Bergerac-Versailles : les conseils de Stéphane Masala, l'entraîneur des Herbiers, finaliste de la Coupe de France contre le PSG
L'entraîneur qui a guidé Les Herbiers en finale de la Coupe de France en 2018 donne les clés qui peuvent permettre à un petit poucet d'imiter son équipe.
La Coupe de France a eu son lot de belles histoires et de parcours marquants de clubs qui n'ont pas l'habitude de jouer dans la cour des grands. Adversaires en quart de finale, Bergerac et Versailles, tous deux pensionnaires de National 2 (l'équivalent de la quatrième division), ont l'occasion mercredi 9 février de laisser une trace marquante dans la compétition.
Ils ont l'occasion d'imiter Rumilly Vallières qui s'était hissé en demi-finales l'an passé et pourquoi pas de faire mieux encore, comme l'avait fait le club des Herbiers en 2018. Sous les ordres de Stéphane Masala, l'équipe vendéenne avait gagné le droit de disputer la finale au Stade de France en dépit de son statut d'équipe de troisième division. L'entraîneur, qui n'a pas quitté le banc du VHF, aujourd'hui en National 2, livre à Franceinfo: sport une partie de la recette qui a guidé son équipe il y a quatre ans et dont pourraient s'inspirer Bergerac et Versailles.
Franceinfo: sport : Vous avez déjà été dans la position de ces deux équipes et même réussi à gravir deux marches supplémentaires. Quels conseils donneriez-vous à Bergerac et Versailles pour suivre les traces des Herbiers ?
Stéphane Masala : Je n'ai pas de conseils à leur donner à proprement parler. La situation est différente pour chaque équipe. Mais, forcément, leur parcours me donne envie de me mettre à leur place. Nous, à notre époque, l'objectif avec le staff avait été de réussir à écarter la peur de perdre. Quand on est Versailles et quand on est Bergerac, forcément, on a peur de se faire éliminer par une équipe du même niveau alors qu'on est à un pas d'une demi-finale et qu'on a réussi à sortir des équipes d'un niveau supérieur jusqu'à présent. Pour moi, le travail principal doit être là. Il faut brancher l'équipe sur l'objectif de qualification et la gagne.
S'il y a des écueils à éviter aux portes du dernier carré, quels sont-ils ?
Comme je le disais, il ne faut pas avoir peur de perdre. Cela mène à sous-jouer. Mais il ne faut pas surjouer non plus. Plus les tours avancent et plus l'attention médiatique est présente. C'est aussi ce qui fait le piment de la Coupe de France, encore plus maintenant que Paris est sorti. Chaque équipe se dit qu'elle peut aller très, très loin cette année. Je dirais qu'il faut surtout garder son plan de jeu, suivre ce qu'on a prévu de faire.
Comment devient-on un petit poucet pas comme les autres à l'image des Herbiers ?
Entre les quarts et les demi-finales, on avait eu du temps et on s'était retrouvé à jouer un match contre le Red Star (en championnat, en National). On en avait profité pour emmener les gars au Stade de France. On leur avait bien expliqué que s'ils voulaient entrer, il fallait qu'ils s'achètent un billet mais que si on battait Chambly en demi-finales, c'est par la grande porte et sur le tapis rouge qu'on ferait notre entrée.
En fait, on ne parlait même plus de notre adversaire. On ne parlait que de jouer au Stade de France. C'était le seul objectif et il était positif. Vu que Chambly était une équipe du même niveau (dans la même division que Les Herbiers à l'époque), on aurait pu inconsciemment amener l'équipe à se dire : "il ne faut surtout pas qu'on perde".
Au moment du tirage au sort des quarts, les caméras de France Télévisions et de la Fédération française de foot étaient en immersion avec les joueurs Versailles. Il y a eu un élan quasi-général de déception à l'annonce du déplacement à Bergerac. Les joueurs auraient voulu jouer contre un gros de Ligue 1...
Si c'est le cas, le staff de Versailles a peut-être du travail. Je n'ai pas vu la vidéo, mais il faut absolument réussir à enlever ce sentiment. On ne peut pas aborder ce genre de match avec de la frustration et de la déception. De se dire qu'il ne faut surtout pas se faire éliminer comme ça. Il faut réussir à orienter l'approche du match différemment pour être sur une dynamique positive.
Vous avez sans doute suivi avec attention les matchs de Versailles et de Bergerac. Bergerac a d'ailleurs particulièrement impressionné par sa capacité à cadenasser les rencontres, même contre des clubs de l'élite...
J'ai suivi Bergerac évidemment. En plus, ils sont leaders de notre groupe [en National 2]. On les a affrontés lors du dernier match de la phase aller. On perd 1-0 et franchement ça été très difficile de se créer des occasions contre eux. Ils ont cette capacité à résister et repousser qui est admirable. Ils ne se créent pas non plus beaucoup d'occasions. Je me souviens avoir dit aux joueurs de Bergerac que ça pouvait aller très vite ce jour-là et ils ne sont plus qu'à une marche d'une demi-finale. J'avais bien senti qu'ils ne s'imaginaient pas en être là où ils sont aujourd'hui.
La preuve, ils sont passés plusieurs fois sur des 0-0 après les séances de tirs au but. J'ai vu Versailles aussi et c'est différent. Ils pratiquent un football avec plus de punch, un football plus ouvert et offensif. Je les ai trouvés intéressants. Je suis vraiment curieux du rapport de force parce que ce sont deux styles très différents.
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