Coupe de la Ligue : Strasbourg, comme à la maison
'"On est chez nous !", mais à 520 kilomètres de la Meinau. Drapeaux, fumigènes et gorges déployées, Strasbourg a déplacé le Racing un peu plus au Nord le temps d’une journée. S'il a péniblement dicté sa loi sur la pelouse face à Guingamp, ses supporters ont remporté haut la main le match des kops. Cela n’enlève rien aux Bretons plein de cœur et venus massivement, surtout à leur mesure (15000 fans, deux fois le nombre d’habitants de la ville tout de même !). Mais la part du nombre et une envie monstre ont porté le public du RCSA dans une soirée de rêve.
Il fallait le voir déambuler dans les rues du Vieux Centre dès l’heure du déjeuner toutes écharpes dehors dans la douce journée nordiste. A l’extérieur, les Strasbourgeois ont tout fait pour donner l’impression à leurs ouailles qu’elles évoluaient à la maison. Comme si une cigogne s’était posée dans le beffroi lillois pour y faire son nid. Trois heures avant le match, même les U9 du club ont eu le droit à leur ovation après avoir dominé leurs homologues bretons dans un concours. Un avant-goût de ce qui allait suivre et dynamiser une rencontre pourtant avare de spectacle.
"La seule fois où j’ai pleuré pour le Racing, c’est quand on s’est sauvé in extremis"
Officiellement, ils étaient 25000. Au moins 3000 de plus selon les dirigeants du RCSA. Si le record d’affluence du Stade Pierre-Mauroy a été battu (49161 spectateurs), les Strasbourgeois y sont pour beaucoup après avoir rempli plus de la moitié de l’enceinte. Et il faut ajouter à ce décompte le Rhénus local, habituelle salle de la SIG, l'équipe de basket de la ville, copieusement rempli pour soutenir les hommes de Thierry Laurey.
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Car plus qu’une finale, ce match était l’occasion pour tous, ceux dans le Nord comme ceux dans l'Est, de renouer avec le glorieux passé du club, un des rares dans l’Hexagone à avoir remporté le championnat de France et les deux coupes nationales.
"Vous n’imaginez pas ce que c’est pour nous", explique Régis, 56 ans et "supporter de toujours" autoproclamé. "Il y a sept ans, on n’était plus rien." Alors en CFA2, le Racing Club de Strasbourg n’était même plus un club professionnel. Mais la flamme ne s’est jamais éteinte. Dans les cœurs comme dans le cortège des supporters, arrivés sur le parvis du Stade dès 18h00 tels une marée bleue, tout juste fendue des quelques feux de Bengale.
Pour d’autres, ce déplacement était une révélation. Ils sont à peine majeurs, et pour eux, la grande époque du club n’existait que dans les livres d’histoire. Cette finale était le premier souvenir fort d’une victoire de leur club de cœur. "La seule fois où j’ai pleuré pour le Racing, c’est quand on s’est sauvé in extremis contre Lyon (NDLR, lors de l’avant-dernière journée de L1 la saison passée). J’aimerais bien que la deuxième, ce soit pour un trophée", souriait Thomas, 19 ans, avant la rencontre.
Son vœu a été exaucé. Non sans mal, les Strasbourgeois ont finalement fait la différence au tirs au but, juste devant leurs supporters. La clameur descendue des travées en disait long sur la délivrance autant que le soulagement de tout un public. Le chant "Nous sommes les Strasbourgeois, toujours présents pour toi, même en CFA" entonné en choeur à multiples reprises prend alors un peu plus son sens. Certes, la ministre des sports Roxana Maracineanu n’a guère dû goûter ses mots doux au moment d’énoncer les noms de famille des joueurs guingampais lors des compositions. Mais la chaleur de leurs encouragements a réchauffé tout un stade qui n’a pas eu besoin d’avoir le Paris Saint-Germain à l’affiche pour s’extasier. C’était déjà une victoire pour Strasbourg.
De notre envoyé spécial à Lille
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