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Rennes se cache derrière ses maux

La mauvaise série rennaise a d’autres vertus que d’enfoncer la tête des joueurs. Elle est très utile pour placer l’étiquette de favori dans le dos des Verts et la pression inhérente à ce statut.
Article rédigé par Xavier Richard
France Télévisions
Publié
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Tocards

La corde est un peu usée mais elle fait toujours son petit effet. Dans la guerre des mots et des images qui précède toujours une finale, Rennes s’est lancé dans un exercice de style largement emprunté au petit Poucet. S’appuyant sur l’inconstance de ses joueurs et la dégringolade de son équipe au classement, Frédéric Antonetti a eu des mots très durs. Une bonne manière de réveiller son groupe et de mettre la pression sur des Stéphanois, eux en pleine confiance. « On est dans une situation difficile. Deux mois sans gagner, c'est très très long, a indiqué le coach breton. On n'est pas dans les mêmes dispositions mentales que notre adversaire, qui est largement favori. Mais sur un match on a notre chance. A nous de la saisir si elle se présente. On est même les tocards de la finale. On n'est même pas outsiders, on est tocards, vu la situation. » Et d’enchaîner : « Tocards... Il n'y a qu'à lire les journaux. Il n'y a pas que moi qui le dit. Vous l'avez dit au bout de deux matches (sans victoire), moi j'ai attendu  huit matches. Donc c'est qu'il y a quelque chose de vrai. On est largués en  Championnat. Mais le grand responsable c'est moi, car je dois trouver des solutions », a-t-il ajouté. La diatribe est forte mais ne choque plus dans la bouche du technicien corse au caractère bien trempé et aux déclarations fracassantes. Sur le terrain, on ne peut que donner raison à Antonetti  puis que son équipe a chuté au 10e rang de la L1 et n'a plus gagné depuis le 10 février (2-0 contre Toulouse, ndlr), soit huit matches. Rennes reste même sur quatre défaites d'affilée, la dernière samedi à l'Evian-TG (2-4).

"tsunami vert"

Ce discours musclé, il est surtout fait pour l’extérieur. Depuis les qualifications de janvier, cette finale occupe quotidiennement les têtes des finalistes. Trois mois de gestion mentale, c’est usant. La très longue période de disette des deux clubs ne fait qu’apporter un surcroît de pression. Mais Antonetti sait très bien que c’est les attentes sont incroyablement plus fortes du côté de Geoffroy-Guichard. Ce poids de l’histoire pourrait s’avérer lourd à porter sur le dos de ces nouveaux Verts. Habilement, le coach rennais en rajoute sur la passion française pour l’ASSE. « Vous allez voir un tsunami vert (au Stade de France). Si nous on a une petite vague, eux ont un tsunami, avance-t-il. Là-dessus on ne peut pas lutter. On est 11 contre 11 sur le terrain, malgré que toute la France soit derrière les Verts, parce qu'il y a de la sympathie pour ce club, une réelle passion - j'en parle d'autant plus que j'ai travaillé dans ce club, donc je connais bien la maison (Antonetti a entraîné St-Etienne de 2001 à 2004, ndlr). » Ce qu’Antonetti n’avait pas prévu, c’est l’élimination de St-Etienne contre Lorient en quarts de finale de la Coupe de France après une série de 17 matches sans défaite. Elle pourrait peut-être rééquilibrer la balance et casser la stratégie de communication bretonne.

Pinault est venu !

Chez les dirigeants, on est très loin des joutes verbales d’un derby ou d’un clasico. Pendant que le président stéphanois Roland Romeyer et ses équipiers d’une semaine rejoignaient Paris à vélo pour l’association ASSE Cœur-Vert, les Rennais recevaient la visite de l’actionnaire principal du club François Pinault au centre d'entraînement du club, La Piverdière. Une première en Bretagne cette saison puisque le patron du groupe Kering (ex-PPR) n’avait aperçu ses joueurs qu’une seule fois, au Parc des Princes contre le PSG (victoire 2-1, ndlr). François Pinault a osé des mots rassurants pour galvaniser ses troupes. "Cette équipe va gagner au Stade de France et je suis venu le leur dire, a-t-il indiqué à la presse. Il  faut qu'elle ait confiance en elle. Elle a montré qu'elle avait un mental dans les grands moments. On va voir ce visage samedi prochain", a assuré M. Pinault. Un discours entretenu par le président Saint-Sernin qui verrait dans la victoire samedi une récompense et un aboutissement pour le travail effectué depuis une quinzaine d’années. On a connu plus enlevé comme propos. C’est dans la culture rennaise de rester très humble et discret. Suffisant pour allumer la flamme et mettre le feu à cette finale ?

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