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Coupe de France : Antoine Kombouaré, symbole du renouveau du FC Nantes

L'entraîneur des Canaris vise une qualification pour la finale de la Coupe de France, mercredi, après une saison galère l'an dernier où le club a frôlé la relégation. 

Article rédigé par franceinfo: sport - Maël Russeau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Antoine Kombouaré lors d'un match du FC Nantes face au Stade Rennais en début de saison, le 22 août 2021. (LOIC VENANCE / AFP)

Quand Antoine Kombouaré pose ses valises sur les bords de l'Erdre, le 11 février 2021, le FC Nantes n'est plus que l'ombre de lui-même, un club totalement à la dérive. Les Canaris viennent d'être éliminés de la Coupe de France dès leur entrée en lice face à Lens, et le vestiaire se fracture. Un pugilat a même éclaté à la pause entre les joueurs alors que Raymond Domenech était absent pour cause de Covid-19. 

Le Kanak arrive donc avec une tâche claire : maintenir et redresser le club qui file tout droit vers la Ligue 2 avec seulement 19 points pris en 24 matchs et une différence de buts de -17. La mission semble impossible. "Le groupe était au bord de l'implosion et le passage de Domenech n'a rien arrangé", met en lumière David Phelippeau, journaliste pour RMC Sport qui suit le FC Nantes depuis bientôt 17 ans. "A l’époque où il arrive, on se dit que c’est impossible de sauver le club, qui était dans un état de délabrement pas possible", juge Thierry Tissot, président de l'association Activ Nantes Supports et fan du club depuis l'enfance.

De pompier de service à entraîneur bâtisseur

Mais l'ancien défenseur, formé à Nantes, réussit sa mission sauvetage en ressoudant le groupe et en apportant de la rigueur. "C’est un groupe assez jeune qui a besoin d’un cadre assez serré. Or, avec Domenech, c’était un groupe en autogestion, il voulait les responsabiliser. Kombouaré a posé un cadre très strict", illustre David Phelippeau.

"Pour sa première séance, il neigeait et Emmanuel Macron était en visite à Nantes. Plusieurs joueurs sont donc arrivés en retard et il a poussé une soufflante phénoménale."

David Phelippeau, correspondant de RMC Sport à Nantes

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Sur les 14 matchs avec Antoine Kombouaré sur le banc, Nantes prend 21 points, contre 19 en 24 matchs avant son arrivée. "Sur la période où Kombouaré est coach, le FC Nantes est septième. Il a réveillé ce groupe, donné de la confiance", souligne le journaliste. Il a réussi à entretenir cette dynamique malgré les doutes à son égard sur sa capacité de se muer en entraîneur sur le long terme.

"Il avait une réputation de pompier de service, ce qu’il a super bien fait. Pour cette saison, on ne savait pas trop s’il pouvait changer de casquette pour devenir un bâtisseur", se souvient Thierry Tissot. Mais force est de constater cette saison qu'Antoine Kombouaré a réussi à donner un style de jeu offensif à cette équipe du FC Nantes, avec comme point d'orgue la victoire retentissante face au PSG de Messi, Neymar et Mbappé.

Kita laissé à la porte

 "Il faut féliciter les joueurs. Ils montrent un autre visage par rapport à ce qu’on a vécu l’an dernier", a expliqué Kombouaré en conférence de presse, mardi, avant la demi-finale de Coupe de France face à Monaco. "Il y a deux choses qu'il faut ressortir : la solidité défensive et la volonté de gagner des matchs, de faire des grandes choses", a-t-il ajouté. Mais ses joueurs ne sont pas que de bons défenseurs, c'est d'ailleurs leur potentiel offensif qui a impressionné face à Paris. "Le FC Nantes envoie du jeu", lâche David Phelippeau.

Ce style a aussi été bâti grâce à une forte stabilité. Sauvé presque miraculeusement en Ligue 1 lors d'un barrage difficile face à Toulouse, le groupe est reparti pour une saison dans l'élite avec très peu de changements. Contrairement aux mercatos précédents, seules quatre recrues sont arrivées (Descamps, Cyprien, Geubbels et Bukari) et ne sont pas titulaires.

"J’ai l’impression qu’il y a moins d’interventionnisme et qu’Antoine Kombouaré ne se laisse pas dicter ses choix par le président ou par ses conseils plus ou moins obscurs. On a eu des mercatos assez calmes, on ne s'est pas amusé à aller acheter n’importe qui et le sportif a son droit de regard sur les achats."

Thierry Tissot, président du Activ Nantes Supports

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Fort caractère, Kombouaré s'est imposé comme le seul maître à bord dans un club où le président Kita s'est souvent mêlé du sportif. "Il l’a mis à l’écart de manière concrète quand il lui a dit, ainsi qu'à son fils Frank [directeur sportif], de quitter le vestiaire à la mi-temps du match contre Clermont en octobre", expose David Phelippeau. Une prise de pouvoir confortée par ses résultats. "Waldemar Kita serait malvenu de lui dire quelle équipe faire et lui imposer des recrues au mercato", ajoute le journaliste.

Un public reconquis ?

Les bons résultats permettent aussi de renforcer les liens de l'équipe avec ses spectateurs les plus fidèles, très mobilisés devant le stade à chaque match l'an dernier pour exprimer leurs désaccords avec la direction. "Le public du FC Nantes a un côté schizophrène parce qu’il soutient les couleurs et est heureux pour les résultats de l’équipe mais on est également nombreux dans ce public à ne pas être contents de la direction en place et de sa philosophie, qui tranche avec les valeurs historiques du club", pointe du doigt Thierry Tissot.

Les habitants de la Cité des ducs semblent avoir retrouvé le chemin du stade ces dernières semaines alors que le club a connu des chiffres de fréquentation très bas en début de saison. Le match spectaculaire contre le PSG et les prochaines échéances semblent avoir fait leur effet. Les Nantais se sont ainsi rués sur les places pour la demi-finale face à Monaco. "Il y a un engouement autour des événements, mais je ne suis pas sûr que ce soit un engouement autour du club en tant que tel", tempère Thierry Tissot, qui attend de voir l'affluence pour le match contre Montpellier, trois jours après la demi-finale de Coupe, pour juger d'un réel intérêt autour de la saison nantaise.

Le public nantais lors de la victoire contre Paris, le 19 février 2022 au stade de la Beaujoire. (Loic Venance / AFP)

Les contestations aux abords du stade se font plus rares, mais elles s'expriment désormais à l'intérieur de l'enceinte, libérée des contraintes sanitaires. "Soutien à ceux qui œuvrent pour nous rendre le FC Nantes", peut-on lire à domicile comme à l'extérieur sur une banderole du groupe ultra Brigade Loire. Une référence au Collectif nantais, projet de reprise du club porté par l'ancien capitaine Mickaël Landreau et l'entrepreneur local Philippe Plantive. "Beaucoup de supporters ont espoir dans ce projet", glisse David Phelippeau. "Il est très nantais dans l'esprit, avec des valeurs qui vont au-delà du football", se réjouit de son côté Thierry Tissot.

En attendant, c'est le collectif nantais aligné sur la pelouse par Antoine Kambouaré mercredi face à Monaco qui donne de l'espoir aux supporters. Nul doute que sa cote d'amour grimperait encore s'il permettait aux Canaris de retrouver le Stade de France, 22 ans après la coupe remportée face à Calais.

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