Affaire Daniel Alves : ce qu'il faut retenir des trois jours de procès de l'ancien footballeur, jugé pour "agression sexuelle"

Le procès de l'ancien joueur du PSG et du Barça s'est clos mercredi. Il est accusé d'agression sexuelle par une jeune femme, pour des faits remontant à décembre 2022. Neuf ans de prison ont été requis contre le Brésilien, incarcéré depuis janvier 2023. La date du verdict n'est pas encore connue.
Article rédigé par Elio Bono, franceinfo: sport avec AFP
France Télévisions - Rédaction Sport
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Daniel Alves lors de l'ouverture de son procès, le 5 février 2024 à Barcelone. (JORDI BORRAS / AFP)

Le procès de Daniel Alves, footballeur international brésilien passé par le PSG et le FC Barcelone, s'est clos mercredi 7 février après trois jours d'audience à Barcelone. Il est accusé d'agression sexuelle, une catégorie pénale comprenant le viol en Espagne, pour des faits remontant à la nuit du 30 au 31 décembre 2022. Placé en détention provisoire, il encourt jusqu'à douze ans de prison. Alors que le verdict est attendu prochainement, franceinfo: sport vous récapitule les trois jours de procès.

Quels sont les faits ?

Le 2 janvier 2023, une jeune femme (dont l'identité est protégée) dépose une plainte pour agression sexuelle contre Daniel Alves, pour des faits remontant à la nuit du 30 et 31 décembre 2022 dans une discothèque barcelonaise. Une enquête est alors ouverte par le tribunal supérieur de Catalogne, conduisant à la mise en garde à vue du Brésilien – qui dément les faits – le 20 janvier 2023.

Sur ordre de la magistrate, il est placé en détention provisoire pour agression sexuelle. Ses deux demandes de recours ayant été rejetées, il est incarcéré jusqu'à l'ouverture de son procès, le 5 février 2024. Entre-temps, le parquet a requis le 23 novembre 2023 neuf ans de prison assortis de dix ans de liberté surveillée et une compensation de 150 000 euros à la victime. Son avocate plaide la relaxe, alors que celle de la partie adverse demande douze ans de prison.

Lundi 5 février : la victime et ses proches témoignent

Pour l'ouverture du procès, la plaignante a été entendue pendant plus d'une heure par le tribunal, lors d'une audience à huis clos. Sa voix a été modifiée et son visage pixelisé sur l'enregistrement, pour éviter toute fuite. D'après le parquet, Alves aurait eu "une attitude violente" envers la jeune femme. Avec son ami Bruno, présent le soir des faits, il aurait offert du champagne à la plaignante, sa cousine et une amie en ayant un comportement "très tactile".

Il aurait ensuite demandé à la plaignante de l'accompagner dans une pièce comportant des toilettes (ce que la plaignante ignorait). Il l'aurait alors giflée, aurait tenté de lui imposer une fellation et l'aurait pénétrée sans contraception.

"La victime lui a demandé à plusieurs reprises [...] de la laisser partir, disant qu'elle voulait s'en aller, mais l'accusé l'en a empêché", lit-on dans l'acte d'accusation. Celle-ci en aurait immédiatement parlé à ses proches. Une amie de la plaignante, présente le soir des faits, a indiqué lundi qu'Alves avait fait "beaucoup de mal" à la victime, qui "pleurait désespérément""Elle ne dort pas, a commencé à prendre des antidépresseurs [...] sort à peine de chez elle", a confirmé sa cousine, en pleurs, devant le tribunal. 

Mardi 6 février : les proches d'Alves à la barre

Le lendemain, les proches du footballeur brésilien ont été entendus, dont son ami Bruno. La défense a axé sa stratégie sur la forte alcoolémie d'Alves. Cet élément, considéré comme une circonstance aggravante en France, constitue, dans le code pénal espagnol (article 20), une circonstance atténuante. D'après Bruno, Alves aurait commencé à boire dans l'après-midi dans un restaurant et serait resté ivre jusqu'à son retour à son domicile, à 4 heures du matin.

"Lorsqu'il est entré dans la chambre, il s'est cogné sur plusieurs meubles et s'est effondré sur le lit", a témoigné sa femme Joana Sanz. Le hic, c'est que cette version diffère de celle présentée initialement par Bruno lors de l'enquête : il assurait alors qu'Alves avait "peu bu". Lui aussi Brésilien, il a expliqué ces tâtonnements par "un problème de langue".

Concernant les faits, l'ami Bruno a décrit la relation entre l'accusé et la plaignante comme "une affinité respectueuse". Alves n'aurait pas informé son ami ni, en rentrant, sa femme, des événements. Son comportement n'aurait pas évolué. "Il est revenu danser avec nous, dans la même ambiance qu'avant", assure simplement Bruno. Présents à la barre le même jour, le directeur de la boîte de nuit et des policiers ont, de leur côté, évoqué la "terreur" et "l'angoisse" de la plaignante.

Mercredi 7 février : la défense hasardeuse d'Alves

Cette troisième et dernière journée était la plus attendue puisque Dani Alves se présentait à la barre. Il aurait pu ne pas donner de détails quant aux faits qui se sont produits dans les toilettes de la discothèque, mais il a décidé de s'exprimer, uniquement pour répondre aux questions de son avocate et pas à celle de la plaignante. "Je ne suis pas un homme violent", a répété le Brésilien, qui a maintenu que la relation sexuelle était consentie.

Il a notamment livré un récit de la journée du 30 décembre. "On est sortis avec mes amis vers 14 heures, au début seulement pour déjeuner. On a commandé cinq bouteilles de vin et du whisky japonais. J'ai bu plus ou moins deux bouteilles de vin et du whisky, puis du gin tonic dans un bar", a-t-il présenté, insistant sur son ébriété avant de fondre en larmes. Concernant la victime, "on dansait proches et elle a commencé à me frôler", s'est-il défendu.

Pas de quoi polir son image auprès de la procureure qui, lors des conclusions, s'est frontalement opposée au Brésilien, jugeant le récit de la plaignante "absolument crédible" et faisant remarquer qu'il n'avait pas changé depuis le début de la procédure, contrairement à celui de l'accusé. Mercredi, des vidéos de la soirée en boîte de nuit ont été montrées à la même procureure – il n'y avait en revanche pas de caméra dans les toilettes – qui a déclaré avoir seulement vu "une jeune femme normale danser". "Il est extrêmement injuste de lui reprocher cette situation. Ce n'est pas parce qu'une femme accepte de boire un verre qu'elle a un intérêt sexuel", a-t-elle ajouté.

La procureure a reconnu le stress post-traumatique de la victime et rappelé les conclusions d'un médecin quant à sa blessure au genou, nécessitant "un impact suffisamment fort" pour apparaître. "Sur les images, on peut observer un comportement normal en ce qui concerne l'alcool [pour quelqu'un qui se dit en état d'ébriété]. On le voit marcher normalement vers le salon VIP. Il contrôlait parfaitement ce qu'il faisait", a-t-elle conclu, se demandant par ailleurs pourquoi Dani Alves n'a pas "dit au revoir" à la plaignante et pourquoi cette dernière est partie en pleurant. "Cette affaire et ces faits ne méritent pas une peine minimale", a appuyé la procureure, déclinant la demande de liberté provisoire du camp Alves car "le risque de fuite" vers un autre pays est "bien plus important maintenant que l'éventuelle condamnation est si proche".

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