif maintenant, c’est d’en vivre le plus tard possible et de m‘amuser. Aujourd'hui, je joue au foot comme si j'étais dans la cour de récré. »
Altruiste dans un sport d'égoïste
Atypique, c’est l’adjectif idéal pour qualifier le personnage et sa relation au foot. Malgré la pression qu’engendre le monde professionnel, quand il est sur le terrain, il a l’impression d’être dans son jardin avec des amis, c’est sa façon de concevoir le sport : « Quand on crée une amitié avec un coéquipier en dehors du foot, on la retrouve sur le terrain. Au Mans, je joue plus avec des amis qu'avec des coéquipiers. »
Et c’est certainement ça qui a développé son coté altruiste. Lors d’un match, c’est d’abord les autres et après lui. Il tient même un discours assez rare dans ce sport où l’égo joue un rôle important. Vincent Créhin est tout simplement plus heureux d’être le passeur que le buteur. Altruiste, il n’aime pas se mettre en avant alors qu'il est le meilleur buteur de l’histoire de son club : « Ça me gêne à chaque fois que l'on m'en parle. Ce qui est sûr c'est que cela reste une fierté. Mais pour moi, c'est tout aussi important d'être là pour l'équipe. Je ne vois pas le foot comme un assemblage d'individualités, mais bon, je me trompe peut-être. On s'en sortira toujours collectivement. Je suis heureux même quand je suis au départ d'une action. Même si je fais une déviation qui amène à un but, je suis content. Faut être égoïste dans ce sport et moi j'ai du mal avec ça. Quand on entre dans le « moi je», je m’efface ».
Voir sur Twitter
Le monde amateur, une expérience formatrice
À l’évocation du match contre le PSG, un souvenir lui revient : celui de son premier match avec le club sarthois. Une manière de se rappeler tout le chemin parcouru avant de rencontrer l'ogre parisien : « Je suis arrivé le 12 décembre 2015, c'était Le Mans contre Avoine Chinon, il y avait mille et quelques supporteurs. Notre Kop virage sud était derrière les buts, pas en tribune, derrière les buts en train de crier des chants. Le MMA coûtait trop cher à l'époque, du coup on devait jouer dans le stade d’entraînement. »
Ses années en amateur ont été très enrichissantes pour lui. Elles ont surtout permis de créer un lien entre les joueurs, qui sont entrés dans l’histoire du club en le remontant dans le monde pro : « Ce n'était pas évident, on s'entraînait le soir à 19h et puis on était toujours attendu. C'était de la bonne galère. On s'entraînait le soir, il n'y avait pas de gros moyens, on allait à droite, à gauche pour se guérir. »
"Je suis fan de Guingamp, je m'en fiche du PSG."
Mais ce mercredi, les Manceaux rencontreront le PSG, octuple champion de France. Pour la plupart des joueurs de foot, affronter Neymar, Kylian Mbappé ou encore Mauro Icardi relève du rêve. Et pourtant n’est pas celui de Vincent Créhin. Le numéro 9 du Mans FC aurait préféré affronter Guingamp : « Je suis fan de Guingamp. Je m'en fiche du PSG. Le PSG ne va pas m'apporter un contrat pour la saison prochaine. Par contre jouer Châteauroux, Orléans, PFC, c'est plus important. Parce que si on ne reste pas en Ligue 2, la saison prochaine ça va être compliqué dans le bureau du président. Le PSG ça va être bien 90 minutes puis après chacun va rentrer chez soi. Le championnat, lui, il va durer toute la saison. »
"Qu'ils mettent l'équipe D ça nous arrange. Au moins on passera un tour supplémentaire."
Il voit tout de même certains points positifs et se réjouit pour les supporteurs qui verront certaines de leurs idoles au MMARENA : « C'est super pour la ville, pour les supporteurs, ça va être la fête et le stade va être plein. Je l'avais connu plein contre Lille en Coupe de France il y a deux ans, c'était extraordinaire. Après au niveau des joueurs, ça ne m'intéresse absolument pas de savoir qui va jouer. S'ils veulent mettre l'équipe D, qu'ils mettent l'équipe D ça nous arrange. Au moins on passera un tour supplémentaire. »
Ce qui est sûr et c’est d’ailleurs lui qui nous le confie, il est en pleine possession de ses moyens comme contre Nice au tour précédent (3-2). Buteur dès les premières secondes du match, passeur décisif et homme du match, il a montré que les équipes de Ligue 1 ne lui faisaient pas peur. En défense, il s'est arraché sur chaque ballon perdu et offensivement il s'est baladé à travers les lignes adverses. Et mercredi son ambition restera la même : faire gagner son équipe en sublimant ses coéquipiers.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.